Fiche
Titre | Creed : L’Héritage de Rocky Balboa |
---|---|
Réalisateur | Ryan Coogler |
Scénaristes | Ryan Coogler, Aaron Covington |
Acteurs | Michael B. Jordan, Sylvester Stallone, Tessa Thompson, Phylicia Rashad, Tony Bellew |
Titre original | Creed | Date de sortie | 13 / 01 / 2016 |
---|---|---|---|
Pays | États-Unis | Budget | 35 000 000 $ |
Genre | Drame, Sport | Durée | 2h 13 |
Adonis Johnson n’a jamais connu son père, le célèbre champion du monde poids lourd Apollo Creed décédé avant sa naissance. Pourtant, il a la boxe dans le sang et décide d’être entraîné par le meilleur de sa catégorie. À Philadelphie, il retrouve la trace de Rocky Balboa, que son père avait affronté autrefois, et lui demande de devenir son entraîneur. D’abord réticent, l’ancien champion décèle une force inébranlable chez Adonis et finit par accepter… |
Critique
Nous, les fans de Rocky, on a tous eu la même réaction quand on a appris que Creed allait voir le jour : « Oh non, un spin-off de Rocky ? Quel intérêt ? ». Même Sylvester Stallone a eu cette réaction au point de répondre « No, no, no, no. » quand le jeune Ryan Coogler, qui n’avait alors pas encore réalisé Fruitvale Station, lui a demandé s’il pouvait ressortir le personnage. Il faut nous comprendre, Rocky Balboa était la conclusion parfaite des aventures de l’Étalon Italien.
Finalement, il a fallu deux ans à Ryan Coogler pour convaincre la star (entre-temps, son succès obtenu avec Fruitvale Station a beaucoup pesé sur la balance) et la femme de Sylvester Stallone a même dû intervenir. Il faut dire que Sylvester Stallone avait comme (mauvaise ?) idée de réécrire l’histoire de Coogler en faisant en sorte que le voisin de Rocky, ou carrément Paulie, soit malade et que Rocky l’assiste. L’acteur a d’ailleurs avoué qu’il était effrayé par l’idée de Ryan Coogler concernant son Rocky. Ce qui est très bon signe. Car quand un acteur est effrayé, c’est qu’il doit sortir de sa zone de confort. Or, c’est souvent dans ces cas-là qu’on livre notre meilleur.
Effectivement, Sylvester Stallone balance une prestation qui sort de l’ordinaire. Un peu à la manière de Copland qui avait relancé sa carrière. Au bout, un Golden Globe. Mais je m’avance un peu vite, je voudrais d’abord revenir sur le film.
Rocky, l’aventure continue
Oui, Creed : L’Héritage de Rocky Balboa est une suite de Rocky Balboa, sauf que cette fois-ci, Rocky passe en retrait pour laisser la main à Adonis (Michael B. Jordan). C’est drôle de voir à quel point 2015 a été riche en films qui font suite à des sagas de légende tout en « rebootant » pour le nouveau public. Par exemple, Jurassic World ou Star Wars: Le Réveil de la Force. Comme pour ces derniers, Creed offre son lot de fan service pas désagréable du tout. Avec, tout de même, un petit bémol pour le retour de la statue de Rocky censée être détruite dans le sixième épisode. Hé oui, j’ai révisé sauf le 5 que j’ai zappé. Mon seul visionnage de cette daube m’a suffi pour une vie.
Comme je l’ai dit au-dessus, Rocky n’est désormais plus qu’un personnage secondaire, le nouveau Mickey. La star ici, c’est Adonis Creed incarné par l’excellent Michael B. Jordan (même s’il a joué dans le daubesque Les Fant4stiques). Rien à signaler de ce côté. L’acteur est impeccable et balance une prestation qui couvre tout le panel de l’acteur complet, comme Sylvester Stallone l’avait fait sur le premier Rocky : de l’humour, de l’émotion et de l’action. En nouvelle Adrian, Tessa Thompson est merveilleuse. Loin d’être timide, son personnage Bianca s’affirme et offre une histoire touchante. Car comme pour Star Wars 7, si dans les grandes lignes, le premier Rocky et Creed partagent beaucoup de choses, ce serait nier les nuances qui s’avèrent tous aussi importantes.
