Critique : Au revoir

Ne lui dites pas bonjour
Réalisateur Mohammad Rasoulof (La vie sur l’eau)
Scénariste Mohammad Rasoulof
Acteurs Leyla Zareh, Hassan Pourshirazi, Benhame Tashakor
Titre original Bé Omid é Didar
Pays Iran Date de sortie 7 septembre 2011
Genre Drame Durée 1h40
Dans la situation désespérée de l’Iran d’aujourd’hui, une jeune femme avocate à qui on a retiré sa licence d’exercer, est enceinte de quelques mois. Elle vit seule car son mari journaliste vit dans la clandestinité. Traquée par les autorités, et se sentant étrangère dans son propre pays, elle décide de fuir…

C’est toujours difficile de critiquer ce genre de film. De l’un parce que le sujet qu’il aborde est intéressant, de l’autre parce que le traitement est d’un ennui profond. Du coup, est-ce politiquement incorrect de critiquer négativement un film sur un sujet aussi difficile ?

Cinématographiquement parlant, le film est d’une vraie beauté grâce à une bonne mise en scène et des plans posés laissant imprégner une certaine idée de la vie en Iran où se confondent ennui et solitude en plus d’une liberté restreinte. Le sujet est dur, être une femme seule en Iran se révèle être un défi, voir même un purgatoire pour un péché inexistant sinon celui d’être femme. Le réalisateur le démontre très bien via des petits détails comme l’obligation de bénéficier de la signature du mari avant d’effectuer quoi que ce soit comme démarche. L’héroïne entreprend donc un plan pour fuir son pays.

En toute franchise, le film aurait pu être un moyen-métrage d’une demi-heure, on n’aurait rien trouvé à redire tant le réalisateur s’éternise. On y voit l’héroïne prend le métro, arroser l’aquarium de sa tortue, enlever le vernis de ses ongles avec du dissolvant, dormir, faire une moue dépressive. Il ne se passe strictement presque rien durant les 1h40 que font le long-métrage. Attention, c’est la force attractive du film qui est critiqué ici. A l’inverse de Persépolis sur presque le même sujet, on s’ennuie fermement dans Au revoir. Presque une lutte de tous les instants pour éviter de tomber dans les bras de Morphée.

S’engagera donc le débat à propos de l’utilité de faire un long-métrage d’1h40 sur un sujet aussi pauvre. Assurément un film intéressant culturellement (encore faudrait-il ignorer leurs conditions de vies) qu’inintéressant cinématographiquement. Pour moi, le cinéma s’il peut enrichir ne doit pas oublier son but premier, le divertissement car il est évident qu’un film marquera plus s’il réussit à intéresser le spectateur.

Or seul le spectateur vraiment au vif du sujet s’intéressera au quotidien mollasson de cette femme. Ce qui nous amène au deuxième problème de ce film. Cette femme est d’un tel ennui et d’une telle platitude qu’en aucun cas, on arrive à s’y attacher ou même s’intéresser à son sort. Pire, on en vient même à vouloir qu’elle subisse des atrocités pour que le film puisse s’accélérer et qu’on commence à ressentir un peu d’empathie envers elle. Mais non, le film est à l’image de son héroïne, ennuyant.

Si vous voulez le voir, je ne pourrais que vous conseiller de l’attendre qu’il passe à la télévision ou qu’il sorte en DVD, au moins vous pourrez prendre votre télécommande pour avancer un peu ou effectuer quelques tâches ménagères durant le visionnage. Parce que 1h40 de… rien, ça commence à faire lourd.

Allez, je vous fais une démonstration. Durant une fouille par la police, le réalisateur pose sa caméra sur l’héroïne et la fouille s’effectue hors champ. Durant ce temps-là, l’héroïne allume la télévision pour sa mère et on se surprend à regarder la télévision aussi (même si on ne comprend rien) étant donné qu’il ne se passe rien à l’écran.

Posé sur un sujet en vogue et difficile sur les droits de l’homme/femme bafoués en Iran, Au revoir se plante en proposant le quotidien triste et morne d’une héroïne digne de la tortue dont elle s’occupe. On en sort avec une désagréable sensation d’avoir observé un poisson rouge dans son aquarium pendant une heure quarante.

Sa scène culte : l’interrogatoire dans l’ascenseur

Note : 3/10

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