Critique : Carnage

God of Carnage rules

 
Fiche

D’après la pièce de théâtre française Le Dieu du Carnage écrite par Yasmina Reza
Réalisateur Roman Polanski
Scénaristes Yasmina Reza, Roman Polanski
Acteurs Jodie Foster, Kate Winslet, Christoph Waltz, John C. Reilly
Pays France, Espagne, Pologne, Allemagne Date de sortie 7 décembre 2011
Genre Comédie, Drame Durée 1h20
Budget 25 000 000 $
Dans un jardin public, deux enfants de 11 ans se bagarrent et se blessent. Les parents de la « victime » demandent à s’expliquer avec les parents du « coupable ». Rapidement, les échanges cordiaux cèdent le pas à l’affrontement. Où s’arrêtera le carnage ?

Critique

Une pièce de théâtre est toujours difficilement adaptable au cinéma car on fait souvent à ce genre de film le reproche de l’unité de lieu mais il faut dire que cela colle parfaitement au film Carnage qui vise à décortiquer l’humain tel qu’il est et non la masse de l’éducation civique et morale, reflet de notre époque. Cela transforme le film en pur moment de jouissance quand on voit les barrières sociales et les bonnes manières de ces bobos new-yorkais exploser au fur et à mesure qu’on avance dans le film. L’alcool achevant de détruire la dernière muraille.

Roman Polanski a le génie de ne pas dénaturer l’esprit théâtral de l’histoire et conserve cette unité de lieu mais avec cela, il multiplie les différents cadrages, ne s’immobilisant jamais à un endroit à tel point qu’on a jamais l’impression de voir deux fois le même plan. Cela permet aisément d’aérer l’ambiance et donne une certaine rythmique à l’histoire.

Cette histoire est adaptée de la pièce de théâtre écrite par une française, Le dieu du Carnage vainqueur de plusieurs prix dont les prestigieux Tony Awards et qui a bénéficié d’un vrai succès mondial. Il a notamment été joué à Broadway par James Gandolfini (le parrain de Les Sopranos) et Jeff Daniels (Dumb and Dumber). N’ayant jamais vu la pièce de théâtre, c’était sans préjugé que je suis allé voir le film et j’ai été soufflé la qualité des dialogues dont le sens du rythme confine tout simplement au génie.

Avec cela comme pour le culte Le diner de cons (lui aussi adapté d’une pièce de théâtre), les rôles principaux ont été distribués à de véritables stars (ce qui explique sûrement pourquoi le budget approche les 25 millions de dollars alors que le film ne change pas d’endroit et se cantonne à un appartement). Vu la qualité de leurs prestations, on est tout simplement subjugué. Ils sont tous, je dis bien tous, excellents. Chacun offrant un pur moment de bonheur, un seul ? Non plusieurs. Comme quoi, on ne peut être qu’excellent acteur quand le matériau de base s’y offre.

Kate Winslet est magnifique (physiquement mais bon, ça, c’est normal, je suis amoureux d’elle depuis Titanic) et joue à merveille la fake bobo, une femme remplie de superficialité dont l’opposé, jouée par une Jodie Foster qui fait une tête de moins que tout le monde mais ne se laisse pas abattre pour autant et pourtant son rôle est de loin d’être le plus évident : à savoir ces détestables donneuses de leçons de moral qui se pose comme des « gardiennes du monde ».

En face, vous avez les mecs et parmi eux, mon préféré des quatre de loin, Christoph Waltz absolument extraordinaire dans un rôle le mettant particulièrement en valeur. Un personnage qu’on adore détester et puis de toute façon, les différents masques qu’ils portent font de lui, un personnage avec une énorme force comique qu’on avait déjà pu entrevoir dans The Green Hornet et qu’on devrait revoir plus souvent vu le talent du bonhomme. A ses côté, John C. Reilly continue sa quête de reconnaissance en tant qu’acteur confirmé après le déroutant We Need to Talk About Kevin. Ça change surtout quand on l’a connu à ses débuts avec son pote Will Ferell. Dans Carnage, il est tout aussi bon que ses partenaires, une performance non négligeable quand on connaît la qualité de ces derniers tous lauréat d’un prix à minima.

Le seul défaut que je reprocherais à Carnage est sa trop courte durée de vie, on pouvait penser que Yasmina Reza alors scénariste sur le film au côté de Polanski (elle n’a pas froid aux yeux) en profiterait pour rallonger la durée du film. Parce que 1h25 de moments aussi trépidants et hilarants, c’est trop peu. Mais vaut mieux trop peu de bien que trop de chiant (n’est-ce pas Hara-Kiri). Je noterais aussi une fin abrupte survenant là où on ne s’attendait pas même si c’est souvent un procédé théâtral habituel. Au moins, on bénéficie d’un plan final malin.

Conclusion

Polanski, malgré sa morale douteuse, rappelle au monde entier qu’il est un pur génie du cinéma. En adaptant la pièce de théâtre au succès mondial de Yasmina Reza et en y ajoutant un casting 4 étoiles, il nous livre une nouvelle œuvre majeure dans sa filmographie.
+ – le casting
– les répliques millimétrées et ravageuses
– une vision jouissive sur les bobos
– une réalisation bien foutue malgré une unité de lieu
– très drôle
– trop court
– la fin
Trophée8/10
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