L’héritage
Et puis, il y a le grand Sylvester Stallone, ici dans le rôle de sa vie : celui du plus grand boxeur de tous les temps. Celui de mon cœur. J’ai toujours aimé Rocky. Je me rappellerais pour toujours de mon premier visionnage de Rocky IV avec le terrifiant Ivan Drago, mon tout premier épisode, et de la claque que j’ai prise. Il fait partie des rares films dont je me souviens de l’endroit où je les ai vus pour la première fois avec Les Dents de la Mer, Jurassic Park et Star Wars. Pour son retour dans Creed, il cartonne avec une prestation pour le moins détonante et évidemment, émouvante (car ça rime).
L’émotion. C’est ce qui est au cœur de cet épisode. Car le thème qu’embrasse Ryan Coogler est universel : la relation entre un père et un fils. Ici, celle entre Adonis et son illustre géniteur, Apollo Creed. D’ailleurs, tant que j’y pense, je voudrais rendre hommage à l’excellente scène d’ouverture et la réplique parfaite qui la clôt. Rien qu’avec les cinq premières minutes, j’étais déjà emballé. Ryan Coogler emploiera très bien cette notion d’héritage via le duo Rocky/Apollo. Vu que l’un n’est plus présent, l’autre fera tout pour transmettre son savoir et ainsi boucler la boucle qui s’est ouvert avec Rocky III où Apollo avait entraîné Rocky.
Si Ryan Coogler fait pratiquement un sans-faute du côté du drame, il reste quand même à voir l’action. Rien à redire non plus dans ce domaine. Les combats sont nerveux et très dynamiques, dans la lignée des Rocky. Ryan Coogler se paye même le luxe d’offrir les entrées les plus mythiques de la saga pour le combat final. Celle d’Adonis Creed est une véritable immersion dans la peau d’un boxeur. Tandis que celle de son ennemi est un moment de pure frayeur. Ce genre d’instant où on se dit que si on était dans la peau du héros, il y a de fortes chances qu’on se soit enfui en hurlant.
J’ai déjà écrit pas mal sur le film, mais je l’ai tellement aimé que j’ai envie de continuer (et c’est suffisamment rare pour le souligner). Je vais donc ouvrir la balise spoiler pour faire ma groupie.
Il y a un point qui parait anodin, mais que j’ai beaucoup apprécié. La love interest d’Adonis, Bianca, commence à devenir de plus en plus sourde. Étant moi-même sourd, je ne peux qu’être touché. Je l’ai été encore plus quand j’ai découvert qu’au lieu de tenter d’endiguer cette surdité via des opérations chirurgicales, elle tente l’effort d’apprendre la langue des signes. Un gros +1.
Revenons maintenant à des choses plus cinématographiques. J’ai rugi de plaisir devant les très nombreuses références à la saga comme les tortues, la pierre tombale d’Adrian (désormais accompagnée de Paulie 🙁 ), le Mighty Mick’s Boxing, la montée des marches du Philadelphia Museum of Art, la subtile utilisation d’Eye of the Tiger, l’entraînement avec la poule et j’en passe.
Néanmoins, mon moment préféré du film est fugace. J’en ai encore des frissons quand j’en parle. Il s’agit de la séquence où Adonis tombe KO sous les coups de ‘Pretty’ Ricky Conlan. On a alors droit à une succession d’images fortes, mais aucune n’égale la dernière. On y voit apparaître le grand Apollo en plein combat. Tout le poids de l’ombre du père s’illustre sur cette seule image. Une ombre, mais aussi une lumière, car c’est à cet instant qu’Adonis efface cette ombre de sa propre lumière. Il prend son héritage entre ses deux gants et va perpétuer l’héritage du duo Apollo/Rocky. Il se relève alors instantanément tel un damné. C’est pour pouvoir revoir cette image que je me suis déjà prévu une deuxième séance la semaine prochaine.
Par Christophe Menat en plein trip Rocky, le .
Conclusion
Parfait. Creed : L’Héritage de Rocky Balboa était la suite que j’attendais. La suite dont je rêvais. Un nouvel épisode pour la saga Rocky, mais aussi le premier épisode d’une nouvelle saga prometteuse (le deuxième est déjà programmé pour fin 2017). Merci à Ryan Coogler pour cet instant magique. Le roi est mort, vive le roi !
|
|
+
|
–
|
9/10 |