Quand Spike Lee kidnappe Kurosawa
Fiche
Titre | Highest 2 Lowest | Titre VO | – |
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Réalisateur | Spike Lee | Scénariste | Alan Fox |
Acteurs | Denzel Washington, Jeffrey Wright, Ilfenesh Hadera, ASAP Rocky, John Douglas Thompson, Dean Winters, LaChanze, Aubrey Joseph | ||
Date de sortie | 05 / 09 / 2025 (Apple TV+) | Durée | 2h 13 |
Genre | Drame, Mystère, Policier, Thriller | Budget | – |
Soumis à une demande de rançon et confronté à un terrible dilemme moral, un puissant magnat de l’industrie musicale (Denzel Washington) doit se battre pour sa famille et son héritage.
Critique
Tiens, un nouveau Spike Lee avec Denzel Washington. Quand on sait que les deux ont fait des collabs sur des films marquants comme Mo’ Better Blues (1990), Malcolm X (1992), He Got Game (1998) ou encore Inside Man : L’Homme de l’intérieur (2006), il y a de quoi être intrigué, même si, ces derniers temps, les deux semblent un peu fatigués.
Pour situer Highest 2 Lowest, il s’agit d’une nouvelle adaptation du roman policier Rançon sur un thème mineur (King’s Ransom en VO) d’Ed McBain, publié en 1959. « Nouvelle », car Akira Kurosawa l’avait déjà porté à l’écran avec le très estimé Entre le ciel et l’enfer (1963). Je n’ai ni lu le roman, ni vu le film de Kurosawa, donc c’est l’esprit vierge que j’ai lancé le visionnage de ce long-métrage produit par A24 et diffusé sur Apple TV+.
Une proposition solide, malgré un Denzel en pilotage automatique
Et franchement, j’ai bien aimé la proposition. Les rebondissements m’ont agréablement surpris, la réalisation se permet des envolées et les acteurs sont solides, même si Denzel Washington donne parfois l’impression de recycler une partition qu’il connaît par cœur. Pas étonnant, finalement, quand on se souvient de sa confession en interview pour GQ :
« Je ne regarde pas de films, mec. Vraiment plus du tout ! Je suis honnête ! Je ne regarde pas de films ! Je ne vais pas au cinéma. Je ne regarde pas de films… Je suis fatigué des films. Ouais. »
Denzel Washington
Il reconnaît d’ailleurs ensuite qu’il a sans doute trop tourné. Cela dit, son charisme reste intact et suffit à captiver mon attention pendant les deux heures et quart du film. Une durée un peu excessive à mon goût, car le rythme en pâtit : ça s’accélère par moments, mais ça ralentit aussi lourdement à d’autres.
Highest 2 Lowest se déroule dans le milieu de la musique à New York. On connaît l’amour que porte Spike Lee à la Grosse Pomme : il en profite pour enchaîner les plans sur la ville. Son autre passion étant le sport, on a droit au basket et au baseball. Ça peut sembler exagérément appuyé, mais cela donne malgré tout un charme au film.
Une intrigue captivante… jusqu’au nawak
Côté intrigue, j’ai été happé. Le sujet, les rebondissements et les thématiques abordées m’ont accroché… jusqu’à ce que ça bascule dans le grand n’importe quoi lors de l’échange improbable entre le pognon et le kidnappé. Encore plus improbable quand on découvre l’identité du coupable : difficile de croire qu’un plan aussi finement ficelé puisse venir d’un tel personnage. Autre agacement : les flics. Une vraie bande d’incapables. Ils ont sous le nez des pistes énormes, mais sont infoutus de les suivre. Mention spéciale à l’inspecteur Higgins (Dean Winters), cliché ambulant.
En l’état, le film de Spike Lee aurait pu être excellent si sa troisième partie n’était pas aussi convenue et « hollywoodienne ». Pour finir sur une note positive, je salue la qualité des sous-titres d’Apple TV+ (qui fait toujours de vrais efforts sur ce point) : les chansons sont traduites, et vu leur importance dans l’intrigue, c’était indispensable. Et petite anecdote sympa : Jeffrey Wright incarne le père d’Elijah Wright à l’écran… comme dans la vraie vie. Bref, une journée père-fils au boulot.
Par Christophe Menat espérant que Denzel va retrouver goût aux films.
Conclusion
Au final, Highest 2 Lowest n’est pas un grand Spike Lee, mais ça reste un Spike Lee, et Denzel assure le minimum syndical, mais son aura suffit encore. Dommage que la dernière ligne droite vire au cliché hollywoodien. En l’état, c’est un polar sympa, imparfait, mais qui m’a accroché assez pour ne pas regretter les deux heures et quart. |
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6/10 |