Critique : Game of Thrones S8E3 – The Long Night

Le jour où la série est morte

Fiche

Titre Game of Thrones Titre VO
Créateurs David Benioff, D. B. Weiss
Acteurs Peter Dinklage, Nikolaj Coster-Waldau, Emilia Clarke, Kit Harington, Liam Cunningham, Sophie Turner, Nathalie Emmanuel, Rory McCann, Maisie Williams, Gwendoline Christie
Saison 8 Épisode 3
Date de sortie 28 / 04 / 2019 Durée 1h 22
Genre Action, Aventure, Drame, Fantastique Chaîne HBO

Critique

Attention, cette critique contient des spoilers…

Je vais faire une petite pause avec Avengers: Endgame pour m’attaquer à l’autre évènement de la pop culture. Je préviens d’avance que ça va être du sale. Comme la couche de mon fils en pleine diarrhée.

Prévention

Tout d’abord, avant de commencer, je précise que j’adore la série Game of Thrones et je la suis presque religieusement depuis le premier épisode. Je le dis parce que je sens que ça va être nécessaire 😛

Il est difficile de faire une critique à propos d’un seul épisode, car il est ardu de juger un morceau d’une saison. Encore plus ici car nous en sommes à moins de la moitié. Néanmoins, il faut vraiment que j’expulse ma colère. Quoi, encore une blague scato ? Décidément, mon petit Marvelll, tu es bien vulgaire.

Pour commencer, j’ai DÉTESTÉ cet épisode ! Comme ça, on est clair et il n’y aura pas d’embrouilles. Je tiens à préciser, avant que certains fervents défenseurs ne foncent sur moi tels les Dothrakis (je vous rappelle la finalité de cette charge ?), que ce que je vais exposer par la suite ne représente que MON avis et MON expérience avec cet épisode. Je n’ai aucunement l’intention d’en faire une vérité (qui suis-je pour le faire ?). J’ai juste besoin de me défouler.

Catharsis est le mot-clé ici.

Tout ça pour ça

Depuis la première saison, j’attendais avec impatience, le jour où nos héros (et vilains, car tout le monde est dans le même panier) seraient confrontés à la menace du Night King. Ce jour-là est arrivé avec le troisième épisode de l’ultime saison. Un épisode qui porte le nom ultra classe de The Long Night.

On nous avait teasé cette bataille comme étant légendaire. On nous avait rabâchés avec les moyens (épiques) employés pour la mettre en œuvre. Bref, on nous promettait le tueur de Battle of the Bastards. Je m’imaginais même la voir enterrer la bataille du Gouffre de Helm de la saga Le Seigneur des Anneaux. Ma bataille préférée de tous les temps.

Au final, tout ça pour ça.

Quand HBO merde

Côté technique, je vais faire rapide. Beaucoup se sont plaints d’une image très sombre. Coup de bol, ma télé arrive très bien à gérer la luminosité (heureusement, vu le pognon que j’ai investi dessus) et en se mettant dans le noir (c’est obligé pour l’expérience GoT), c’est passé crème chez moi. J’ai juste pesté sur les problèmes de compression d’image. On n’est pas chez Netflix et ça se voit. Que le Dolby Vision m’a manqué…

Mème de la série Game of Thrones contre Le Seigneur des Anneaux concernant la lumière
Comme un problème de lumière.

Démarrage épique

Revenons à ce qui nous intéresse, l’histoire.

Tout commençait de la meilleure des manières avec un gros plan sur les mains de Sam qui tremblent. C’était un peu mon état en commençant cet épisode, mais plus d’excitation que de peur. S’en suit un superbe plan séquence puis on arrive au cœur des enjeux avec les armées prêtes au combat. Mélisandre se ramène et fait sa badass en éclairant… la scène. Merci Mélisandre !

Puis premier faux pas, les Dothrakis foncent sur l’armée du Night King… Niveau stratégie, c’est du gros n’importe quoi. Pourquoi avoir mis les chevaliers au premier plan quand il s’agit de défendre une position ? Une tenaille aurait été bien plus pertinente. Bon, je pardonne rapidement, car ça donne un plan visuellement incroyable (toutes ces flammes qui s’éteignent dans la nuit noire), une superbe émotion de désespoir et je sais que c’est très chiant de tourner avec des chevaux. Les Coen avaient bien dit à Audiard que le plus dur en tournant un western, ce sont les chevaux.

Ce qui suit représente pour moi le meilleur passage de cet épisode. J’étais comme un fou. L’armée des morts qui fonce sur les vivants au point de les submerger. Wow ! Le désespoir monte d’un cran. Le visage paniqué de (Sir) Brienne fait nouer mes tripes. La fin est là. C’est sûr. Ça va être un carnage.

