Entre Captain America et Avengers
Fiche
Phase 3 du Marvel Cinematic Universe | |
Titre | Captain America : Civil War |
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Réalisateurs | Anthony Russo, Joe Russo |
Scénaristes | Christopher Markus, Stephen McFeely |
Acteurs | Chris Evans, Robert Downey Jr., Scarlett Johansson, Sebastian Stan, Jeremy Renner, Don Cheadle, Anthony Mackie, Paul Bettany, Elizabeth Olsen, Daniel Brühl, Tom Holland, Paul Rudd, Marisa Tomei, Emily VanCamp, Chadwick Boseman, Frank Grillo, Martin Freeman, William Hurt et Stan Lee |
Titre original | – | Date de sortie | 27 / 04 / 2016 |
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Pays | États-Unis | Budget | 250 000 000 $ |
Genre | Action, Aventure, Science fiction | Durée | 2h 26 |
Steve Rogers est désormais à la tête des Avengers, dont la mission est de protéger l’humanité. A la suite d’une de leurs interventions qui a causé d’importants dégâts collatéraux, le gouvernement décide de mettre en place un organisme de commandement et de supervision. Cette nouvelle donne provoque une scission au sein de l’équipe : Steve Rogers reste attaché à sa liberté de s’engager sans ingérence gouvernementale, tandis que d’autres se rangent derrière Tony Stark, qui contre toute attente, décide de se soumettre au gouvernement… |
Critique
À l’origine, Civil War était un des crossovers les plus mémorables offerts par Marvel. Désormais, il est un film. Une adaptation confiée aux bons soins des frères Russo. Une récompense bien méritée après avoir offert au Marvel Cinematic Universe un de ses meilleurs films avec Captain America: Le Soldat de l’Hiver. Toutefois, cela n’empêchait pas à plusieurs questions de me tarauder l’esprit avant la séance. Est-ce que les frères Russo vont prouver que Le Soldat de l’Hiver n’était pas une exception ? Est-on devant un Captain America ou un Avengers ? Et surtout, pardi, il est si excellent que ça, Spider-Man ?
Déjà, non, Le Soldat de l’Hiver n’est pas une exception. Les frères Russo prouvent avec Captain America : Civil War qu’ils sont de la trempe des plus grands. D’excellents augures pour Infinity War. Ce qui frappe d’emblée, c’est l’action qui a monté un cran plus haut. À chaque Captain America qui passe, l’action devient de plus en plus folle. Niveau chorégraphies, on confine désormais au sublime. C’est à la fois poétique et brutal. Le combo de rêve.
Dans le film du jour, on a de tout : de l’action à la Avengers, de l’action à la Soldat de l’Hiver (comprendre par-là, inscrit dans un contexte espionnage/militaire assez réaliste) et surtout une bataille totalement folle qui démonte tout ce qui a été fait auparavant. Je n’ai pas envie de rentrer dans le jeu #TeamBatmanVSuperman ou #TeamCivilWar, mais alors que je pensais que Batman v Superman allait envoyer l’action la plus impressionnante (surtout avec Zack Snyder aux manettes), Civil War l’enterre. Et profond ! Heureusement donc que le film DC est sorti avant.
Quand Captain America rencontre Avengers, une histoire de rupture de ton
Par contre, le film n’est pas parfait. Son défaut n’est pas compliqué à trouver. Il se pose là. En plein milieu. Après, je pense que ça ne gênera pas la plupart des gens, mais le point qui m’a déçu, c’est que le film est un jeu d’équilibriste entre être un Captain America et être un Avengers. Au final, il est un mélange des deux alors que j’attendais vraiment un Captain America 3 pour conclure la superbe trilogie inaugurée par First Avenger.
Attention, dans l’ensemble, il s’agit tout de même d’un nouvel opus de la saga consacrée à la Légende Vivante. Surtout si on exempt l’intégration du nouveau Spider-Man et d’une bataille légèrement forcée. Deux passages, identifiables par l’humour Marvelien typique qu’ils distillent, qui provoquent une rupture de ton assez marquée.
Pour résumer, le ton du film est semblable à celui du Soldat de l’Hiver. L’humour est réduit au strict minimum (pour ne pas dire aucun). Puis pendant trente minutes, c’est la déferlante. Comme pendant un trajet, quand on est obligé de se retenir de faire pipi. Quand vint le moment où on peut enfin de se lâcher, c’est l’extase. C’est l’explosion. C’est l’hymne à la joie. C’est le rhââ lovely ! Attention, je ne dis pas que l’humour, c’est du pipi, car ça offre tout de même un des meilleurs passages du film du jour et je ne doute pas que nombreux seront ceux qui le considérons comme LE meilleur. De mon côté, je me suis éclaté comme pas possible. J’ai bien rigolé et je suis totalement tombé sous le charme de Spider-Man ! Si son film à venir conserve le même style, on va sans doute avoir la meilleure Araignée de tous les temps. Celle du comic, en fait.
