Critique : Echo

L’ère Marvel de Netflix ressuscitée

Fiche

TitreEcho Titre VO
CréateurMarion Dayre
Acteurs Alaqua Cox, Zahn McClarnon, Vincent D’Onofrio, Chaske Spencer, Tantoo Cardinal, Devery Jacobs, Cody Lightning, Graham Greene, Charlie Cox
Saison1 Nombre d’épisodes5
Date de sortie10 / 01 / 2024 Durée37 à 51 mn
GenreAction, Aventure, Drame, Fantastique, Science-fiction ChaîneDisney+

Met en lumière Maya Lopez poursuivie par l’empire criminel de Wilson Fisk. Quand son périple la ramène sur ses terres d’origine, elle doit affronter sa propre famille et son héritage.

Critique

La série Echo débarque sur Disney+ avec pas mal de nouveautés derrière elle. Première série de Marvel Studios classée TV-MA aux States. Première série de Marvel Studios dont tous les épisodes sortent le même jour. Première série pour la nouvelle catégorie de Marvel Studios : Marvel Spotlight. Surtout, l’inscription officielle des séries Marvel autrefois sorties sous le giron de Netflix dans le MCU. Néanmoins, certains détails m’ont fait tilter mais j’en parlerai dans la partie « avec spoilers ».

Retrouver le ton des Defenders

Pour parler d’Echo sans spoiler et donner envie à ceux encore tièdes à l’idée de se lancer dans l’aventure, la série renoue avec l’ère Netflix des séries Marvel. Sans atteindre la maestria de la série consacrée à l’homme sans peur, Echo se révèle être une très bonne série nageant dans les eaux de Jessica Jones et Luke Cage (je ne cite pas Iron Fist, hein, même si je lui trouve des qualités). À l’exception faite qu’on s’épargne un mal, les longueurs. Avec cinq épisodes dont la durée tourne entre 37 et 51 minutes, on va à l’essentiel.

On retrouve le côté terre-à-terre (même si…) et l’aspect mature lié à la violence. Dédicace à l’ouverture trop en sobriété où le logo de Marvel Studios apparaît sans fanfare. Sans oublier qu’on nous prévient juste avant : « Ce programme contient des scènes de violence. Pour public averti. ». Ouuuuuuuh… Sinon, on m’a demandé si un enfant de 11 ans pouvait voir la série. J’ai répondu que s’il avait vu la série Daredevil de Netflix, c’était ok, car c’est du même acabit. Ceux criant « Disney = Bisounours » vont ENFIN pouvoir fermer leurs gueules.

Bref, Echo, c’est la résurrection de l’ère Netflix chez Marvel.

Les handicaps de Maya deviennent ses forces

Toutefois, la série apporte ses propres spécificités. Déjà, on quitte New-York pour l’Oklahoma. On a également une immersion dans la culture Choctaw. C’est un de ses aspects les plus réussis, car, non seulement, cela confère à Maya Lopez un excellent background, mais en plus, Marvel Studios en profite pour enrichir le personnage des comics. Cela passe par une revisite très réussie de ses pouvoirs.

Quant à la surdité, déjà au cœur de la série Hawkeye où Echo est apparue pour la première fois dans le MCU, pas mal d’excellentes idées ont été ajoutées tout en supprimant un aspect peu réaliste des comics.

Dans les comics, Maya Lopez est capable de comprendre intégralement ses interlocuteurs via la lecture labiale, sauf s’ils ont un masque épais. Néanmoins, dans la réalité, c’est juste un fantasme. Les meilleurs dans ce domaine sont capables de comprendre environ 30 à 40 % des mots ayant été prononcés. Cela varie selon des paramètres comme la connaissance du contexte, la distance, la manière de parler de la personne (ceux bougeant à peine les lèvres sont l’équivalent du mode Cauchemar de la lecture labiale) et j’en passe. En reniant cet aspect dans la version live, on s’inscrit dans un cadre réaliste pour offrir un bel aperçu de la vie d’un sourd dans le monde réel. Quoiqu’il en soit, étant sourd donc tatillon sur ce sujet, j’ai été convaincu.

Le voyage intérieur de Maya

La série m’a aussi plu pour le voyage émotionnel du personnage principal. Je ne m’attendais pas à être ému, même si je l’avais beaucoup aimé dans Hawkeye. Il faut dire qu’elle est entourée de personnages attachants, dont un immense Vincent « Le Caïd » D’Onofrio. J’ai été fasciné par sa relation avec Maya.

