Critique : Death Stranding 2 : On the Beach

Le Kojima qui m’a perdu en route

Fiche

Titre Death Stranding 2 : On the Beach
Éditeur Sony Interactive Entertainment Développeur Kojima Productions
Plate-forme PlayStation 5 Date de sortie 26 / 06 / 2025
Joué sur PlayStation 5Game Genre Action, Aventure, Drame, Fantastique, Horreur, Mystère, Science-fiction, Thriller

Critique

Pour résumer rapidement mon rapport à Death Stranding 2 : On the Beach : je suis un gros fan d’Hideo Kojima depuis le premier Metal Gear Solid, et j’avais adoré la proposition originale de Death Stranding. Pas besoin d’en dire plus. Ah si, j’ai même lu un bouquin passionnant chez Third Éditions sur le jeu, quelques semaines avant la sortie du deuxième.

Bref, j’avais le profil parfait pour chanter les louanges d’On the Beach (rien à voir avec la plage même si c’est de saison, le “beach” ici désigne la fameuse “grève”). Sauf que… je n’ai pas été totalement réceptif à cette nouvelle proposition.

Toujours la même sauce, mais tiède

Commençons par le gameplay. Oh là là, qu’est-ce qu’il m’a saoulé. Déjà dans le premier opus, c’était limite, mais la nouveauté aidait à accrocher. Ici, c’est presque pareil, avec quelques ajustements (on passe plus de temps en véhicule qu’à pied, notamment). Techniquement, rien à dire : la physique est impressionnante, aucun bug rencontré (juste parfois bloqué dans des rochers façon 127 Heures, mais on peut toujours s’en sortir – heureusement, sans se couper le pied), les phases de shoot sont bien plus nerveuses, les combats de boss moins lourds. Le problème, c’est l’enrobage.

On ne fait que multiplier les quêtes FedEx. Ce qui, oui, fait partie de l’ADN du jeu. Mais encore aurait-il fallu les enrichir narrativement. Je ne parle pas de l’histoire principale, mais des quêtes secondaires : leurs personnages sont sans relief. Impossible de m’attacher à eux ou à ce monde. Quand on voit Cyberpunk 2077, la comparaison fait mal. Résultat, je n’avais aucune envie de tout “lier”, sinon pour avancer dans la quête principale.

Et pourtant, au début, motivé à fond car heureux d’avoir le nouveau Kojima, je m’étais lancé dans un max de livraisons pour améliorer ce monde. Grosse erreur. Si je dois donner un conseil à ceux qui commencent : ne vous embêtez pas avec les quêtes secondaires, contentez-vous de la trame principale. Surtout que le jeu ne propose aucun challenge en mode normal. Vraiment, zéro difficulté. Donc les améliorations proposées par l’accomplissement des quêtes secondaires n’ont aucun intérêt.

Kojima + open world = faux bon mariage

Déjà à l’époque de MGS V, je doutais de la pertinence pour Kojima de se frotter au monde ouvert. Trois jeux plus tard (MGS V, Death Stranding et On the Beach), le constat est clair : ce format ne lui convient pas. Il devrait revenir à des jeux à échelle plus réduite, mieux rythmés. Comme à l’époque des premiers MGS.

En effet, au niveau de l’histoire, les premières heures et les dernières heures du jeu sont magnifiques. Il y a une vraie proposition artistique, même si certains éléments sont discutables, mais j’y reviens dans la partie avec des spoilers. Avant d’y attaquer, un mot pour la technique.

De ce côté, c’est un sans-faute. Le jeu est somptueux. Les panoramas, bien plus variés que dans le premier (où on avait l’impression d’être coincé en Islande), sont à couper le souffle (le premier panorama… mémorable). Et surtout, tout ce qu’on voit ou presque à l’horizon est accessible, à la manière d’un Elden Ring. Les personnages sont bluffants de réalisme, les animations faciales sont magnifiques. Le moteur de Guerrilla fait des merveilles. Côté musique, même claque.

Voilà, on a parlé technique. Maintenant, passons à l’histoire.

Entre fulgurances et frustrations

Warning, des gros spoilers se sont glissés dans la critique à partir d’ici…

Je n’avais vu que les deux premières bandes-annonces. Du coup, je débarquais sans trop savoir à quoi m’attendre. J’ai adoré les premières heures avec Lou. Mais dès sa « disparition », j’ai tiqué. On nous dit qu’elle est morte, sans jamais nous le montrer. Et dans ce genre de récit, tant qu’on ne montre pas son corps sans vie, le perso n’est pas mort (c’est un classique, même s’il y a des arnaques comme Sara Tancredi dans Prison Break). Sauf que… plus tard, on apprend qu’elle est revenue… puis qu’elle est finalement morte (capsule vide). L’idée de nous faire vivre le deuil de Lou est bonne, mais l’exécution est complètement ratée.

