Fiche
D’après le roman de José Saramago | |
Titre | Enemy |
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Réalisateur | Denis Villeneuve |
Scénariste | Javier Gullón |
Acteurs | Jake Gyllenhaal, Mélanie Laurent, Sarah Gadon, Isabella Rossellini |
Titre original | – | Date de sortie | 27 / 08 / 2014 |
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Pays | Canada, Espagne | Budget | – |
Genre | Thriller | Durée | 1h 30 |
Adam, un professeur discret, mène une vie paisible avec sa fiancée Mary. Un jour qu’il découvre son sosie parfait en la personne d’Anthony, un acteur fantasque, il ressent un trouble profond. Il commence alors à observer à distance la vie de cet homme et de sa mystérieuse femme enceinte. Puis Adam se met à imaginer les plus stupéfiants scénarios… pour lui et pour son propre couple. |
Critique
Avant Prisoners, le désormais à la mode Denis Villeneuve avait tourné Enemy en attendant que sa star, Hugh Jackman, soit disponible. Malgré tout, Enemy ne sort en France que dix mois après Prisoners. On peut comprendre cette hésitation tant le film navigue en eaux troubles et représente un pari risqué.
Il y a deux façons de voir Enemy. Une, linéaire et terre-à-terre, et une deuxième, métaphorique. Néanmoins, si on peut avoir des hésitations entre les deux façons durant le premier visionnage. Il n’y a plus de doutes avec la dernière image du film qui résonne avec les avertissements récités par son personnage principal au début du film. Enemy se termine sur un plan qui interpelle le spectateur et lui indique la véritable façon de voir le film, tout en faisant un énorme buzz : difficile de ne pas entamer le débat avec son co-spectateur une fois le générique lancé.
Malgré tout, ce parti-pris n’est pas sans risque, car dès lors, à l’inverse de Sixième Sens par exemple, le film souffre d’incohérences et de lisibilité à vouloir mélanger les deux pistes pour embrouiller le spectateur. Toutefois, c’est véritablement formidable d’observer comment on ne sait jamais sur quel pied danser lors du premier visionnage et que notre cerveau entre en ébullition à imaginer des scénarios des plus logiques aux plus improbables (j’avais même commencé à me faire un pitch s’approchant à un simili Dark City avec des extra-terrestres et des enlèvements). En cela, on ne peut dire qu’Enemy soit une déception tant les films appelant à l’intellect et à la sensibilité du spectateur sont rares.
Le final d’Enemy va laisser des traces.
Néanmoins, il convient de souligner que le spectateur qui n’arrivera pas à accrocher au film n’y trouvera qu’une bobine méga chiante tournant autour de personnages aux comportements incohérents. Fort heureusement, l’excellente photographie qui rend la ville de Toronto très inquiétante, pratiquement proche de Silent Hill, la musique glaçante et la formidable interprétation de Jake Gyllenhaal (le bonhomme a l’air friand des scénarios tordus en témoigne ses Donnie Darko et Source Code) font que j’ai suivi les péripéties de ce mec qui se découvre un double identique comme hypnotisé. J’avoue tout de même avoir ressenti un petit coup de mou vers la fin du long-métrage avec un échange des plus glauques et légèrement irrationnel au vu du bizarre de la situation.
De l’aveu de Villeneuve, chacun se fera son avis avec son long-métrage. Ce dernier ayant voulu mettre en scène une œuvre qui touche autant aux émotions qu’à l’intellect, même si c’est ce dernier qui sera plus sollicité. Voici ses propres mots :
« Il faut que les spectateurs soient conscients que c’est un film qui se veut ludique. Un film qui est là pour jouer avec leur perception, leurs émotions, et qu’il faut décortiquer. C’est une énigme. »
Donc prenons-le à la lettre, décortiquons un peu ça dans l’article suivant : Dossier : Enemy – Le film expliqué.
Par Christophe Menat, le .
Conclusion
Enemy est une œuvre rare au cinéma. Pas forcément un chef d’œuvre, mais marquant, oui. |
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+ | – Toronto, ville flippante – Mystère fascinant – Plan final – Interprétation de Jake Gyllenhaal |
– | – Incohérences nombreuses – Rythme lancinant |
7/10 |