Avant d’attaquer la partie spoiler, je voulais aborder la réalisation et les cascades. Au niveau de la réalisation, rien d’exceptionnel concernant la mise en scène. On est sur du haut panier de la télévision, sans en atteindre les sommets. À noter toutefois quelques maladresses dans le montage (mention spéciale au premier épisode où l’intégration des événements d’Hawkeye fait peu naturel), mais des effets numériques efficaces (je m’attendais à une cata à ce niveau vu le faible budget) et une représentation intelligente de la surdité. Quant aux cascades, Echo livre des scènes de combat efficaces.

Ah oui, la série appartient à la catégorie Marvel Spotlight, décrite comme regroupant les œuvres indépendantes même dans le MCU. Qu’en est-il concrètement ? Alors, en l’état, oui, on peut voir Echo sans avoir rien avoir vu du MCU. En effet, le premier épisode résume la précédente apparition de Maya Lopez. Néanmoins, pour avoir toute la profondeur du personnage et du Caïd, il est quand même conseillé d’avoir vu non seulement la série consacrée à l’archer violet, mais aussi Daredevil. Bref, pas vraiment convaincu par Marvel Spotlight pour l’instant. À moins qu’il s’agisse d’une bannière pour identifier les séries façon « Marvel Knights ».

Voilà, j’ai fait le tour et espère avoir donné envie. Maintenant, il s’agit de s’attaquer aux choses sérieuses.


Ouverture de la partie contenant des spoilers.

L’arrivée des Defenders dans le MCU

Par quoi commencer ? Et si on parlait de l’intégration des séries Marvel estampillées Defenders dans le MCU ? Sur Disney+, en allant dans la catégorie Marvel puis la sous-catégorie « Ordre chronologique », on peut découvrir les séries Daredevil et Jessica Jones entre Je s’appelle Groot et Avengers : L’Ère d’Ultron. Tandis que Luke Cage, Iron Fist et le crossover Defenders se placent entre Ant-Man et Captain America : Civil War. Pour finir, le Punisher répond présent entre Spider-Man : Homecoming et Doctor Strange. Echo, quant à elle, s’est installée entre Moon Knight et She-Hulk : Avocate.

Bref, ce serait suffisant pour dire que oui, les séries Netflix de Marvel Studios sont désormais intégrées au MCU. Néanmoins, il faut rappeler qu’il avait été dit que Daredevil allait connaître un soft reboot. À ce niveau, un élément est particulièrement frappant (sans mauvais jeu de mots) du côté du Caïd : le marteau ayant servi à tuer son père. On peut remarquer que celui de la série Echo est différent de celui de Daredevil.

À gauche, le marteau dans la série Echo. À droite, dans Daredevil.

De toute façon, avec la révélation de Disney+, on sait que les séries Netflix se déroulent entre 2014 et 2016 alors que le MCU est actuellement en 2025. Soit une décennie plus tard (Hawkeye se déroule pendant Noël 2024). Voilà ce qui permet ce soft reboot. Je pense d’ailleurs faire un petit article sur la chronologie de la série Echo, car contrairement à pas mal de séries du MCU, elle contient des dates précises. Je pense que ça peut être un exercice intéressant.

Quoiqu’il en soit, les Defenders font maintenant partie de la continuité.

Maya n’est plus un clone de Taskmaster

Revenons à Maya Lopez. Tout d’abord, je voulais indiquer à quel point j’ai été agréablement surpris par l’aspect mythologie avec la nation Choctaw. La toute première scène d’Echo m’a d’ailleurs fait demander si j’avais lancé la bonne série. J’ai adoré les scènes illustrant les ancêtres de Maya, avec une préférence pour celle de Tuklo. On notera que le titre de chaque épisode fait référence à un ancêtre de Maya.

Au final, au lieu de retrouver un Taskmaster avec un autre skin, on a un personnage avec des nouveaux pouvoirs séduisants et entrant en résonnance avec son nom de code. J’ai trouvé que c’était une bonne idée et bien appliquée de surcroît. J’ai juste une réserve à propos du costume final que je trouve trop armure.

Bref, dans le MCU, Echo gagne en profondeur.

Point de vue d’une sourde

Du côté de sa surdité et de sa jambe droite manquante, on est dans la lignée de ce qui avait été fait sur Hawkeye. Une représentation fidèle. L’aspect langue des signes d’Echo est une véritable réussite. J’adore la manière dont le point de vue de Maya est parfois abordé. Le son disparaît. Les protagonistes discutent sans qu’on ne puisse suivre la conversation. Ne reste plus que le bruit des basses illustrant les vibrations ressenties. Étant sourd moi-même, j’ai trouvé que c’était une excellente retranscription de la réalité.

