Les chroniques de Coolson : Total Recall (1990)

C’est quoi un “geek” ? Pour moi, c’est quelqu’un qui aime ce qu’il aime. Entendez par là que, au-delà de l’aspect péjoratif que peut parfois comporter cette appellation, un “geek” ne se contente pas de regarder/écouter/jouer. Il décortique, analyse, approfondit et digère l’œuvre, jusqu’à se l’approprier, parfois trop.

Philip K. Dick est en ce sens, selon moi, un père pour eux, tant ses œuvres appellent à l’étude, l’interprétation et l’appropriation. Ses différentes nouvelles ont connu diverses fortunes, mais ont donné accès à d’excellents films de SF comme Blade Runner, Planète Hurlante, The Truman Show, Minority Report, A Scanner Darkly, l’excellente série Electric Dreams dispo sur Prime et le film qui nous intéresse aujourd’hui.

Alors, prenez vos billets pour Mars, votre extracteur de mouchard nasal, on en aura pas pour deux semaines, aujourd’hui, c’est Total Recall.

Souvenirs à vendre

Total Recall est un film américain sorti le 1er juin 1990 et le 17 octobre de la même année au pays de Joe Dassin. C’est une adaptation de la nouvelle de “Souvenirs à Vendre” de Philip K. Dick. Il retrace l’histoire de Douglas Quaid, interprété par Arnold Schwarzenegger qui fait partie, avec ses collègues Stallone et Van Damme de la sainte trinité de la tatane dans la tronche, marié avec une toute jeune et inconnue Sharon Stone qui attendra 1992 pour exploser dans Basic Instinct du même réalisateur.

Quaid rêve chaque nuit d’une jeune femme sur Mars, bien qu’il ne s’y soit jamais rendu. Il décide alors de se rendre dans la société Rekall, qui, en lieu et place de vacances, propose de vous implanter des souvenirs au choix, avec scénario, en l’occurrence, agent secret. L’opération réveille des souvenirs résiduels et réveille alors les prémices de la vérité sur son passé.

Il va dès lors se faire poursuivre par Richter, incarné par Michael Ironside jouant le rôle classique de Michael Ironside tant son personnage est interchangeable et toujours le même quel que soit le film où on aura le plaisir de voir sa trogne de méchant. Il a derrière lui une carrière plus qu’honorable et tourne encore aujourd’hui, vu dernièrement dans quelques séries et au cinéma dans Terminator Renaissance ou encore X-Men : Le Commencement, mais surtout, pour les anglophiles, il est la voix de Sam Fischer dans les différents jeux Splinter Cell. Fun Fact, c’est Daniel Beretta qui s’occupe de sa voix en VF, qui est également le doubleur officiel de Schwarzy. La boucle est bouclée !

Le futur pour les nuls

Le film se déroule en 2048, mais le 2048 des années 80, celui où les péritels HD existent et sont la norme, les manches de costards relevés façon Sonny Crockett sont l’incarnation du swag et où Michel Drucker est dans son prime.

Réalisé par Paul Verhoeven, réalisateur subversif néerlandais propulsé au rang de réalisateur vedette pour Robocop, sorti en 1987 et sur lequel on reviendra probablement. En 1995, il crée la polémique avec le film Showgirls, assassiné par la critique, le public et 13 fois nommé aux Razzies Awards. Le film sera un échec commercial. Je ne suis pas là pour parler de ce film, mais il mérite, selon moi, une réhabilitation, car, au-delà de son aspect film érotique M6, il reste un brûlot sur sa vision de la vie à Las Vegas malgré un cynisme absolu.

La formule Verhoeven fonctionnera d’ailleurs en 1997 avec la sortie de Starship Troopers, film de SF ouvertement critique sur l’omniprésence des médias au cours de la guerre du golf et le voyeurisme qui en découle. On aime ou on aime pas, mais Verhoeven est clivant et son style est souvent synonyme de violence gratuite.

Alors, c’est Valable ?

Total Recall fait partie de cette catégorie de films qui sont excellents si vous les avez découverts en leur temps ou si vous êtes sensible au cinéma des années 80/90, mais qui est compliqué à découvrir aujourd’hui. Le rythme est assez lent, pas mal d’effets et d’incrustation subissent le poids des années et les personnages n’ont peu ou pas de nuances. Les méchants sont TRÈS méchants et les gentils sont des petites boules d’amour capables de vous égorger à mains nues.

Le film s’éloigne radicalement de la nouvelle à partir de la scène d’implantation des souvenirs. Je vous conseillerai alors de vous pencher sur la nouvelle adaptation avec Colin Farrell, qui bien que peu fidèle également, sera plus fidèle dans son ambiance K. Dickienne sur le rapport rêve/ réalité et mérite un peu plus de considération selon moi.

Une petite pièce également dans notre machine à Richard Darbois qui, après Biff Tannen et Mad Martigan, double ici Richter. Il y a fort à parier qu’on le retrouvera dans la quasi totalité des chroniques à venir tant on entend sa voix sans discontinuer depuis les années 80.

Alors oui, regardez Total Recall, il fait partie des classiques de la SF, mais soyez indulgent, tout le monde n’a pas la chance de vieillir comme Michel Drucker. Mais après tout, avez vous vu Total Recall, ou l’avez vous seulement rêvé ?

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