Encore plus forts qu’Aragaron, Gimli et Legolas

C’est là que tout a merdé…

À partir de ce moment-là, la série semble perdre toute notion de réalisme. Pourtant son point fort. Les combattants du côté des vivants semblent des surhumains comme s’ils étaient les successeurs d’Aragorn, Gimli et Legolas. Ils combattent des milliers de morts, mais arrivent toujours à s’en sortir. La réalisation empile les clichés avec un trop grand nombre de « gros plan sur un personnage sur le point d’y passer puis sauvé à la dernière minute par un compagnon ». On joue clairement sur la réputation génocidaire de la série en faisant exactement l’inverse.

Toute peur m’avait alors quitté. Tout suspense aussi. Inconsciemment ou non, je pressentais que personne d’important n’allait mourir. La grosse connerie qu’ils ont faite, c’est de ne pas avoir tué un personnage majeur lors de la première charge des morts. Sam, Brienne, Tormund ou Jaime aurait dû y passer à ce moment-là. Je ne m’y étais pas trompé comme me le prouvera la suite.

Mème de la série Game of Thrones avec Bran Stark parti voir Avengers: Endgame
Pendant ce temps-là, Bran…

Début de la catastrophe

Le comble survient lorsque que Daenerys est sauvé par Jorah Mormont. Déjà, il sort d’où, Jorah ??? Comme si ça ne suffisait pas. Ils sont encerclés par une armée de morts. Jorah et Daenerys (qui ne sait pas se battre au passage) arrivent pourtant à survivre pendant de longues minutes. Euh… Juste avant, on nous avait montré un dragon sur le point de trépasser car enseveli sous une marée de morts en à peine quelques secondes et vous voulez me faire avaler que ces deux-là peuvent survivre aussi longtemps ?

Cette scène est l’ultime symbole de l’incohérence et du ridicule de cette bataille. Tout est misé sur la réalisation et la technique (encore que HBO a bien fait foirer l’expérience), tout le reste est oublié. Tout est sacrifié sur l’autel du cool (et encore, on n’a même pas Ghost au combat).

Heureusement, cela donne naissance à des plans visuellement splendides. Comment oublier ce plan dans le ciel avec les dragons, la masse de morts style World War Z, cette fabuleuse scène au ralenti où seuls résonnent la musique et le désespoir (mais où personne ne meurt, sic) ou encore le Night King en mode vision cauchemardesque de Terminator 2 (même si le sourire est de trop à mon goût – ça affaiblit le personnage en l’humanisant) ?

La crypte où il y a… spoiler… des morts

Autre truc qui m’a profondément agacé, la scène de la crypte. Vous voulez me faire avaler que des morts depuis plusieurs dizaines d’années arrivent à défoncer des tombes en PIERRE.

Pire, personne n’a pensé au fait que dans une crypte, ben, il y a des morts ? Mais bordel, pendant des saisons, vous étiez là à nous dire de faire attention aux morts et qu’est-ce que vous faites ? Vous rassemblez vos familles dans une… CRYPTE ! C’était tellement ridicule. Perso, je pensais sincèrement qu’ils avaient pensé à enlever les morts avant de s’en servir comme refuge. En plus, ce passage ne sert à rien car seuls des figurants y meurent.

Seul point positif, cela donne une jolie séquence intime entre Sansa et Tyrion.

Et je ne t’oublie pas, gamine. T’as bien merdé !

Mème de la série Game of Thrones avec la défenseuse de la crypte
Hey, je vous présente la fameuse défenseuse de la crypte.

La surprise (vraiment ?) du chef

Je vais passer à la star de cet épisode : Arya. Star car, et je trouve que c’est une énorme connerie, cet épisode passe beaucoup trop de temps du côté d’Arya. Si on voulait nous prévenir que c’était elle, le MVP, on n’aurait pas pu faire mieux. J’ai bien dans l’idée qu’ils voulaient faire genre « Non, le twist final ne sort pas de nulle part. Regardez l’épisode à nouveau, on avait bien lâché des indices. » comme si on était dans le Sixième Sens de Shyamalan.

Sauf que c’est traité avec autant de délicatesse qu’un éléphant tentant de servir du thé (ne me demandez pas d’où je sors cette image, je n’en ai aucune idée). Ça commence avec Arya qui veut sa super arme dans les épisodes précédents. Dans The Long Night, on débute avec Mélisandre en train de mater, pendant un temps assez gênant, Arya. Ça continue avec un passage super-héroïque où Arya affronte seule des dizaines de morts puis ça se poursuit avec une séquence survival-horror un peu chelou. Louche dans le sens où la jeune fille tue plein de morts tranquille puis n’arrive pas à en tuer quelques-uns pour s’échapper.

Je vais être objectif et me dire que c’est pour éviter d’en attirer plein, donc de se retrouver coincée. Mais vu que cet épisode est totalement orienté vers le cool, se taper une séquence aussi lente sort un peu de nulle part et plombe le rythme. S’ils le font, c’est qu’il y a une raison. On arrive enfin au borgne qui se sacrifie en mode « fusion de Jésus-Christ avec Hodor » pour accomplir sa mission. Mélisandre enfonce le clou en chuchotant des répliques cultes à l’oreille d’Arya. Là, clairement, il n’y a plus de doutes à mes yeux. C’est Arya qui va sauver tout le monde.

