Bien le bonjour les copinous. Qu’il est doux d’être un geek, un nerd. D’avoir chez soi ces centaines d’objets inutiles, ces figurines ou autres. Cette immense collection de DVD, Blu-ray, VHS, Laserdisc même parfois. Autant de possessions inutiles pour certains, indispensables pour d’autres.
De nos jours, c’est plutôt cool d’être un geek, vu comment on est abreuvé de films, séries, etc. Et je pense qu’en ce moment, la période est propice à tout ça parce que les créatifs, réalisateurs, compositeurs, programmeurs, sont des enfants de ceux qui ont subi les quolibets et les moqueries.
Que ce soit des Guillermo del Toro, Zack Snyder, Christopher Nolan et consorts, tous ces gens-là ont été biberonnés à la littérature geek, aux jeux vidéo, aux mangas, aux comics. Alors forcément, leur regard est bien plus tendre lorsqu’ils évoquent cette communauté et surtout, ils savent de quoi ils parlent.
Mais dans les années 80-90, le geek, on le voyait comme un boutonneux asocial, con comme ses pieds et qui se branlait 10 fois par jour. Alors quand un film, sorti en 1983, prend un geek pour héros, qu’il le traite correctement, et tout ça dans un bon film, ça fait plaisir.
Alors, on prend son micro-ordinateur IMSAI 8080 de la société Fischer-Freitas, un double lecteur de disque souple FDC2-2 et un moniteur vidéo Zenith Data Systems de 12 pouces.
Cette semaine, c’est Wargames.
Général, vous écoutez une machine. N’en devenez pas une, le monde vous le demande.
Wargames est un film américain sorti le 3 juin 1983 aux États-Unis et le 14 décembre de la même année au pays de Karen Cheryl.
Le film nous raconte l’histoire de David Lightman, un collégien qui, pour passer son temps libre, est un pirate informatique. Il va, sans le savoir, entrer en communication avec le WOPR, un supercalculateur du Norad, censé, à l’instar du Skynet de Terminator, décider si oui ou non, il faut tirer des missiles nucléaires sur les communistes (1983 !). Il va, sans le savoir, lancer une partie de “Guerre Thermonucléaire Globale” contre le WOPR qui lui, va croire à une véritable attaque des méchants communistes.
Je vous ai déjà parlé de Matthew Broderick, mais je crois que j’ai fait le tour sur une précédente chronique de La Folle Journée de Ferris Bueller. Encore une fois, il est au top, il est impeccable dans son rôle.
On retrouve également, dans le rôle de la petite amie de Lightman, Ally Sheedy, qui aura fait le triplé au cours de cette décennie, après avoir joué dans 3 films du même réalisateur : le Wall-E avant l’heure Short Circuit (Appelez-moi Johnny 5 en VF), l’indispensable Breakfast Club et bien entendu, le film qui nous intéresse aujourd’hui.
Bonjour professeur Falken. Que diriez-vous d’une petite partie d’échecs ?
Le film est mis en scène par John Badham (Jean MauvaisJambon en VF). Le type s’est fait connaître avec La Fièvre du Samedi Soir en 1977, probablement son plus grand succès. Mais sa carrière est riche de pépite de vidéo club, que ce soit Étroite Surveillance (1987) avec Emilio Estevez et Richard Dreyfus, Tonnerre de feu (1983) avec Roy Scheider, La Manière Forte (1991) avec James Woods et Michael J Fox, Drop Zone (1994) avec Wesley Snipes et Gary Busey (qui est fou) et surtout, le trop injustement méconnu Comme un oiseau sur la branche (1990) avec Mel Gibson et Goldie Hawn, que je rêverais de pouvoir revoir un jour.
Le film cumule également une brouette de nominations et récompenses, preuve en est de ses qualités.
Alors, c’est valable ?
Au cours des années 80, aux États-Unis, la guerre froide a engendré bon nombre d’œuvres, bonnes ou mauvaises. En gros, la quasi-totalité des thrillers ou films d’action de cette époque reposait là-dessus. Le manichéisme évident donnait un ressort scénaristique facile : les gentils américains contre les méchants russes communistes. Regardez la fin de Rocky IV (1985), c’est le climax de tout ça. Ça nous a apporté bon nombre de bons films d’action, ça nous a permis de découvrir tous les nanars de Chuck Norris, bref, au final, ça a beaucoup servi les cinéphiles.
Wargames repose également là-dessus. À la différence, que pour une fois, le méchant, c’est l’IA, qui arbitre cette guerre froide et décide si les humains doivent se taper dessus ou pas. Dans le film, le NORAD (commandement de la défense aérospatiale de l’Amérique du Nord) décide, après une simulation qui démontre la défaillance de l’humain quand il est question de bomber la gueule de son voisin (c’est un film, en vrai, l’humain a zéro race), de confier ce choix à une IA.
Le film est, je vous le rappelle, sorti en 1983. Aux prémices d’Internet, des modems, de l’informatique pour tous. À l’époque où l’informatique n’avait aucune place dans nos vies privées. Aujourd’hui, on regarde des vidéos de chats qui pètent sur nos téléphones aux toilettes, on laisse les IA prendre ô combien de décisions importantes et on accepte sans ciller de donner l’intégralité de notre personnalité à des algorithmes.
Donc, au-delà de son esthétique So 80, qui lui donne un charme fou, au-delà des talents de Matthew Broderick, au-delà du fait que pour une fois, le geek est un humain normal, le film à 40 ans d’avance. Donc oui, c’est plutôt valable mes p’tits potes.
Bisous.