Je m’autorise une petite parenthèse « araignesque » dans cette critique pour parler du nouveau Tisseur joué par Tom Holland. Toi, le fan qui rêvait d’avoir un Spidey balançant des blagues absolument délicieuses durant un combat (même si The Amazing le faisait). Un Spidey totalement à côté de la plaque (dans le bon sens du terme). Eh bien, tu l’auras sur Civil War. C’est juste… parfait ! Voilà, le Spider-Man que je connais. Avant de fermer la parenthèse, une mention spéciale à sa superbe tante.
La meilleure bataille super-héroïque de tous les temps
D’une durée d’environ une demi-heure, la bataille phare, le six contre six, offre le sommet du genre super-héroïque. C’est simple, ce qu’on voit dans la bande-annonce ne représente que 10 % de ce qu’il y a dans la bobine finale. C’est over the sky. Non, c’est over the sun. Ils vont avoir du boulot, les Russo, pour faire mieux avec le prochain Avengers. Par contre, il y a toujours cette petite pointe de déception dont je n’arrive pas à passer outre. Même si la bataille relève du jamais-vu au cinéma avec six individus à pouvoirs contre six autres individus à pouvoirs, quand on regarde le comic, ça fait un peu… vide (en même temps, à la base, c’était un vingt contre vingt – style Kick-Ass 2). Personnellement, je ne m’en fais pas trop pour l’oublier avec le temps. D’ailleurs, j’ai déjà hâte de revoir ce combat. En fait, c’est dommage d’avoir posé les hostilités dans un lieu aussi grand que cet aéroport, ça renforce justement cette impression de vide. D’un autre côté, ça donne davantage de latitude aux combattants pour faire des prouesses, et Dieu sait qu’ils en font. Mais pourquoi ne pas avoir fait rencontrer les combattants dans un lieu clos pour ensuite poursuivre dehors ?
Pour en revenir à mon reproche, cet interlude casse à mon goût le traitement « Soldat de l’Hiver » que suivait magnifiquement jusque-là l’intrigue. C’était un véritable prolongement du style sérieux du deuxième Captain America dont beaucoup, moi y compris, ont adoré.
Au final, j’ai trouvé le film moins poignant que Le Soldat de l’Hiver qui m’arrache systématiquement des larmes à chaque visionnage : le combat Bucky contre Cap, c’est un véritable déchirement pour mon cœur de fan. Comme je l’ai dit au-dessus, l’explication est assez simple à trouver, c’est la sauce Avengers dans ce hamburger Captain America. Si le récit suit vraiment Steve durant la première heure, il s’en détache pour devenir une intrigue plus dense, à la Avengers. Impliquant une narration moins intime et, par extension, moins propice à des émotions, avant d’y revenir pour le climax et son combat final d’une violence assez déchirante. Captain America et Iron Man se mettent vraiment sur la gueule. Par contre, la première heure contient une sublime scène. Encore plus touchante, quand on a revu les deux épisodes précédents, les deux jours précédant la séance. C’est spécialement cette scène-là qui m’a fait regretter de ne pas avoir un vrai Captain America 3… Tout est de la faute de cette scène, en fait. Saleté de scène ! Malgré tout, cette déception ne me fera pas oublier l’immense film qu’est Captain America : Civil War.
Car on parle bien d’un putain de film. Il introduit superbement deux personnages : le fameux Spider-Man et aussi, Black Panther. Un personnage d’ors et déjà captivant grâce à son gros charisme et son background excitant. Le nouveau Marvel Studios livre une intrigue tendue comme un haut taille 36 sur Rebel Wilson en mettant en avant la confrontation des amis d’hier. L’ensemble est très rythmé, à la manière de Batman v Superman (les incohérences en moins). Ce qui est excellent avec cette confrontation, c’est que les deux points de vue (#TeamIronMan et #TeamCap) se défendent. Évidemment, naturellement, on penchera davantage vers celui de Cap (mince, on est dans son film ou non ?). À moins que ce soit mon cœur de fan du porte-bannière étoilé qui parle ?
Réinventer le comic
On s’éloigne donc des comics où Tony Stark passe pour un, excusez le terme, gros con. Robert Downey Jr. livre ici une performance à mille lieux de tout ce qu’il avait fait auparavant. Aucune blague à son actif. Oui, je suis sérieux, aucune… On change de registre pour un personnage plus sombre et plus torturé, dans la lignée de L’Ère d’Ultron, mais en pire. Et l’acteur est impeccable. La confrontation de son personnage avec Steve Rogers fait des étincelles (parfois même littéralement). Les scénaristes ont fait un excellent boulot sur le sujet en faisant monter la tension au fur et à mesure qu’on approche du dénouement sans que ça ne paraisse forcé. Les deux héros emblématiques du Marvel Cinematic Universe débattent vraiment sur le sujet au lieu de s’attaquer directement.
Si auparavant, j’avais dit que le combat entre les deux teams semblait forcé, c’est qu’elle l’est. Néanmoins, pas autant que celui de Batman contre Superman. Par contre et surtout, elle s’explique. C’est drôle aussi de voir comment une même évocation provoque deux comportements diamétralement opposés entre ce film et celui de DC. Tu ne comprends pas ? Ne t’inquiète pas, cette phrase prendra tout son sens après avoir vu le film.