Autre problème : le twist autour de Tomorrow. Dès qu’elle apparaît (Elle Fanning), je me dis : “Ah ouais, elle ressemble vachement à Lou”. Elle vient de la Grève, ne connaît rien d’autre, le temps s’y déroule différemment… Ben oui, c’est Lou, quoi. Mais aucun personnage ne fait le lien. Bizarre. (peut-être que je me plante, mais quand même…)

Ceci dit, Tomorrow est un super perso. Une vraie badass, dans la lignée des figures féminines que Kojima affectionne (comme Quiet). Un petit air de Ciri, également. Je m’en souviendrai.

Des choix discutables

Comme pour essayer de nous foutre le doute, on apprend que Lucy, la femme de Sam, a eu une relation extra-conjugale avec Solid Snake, euh pardon Neil Vana (ah, ah, Nirvana) et que le bébé est le sien. Comme Sam, j’ai pris la claque, mais bon, c’est Solid Snake, je comprends. Quand vint la révélation, je me suis dit que c’était quand même un sacré bâtard le Kojima, à ne retenir que des séquences pour foutre la confusion. Blague à part, ça aurait pu marcher… si ce n’était pas aussi confus, mal amené… et prévisible.

Car la structure narrative reprend bien trop celle de Clifford Unger (Mads Mikkelsen) dans le premier jeu pour que ce soit une bonne idée. Et ça, c’est franchement fâcheux. Côté recyclage, on a aussi droit au retour de Higgs. Un vrai supplice : je ne l’aimais déjà pas dans le premier, et là, c’est encore pire. Il sonne comme un Joker de chez Wish, à s’écouter parler avec un plaisir franchement gênant. Bref, une belle faute de goût, en plus d’être un antagoniste jamais vraiment inquiétant… même si son combat final, volontairement kitsch, finit par faire rire.

En revanche, la performance de Léa Seydoux en Fragile est poignante. Le personnage, déjà marquant dans le premier jeu, franchit ici un nouveau cap. J’ai vraiment adoré. C’est, sans hésiter, mon personnage préféré.

L’équipage ? Sympa, mais creux

Parmi les nouveaux persos, j’ai surtout apprécié Tomorrow, et j’ai bien rigolé en voyant George Miller (Mad Max : Fury Road). Mais niveau écriture, c’est très maigre. S’ils bénéficient d’une cinématique narrant leur histoire et de quelques brèves cinématiques illustrant leur vie à bord du DHV Magellan, je n’ai pas ressenti d’attachement particulier à eux. Il manque des séquences d’équipe, du gameplay en commun, des discussions dans le vaisseau… Un peu comme dans Clair Obscur : Expedition 33, où le camping et les quêtes dédiées permettait de vraiment créer des liens.

Là, impossible de se balader dans le DHV Magellan. Tout est figé. C’est dommage, car ces simples ajouts auraient tout changé. Me balader à bord du vaisseau pour quelques répliques avec les personnages comme avec Dollman et les voir vaquer à leurs tâches, cela aurait fait une différence.

On arrive à un point critique du gameplay. Le jeu est vaste, mais désespérément creux. Une sorte de simulateur de randonnée, en plus de livraison. Sauf que moi, je n’aime pas la rando. Je préfère les interactions. En plus, il y a ce truc chelou de ne jamais pouvoir voir l’intérieur des bases à part celle du Docteur (et encore, c’est super petit, comment elles font pour y vivre ?). Il y a un tel détachement que je ne ressens pas vraiment le besoin de sauver ce monde, de les lier.

J’ai adoré les premières et les dernières heures. Parce que, là, Kojima fait ce qu’il sait faire de mieux. Mais entre les deux ? C’est long. C’est creux. C’est chiant. J’espère vraiment qu’il arrêtera les mondes ouverts, ou qu’il réduira l’échelle pour se concentrer sur l’essentiel.

Par espérant que Kojima fera mieux la prochaine fois.

Conclusion

Si j’avais adoré Death Stranding, je suis plus mitigé sur On the Beach, qui reprend les mêmes défauts… en pire. Le scénario recycle trop le précédent pour réellement émouvoir : il devient prévisible, et alambiqué juste pour l’être. Reste que les premières et dernières heures sont, elles, magistrales.

+

  • Visuellement à couper le souffle
  • Premières et dernières heures du jeu
  • Manipuler Sam est agréable

  • Trop de quêtes inintéressantes
  • Histoire prévisible, malgré son côté alambiqué
  • Pourquoi Higgs ?
7/10
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