Critique : Fast & Furious X

Entre nous, j’avais lâché la franchise Fast & Furious depuis le 7. Il faut dire qu’à force d’aller toujours plus loin dans l’exubérance au détriment d’une intrigue accrocheuse, je n’y voyais plus grand intérêt. Néanmoins, quand j’ai appris que la saga allait prendre fin, je me suis motivé un bon coup pour rattraper mon retard en alignant Fast & Furious 8, Fast and Furious : Hobbs and Shaw et Fast & Furious 9. Bon, le 9, c’était mauvais, même si le coup de Roman Pearce en train de s’interroger sur son invincibilité m’a amusé.

Bref, il est temps de s’attaquer à la fin avec un X du plus bel effet.

Les Avengers ont-ils de la concurrence ?

La fin ? Pas vraiment vu que Vin Diesel a évoqué la possibilité que le final serait une trilogie plutôt qu’un événement en deux parties. Quoiqu’il en soit, à minima, il reste encore un film. Du coup, on est devant une sorte d’Infinity War, même si mélangé à du Endgame, sans sa maestria malgré un budget quasi similaire. Rendez-vous compte, on parle d’une production à 340 millions de dollars. Quand on sait que le premier avait coûté 38 millions et le 9, 200… Bref, il est le 4^ème film le plus cher de l’histoire du cinéma derrière Avengers : Endgame (356 millions de dollars), Avengers : L’Ère d’Ultron (365 millions de dollars) et Pirates des Caraïbes : La Fontaine de jouvence (378 millions de dollars).

À l’écran, on comprend très vite qu’une énorme partie du budget a été dévorée par les acteurs vu le casting exceptionnel réuni dont une grande majorité fait ou a fait partie du MCU et du DCU : Vin « Groot » Diesel, Charlize « Clea » Theron, John « Peacemaker » Cena, Helen « Hespera » Mirren, Brie « Captain Marvel » Larson, Scott « Lieutenant Edwards » Eastwood, Jason « Aquaman » Momoa, Alan « Hawk » Ritchson et Daniela « Ratcatcher II » Melchior. Et j’omets volontairement les caméos surprises.

Des acteurs gâchés

Le plus surprenant dans toute cette histoire, c’est que personne n’est convaincant. En fait, j’ai plus eu l’impression de regarder des Bruce Willis en fin de carrière dans un DTV que des acteurs au sommet de leur art. Néanmoins, difficile de reprocher quoi que ce soit aux acteurs tant l’ensemble est un gigantesque bordel. Avec autant de têtes d’affiche, le scénario part dans tous les sens afin que tout le monde ait son moment de gloire. C’est là qu’on se rend compte de l’immense travail qu’ont abattu, Christopher Markus et Stephen McFeely, les scénaristes d’Infinity War et Endgame.

Il y a tout de même un fil rouge via le personnage de Jason Momoa, Dante comme celui de la Divine Comédie. Comédie est le bon mot, car le bonhomme cabotine comme si sa vie en dépendait. J’ai eu l’impression d’avoir le Flip de La Petite Nemo et le Monde des rêves (2022) auquel on aurait injecté la folie du Joker. Heureusement, sa prestation est plutôt marrante. Notamment sur une séquence macabre avec deux cadavres. Bémol, jamais il n’arrive réellement à se montrer menaçant.

Quand la meilleure scène d’action du film vient d’un autre film

De toute façon, tu pourrais même mettre Thanos dans les pattes de Dom qu’il ne passerait même pas pour une menace crédible tant le pouvoir de la famille > Big Bang. Pour le coup, les mecs continuent à craquer leur slip en conservant le même cap du délire total du 9. Bémol, déjà les effets spéciaux sont parfois immondes avec une mention spéciale pour les voitures numériques. Surtout, ils ont la mauvaise idée de débuter le film avec une reprise de la meilleure scène d’action de la saga (du moins, à mes yeux) venant tout droit de l’épisode 5. Dès lors, la suite paraît fade.

D’autant plus qu’ils ont la mauvaise idée de « remaker » cette scène d’action en voulant faire plus gros. Le seul truc cool que j’ai trouvé à cette scène, c’était de revoir les rues de Rome que j’avais visité, pas plus tard qu’il y a deux semaines. Bref, on partait d’une scène allant déjà loin dans le délire, mais arrivant à conserver une certaine « crédibilité ». Là, la crédibilité, ils l’ont noyé dans les chiottes.

Problème, comme c’est impossible à faire dans la vraie vie, ils foutent des effets spéciaux numériques (généralement moyennement réussis) partout. Les combats, je n’en parle même pas. Quand tu vois Mia mordre avec succès un soldat surentraîné au bras pourtant doté de protections, tu te dis qu’en fait, il faut plutôt s’amuser à compter les cohérences plutôt que les incohérences, on arrivera à un chiffre moins haut.

La telenovela la plus chère de l’histoire

Pour le côté Endgame, je l’évoque car dans ce X, on revient sur le chemin parcouru histoire de faire vibrer la corde nostalgique (ça n’a jamais fonctionné chez moi, mais c’était sympa de revoir Paul Walker ou de découvrir sa fille).

En vrai, l’ensemble pourrait fonctionner en tant que gigantesque nanar s’il n’était pas plombé par sa morale d’une lourdeur assommante. Vin Diesel n’a quasiment que des proverbes en guise de répliques. Une anecdote est d’ailleurs assez parlante : le mot « famille » est prononcé 56 fois dans Fast & Furious X… En gros, quand l’action s’arrête, on se retrouve devant une telenovela et ça m’a donné la sensation d’être pris en otage dans une réunion des AA (alors que je ne bois pas une goutte d’alcool) car je me suis laissé avoir par les beignets de l’accueil.

Pour finir avec cette critique et se rendre compte du n’importe quoi vers lequel s’est dirigé la saga. Le combat entre Michelle Rodriguez et Charlize Theron a été filmé sans réalisateur… C’est là qu’on se rend compte que plus personne n’en a rien à foutre en fait.

PS : présence d’une scène mid-générique.