J’ai aussi adoré le fait que le récit se balade dans le monde entier, le tout en gardant le spectateur informé via une utilisation de textes assez originale pour un film du genre. Cela confère à l’histoire une portée planétaire permettant justement d’appuyer les enjeux et ça fait découvrir du pays. En plus de ça, la réalisation et la photographie sont toujours aussi excellentes et balancent quelques jolis plans.
Ah, que ça fait du bien de rentrer dans cette balise et pouvoir se lâcher. Car après ce genre de films, on a qu’une envie, en parler. Car il y a tellement de choses cools à commenter.
Déjà, les excellentes blagues de Spider-Man. Franchement, j’étais surpris. Dans la saga The Amazing, il avait cette tchatche, mais je n’ai retenu aucune de ses blagues. Alors que là, il n’arrête pas. Il m’a trop fait rigoler ! Bordel, cette référence à ce « vieux film qu’est l’Empire contre-attaque ». P’tit con, va !
D’ailleurs pour embrayer avec ça. Ant-Man, ou devrais-je dire, Giant-Man ? Quelle éclate. Quelle éclate ! Durant la séance, j’étais là : « Noooooon. Ils n’ont pas osé ? ». Paul Rudd n’apparaît suffisamment dans le film pour mériter d’être crédité sur l’affiche, mais quand il vient, il sait mettre l’ambiance. Quand je dis ça, je pense à sa poigne avec Captain America. Certes, je critique cette rupture de ton dans ma partie « en clair », mais quand t’es devant, tu ne peux que t’éclater comme un gamin qui a été sage toute l’année, un matin de Noel.
Et ce bisou ! Ce bisou entre Sharon et Steve avec les deux gars qui sourissent derrière. Enfin, « il était… temps ! ». C’est cette histoire d’amour trop vite aperçue qui m’a fait regretter la tournure Avengers du film. En fait, c’est de ma faute. Je voulais tout simplement un nouveau Soldat de l’Hiver. Ça aurait été n’importe quel autre super-héros, ça ne m’aurait pas dérangé, mais j’adore tant Captain America qu’il mérite tous les films en solo du monde.
Concernant le vrai méchant du film, Helmut Zemo incarné par un impeccable Daniel Brühl, j’ai apprécié. On se détourne du personnage du comic et résultat, j’ai été surpris. En fait, un peu à l’image du long-métrage qui finalement ne suit que très peu le comic de Mark Millar (seul l’esprit subsiste). Non seulement, Zemo surprend mais, bizarrement, il m’a aussi ému grâce à son excellent monologue final. Avec lui, on trouve une nouvelle parallèle avec Batman v Superman. À la manière d’un Lex Luthor, Zemo provoque l’affrontement entre Captain America et Iron Man. Sauf que lui, réussit son coup en provoquant une véritable fracture et la « fin » des Avengers. Alors que Lex Luthor nous a fait une Loki.
Pour boucler cette critique, un commentaire sur l’évènement tant attendu. L’événement qui a fait du comic Civil War, la référence qu’il est : la mort de Captain America. Finalement, ce n’est pas arrivé. Un moment, j’ai serré mes fesses en voyant Bucky totalement ravagé par Iron Man. Ce bras… Je m’étais dit que si Captain America ne pouvait pas mourir, pourquoi ne pas tuer Bucky alors ? Gros soupir de soulagement donc quand Steve est intervenu.
Si Captain America ou Iron Man étaient morts dans le film, j’aurais sans doute donné la note maximale en dépit de ce défaut « rupture de ton » qui me gêne. Mais je pense que j’aurais aussi pété les plombs à l’idée de ne plus les revoir. Ou plutôt de ne pas les voir dans Infinity War, l’apothéose annoncée du Marvel Cinematic Universe. Car les morts du MCU sont des points de non-retour. Ce pauvre Quicksilver peut en témoigner. Coulson aussi. Ouais, d’accord, il n’est pas mort, mais il a été rétrogradé à la télé, c’est pareil. Blague mise à part, on sait que pour Coulson, c’était davantage pour récompenser son interprète et donner un coup de boost à la série. Car il est clair qu’on ne le reverra jamais dans un film du MCU. Même s’il ne faut jamais dire jamais. En tout cas, je sens qu’Infinity War sera le diptyque à craindre, car mourir face à Thanos, c’est ce qu’il y a de plus glorieux pour un super-héros Marvel.
Par Christophe Menat qui a envie de se refaire une séance sans s’attendre à un vrai Captain America 3, le .
Conclusion
Pas mon Marvel préféré, la faute à une rupture de ton assez déstabilisante en milieu de film, faisant temporairement de ce Captain America, un Avengers, mais Captain America : Civil War reste néanmoins l’un des meilleurs films Marvel et à jamais celui qui a introduit le meilleur Tisseur possible, celui qui a offert une des batailles les plus funs jamais vues au cinéma et cette tragique lutte fratricide entre Steve et Tony dont l’apothéose a été un moment difficile à supporter pour mon petit cœur. Puis comme d’hab’, c’est trop court !
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9/10 |