Mème de la série Game of Thrones avec Bran Stark en mode The Office
Pendant ce temps-là, Bran…

Quand le ridicule tue

Toutefois, je ne m’attendais certainement pas à ce que ce soit aussi abrupt et encore moins aussi ridicule. Vraiment le twist à la con. J’étais comme un dingue après le meurtre du Night King. Mais pas dans le bon sens.

BORDEL DE MERDE ! Il meurt comme ça, le Night King ?! Le grand méchant de la série. Même si tout le monde sait qu’en fait, c’est l’alcoolique fan de Dumbo, la grande méchante. Ben ouais, Lena Headey, c’est une star ou pas ?

Depuis que la série a arrêté de suivre les bouquins, on est en plein syndrome The Walking Dead où les stars parasitent la série. Quand tu dois suivre le bouquin, t’as pas le choix même si le mec a joué Boromir dans une des sagas les plus cultes de tous les temps. Mais une fois débarrassés d’eux, pas facile, dans un esprit créatif, de jongler entre les stars, leurs agents, les producteurs, le service marketing et la chaîne. Ca doit être un cauchemar politique sans nom pour tuer un Jon Snow ou une Daenerys.

C’est également via cet ultime mouvement d’Arya que la série a tué pour moi un de ses gros points forts. Son héritage fantastique. Ok, il reste encore un dragon. Mais plus de menace des morts. Une Mélisandre en mode Luke dans Les Derniers Jedi. Un Night King mort comme un vulgaire sbire de Thanos (Ebony Maw, c’est pour toi !).

La magie d’Hollywood

Surtout, et c’est probablement mon plus gros traumatisme sur la série avec The Red Wedding et ces yeux crevés, une menace qu’on nous teasait depuis la première saison a été réglé en un SEUL épisode (ausi long soit-il). C’était bien la peine de nous casser les couilles avec « Winter is coming ». Un coup de dague/chauffage et le problème de l’hiver est réglé.

Cerise sur le gâteau. Sur ce même épisode, ils nous font deux fois le même coup. C’était la panne d’inspiration ou quoi ? Lyanna Mormont / Arya Stark est agrippée par le géant / Night King. Seulement, ce dernier ne fait pas attention à sa défense et meurt d’un coup de dague à la con. Si c’était méga classe avec Lyanna, je ne suis pas du même avis avec Arya. Lyanna > Arya. Faut pas déconner, non plus.

Aussi, le Night King passe pour un gros gogolito. Dans toutes les saisons, le mec se contentait de mener son armée de loin. Une technique de défense admirable. Voilà qu’au moment où il touche alors au but, alors que son armée est sur le point de gagner, malgré son immense expérience, il s’expose et se fait avoir comme un bleu (Snoke, c’est pour toi !).

Mème de la série Game of Thrones avec Night King et Dark Maul
Dark Maul et le Night King, même combat.

Je me fais avocat du Night King

Pour sa défense, le coup d’Arya est quand même incroyable, pour ne pas dire inconcevable. Elle arrive à se faufiler entre les morts, à se taper un sprint de ouf à faire pâlir Usain Bolt (elle va tellement vite qu’elle fait bouger les cheveux d’un mort) et un saut digne de Michael Jordan en train de nous faire sa spéciale pour dunker depuis la ligne des lancers-francs. C’était tellement surréaliste que c’est impossible que cela puisse arriver.

Photo de la huitième saison de la série Game of Thrones avec Arya Stark
Mais comment elle a réussi à passer ça ?

Mais grâce à la magie d’Hollywood, elle l’a fait.

Photo du tournage de la huitième saison de la série Game of Thrones avec Arya Stark et le Night King
Ah ok, tout s’explique.

Bref, Battle of the Bastards reste au-dessus du game de la série et par-dessus tout, on a…

Mème de la série Game of Thrones contre Le Seigneur des Anneaux concernant la bataille
« T’es mignonne, toi, t’as cru me dépasser ? »

Par Christophe Menat qui a vécu un sacré grand huit émotionnel en passant d’Avengers: Endgame à The Long Night, le2 mai 2019.

Conclusion

J’attendais de cet épisode une bataille épique pour la survie de Westeros. Résultat, tout a été sacrifié sur l’autel du cool. Certes, cela donne des plans visuellement incroyables. Mais cela méritait-il de ruiner tout le reste, notamment le réalisme de la série ? NON ! Le 28 avril 2019 est le jour où ils ont tué Game of Thrones. N’empêche que je vais regarder les trois épisodes restants. On ne sait jamais. Je compte sur toi, Cersei !
4/10
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