À cela, on peut ajouter la langue des signes. J’ai adoré voir les entendants signer avec une certaine maladresse tandis qu’Alaqua Cox le fait naturellement. Encore une fois, on a cet aspect réaliste. Il est aussi cocasse d’observer les interactions de Maya avec les non signants comme les sbires du Caïd dans la première mission de Maya ou Vickie, l’employé de de Black Crow joué par Thomas E. Sullivan. Au passage, dédicace à Agents of SHIELD où il jouait Nathaniel Malick dans la saison 7.

Maya et son oncle

J’ai adoré l’intelligence avec laquelle le récit emploie l’ASL pour mettre en évidence la relation malsaine entre Maya et son oncle, Wilson Fisk. Alors que ce dernier indique qu’il la considère comme sa fille, Maya souligne le fait qu’il n’a jamais fait l’effort d’apprendre la langue des signes. À la place, il emploie des interprètes (avant de s’en débarrasser d’une manière hallucinante – certainement, mon plus gros trauma du visionnage) ou la technologie (passage génial – ce serait tellement bien que ça puisse devenir réel, elle est ouf, Maya, de balancer la lentille). Cela entre en opposition avec la famille naturelle de Maya qui, elle, a fait l’effort de l’apprendre. Le genre de petits détails faisant la richesse d’un récit.

Pour finir avec l’ASL, je voulais faire part de mon coup de cœur pour le passage du dernier épisode où la mère de Maya, Taloa, fait son retour. Son monologue entièrement en langue des signes m’a touché. J’ai trouvé que c’était un passage magnifique entrant en résonnance avec le climax évitant le combat final sans finesse. Au lieu d’un combat, on a Maya tentant de guérir le Caïd comme sa mère l’a fait avec elle.

Les deux scènes partagent une similarité. Taloa retourne dans le traumatisme de Maya, l’accident de voiture, et guérit son cœur. Maya essaie d’en faire de même avec son oncle, qu’elle aime malgré tout, mais ce dernier refuse de guérir. La séquence était vibrante. À noter la scène post-générique annonçant Daredevil : Born Again en reprenant un arc culte des comics Marvel : celui où le Caïd devient maire de New-York.

Une vraie vilaine

Au niveau du portrait de Maya, j’ai apprécié le fait que la série n’essaie pas de la transformer en personnage sympathique à la manière de Loki dans sa série (même s’il y a des circonstances atténuantes). Elle est venue au MCU comme une vilaine badass et reste une vilaine badass durant la majorité des événements de la série. Pour rappel, son but premier est de prendre le contrôle de l’empire du Caïd. Une vilaine jusqu’à sa guérison au contact de sa famille et ses ancêtres

Elle ne souffre pas non plus du syndrome super-héroïne surclassant tout le monde. Elle en prend plein la gueule. On la voit galérer. Elle perd. Mieux, on la voit tuer. Elle commet son premier meurtre sous nos yeux avant d’affronter Daredevil dans la meilleure scène d’action de la série.

Petit aparté concernant ce combat. On peut déjà voir un petit gap par rapport à l’époque Netflix. Les chorégraphies sont mieux foutues dans la lignée de la série She-Hulk. L’homme sans peur fait moins lourdaud et a l’agilité lui permettant de se rapprocher de la version des comics. Vivement Born Again !

Encore plus marquant, le passage avec le glacier. Une des plus belles scènes de la série. Alors qu’on s’attendait à que la jeune fille pleure ou s’enfuit devant son oncle ensanglanté, elle le rejoint pour tabasser le glacier. C’est le genre de séquence où on se rend compte comment peuvent naître des vilains et met en avant toute la perversité de sa relation avec le Caïd.

Par ayant hâte de revoir Maya (mais avec un autre costume).

Conclusion

Avec Echo, Marvel Studios renoue avec l’époque des Defenders en livrant une série mature. Là où la série se révèle, c’est au niveau des émotions et du traitement de la surdité et de la culture Choctaw, bien loin d’être anodins. À noter une excellente et fascinante dynamique entre Maya Lopez et le Caïd. Bref, petit coup de cœur.

+

  • Relation Maya et le Caïd
  • Maya reste une vilaine
  • Représentation de la surdité
  • Utilisation de la culture Choctaw
  • Émouvant
  • Retrouver le style de l’époque Netflix

  • Certaines maladresses au montage
  • Costume final
8/10
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