Fiche
X-Men Cinematic Universe (Marvel/Fox) | |
Titre | Deadpool |
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Réalisateur | Tim Miller |
Scénaristes | Rhett Reese, Paul Wernick |
Acteurs | Ryan Reynolds, Morena Baccarin, Gina Carano, T.J. Miller, Ed Skrein, Brianna Hildebrand, Stefan Kapicic, Stan Lee |
Titre original | – | Date de sortie | 10 / 02 / 2016 |
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Pays | États-Unis, Canada | Budget | 58 000 000 $ |
Genre | Action, Aventure, Comédie, Science-fiction, Thriller | Durée | 1h 46 |
Deadpool, est l’anti-héros le plus atypique de l’univers Marvel. A l’origine, il s’appelle Wade Wilson : un ancien militaire des Forces Spéciales devenu mercenaire. Après avoir subi une expérimentation hors norme qui va accélérer ses pouvoirs de guérison, il va devenir Deadpool. Armé de ses nouvelles capacités et d’un humour noir survolté, Deadpool va traquer l’homme qui a bien failli anéantir sa vie. |
Critique
Je ne vais pas revenir sur les origines du film, j’en ai déjà suffisamment parlé dans d’autres articles. J’en ferais juste un résumé express : apparition catastrophique dans X-Men Origins: Wolverine, fans pas content, Ryan Reynolds bien décidé à redorer le blason du personnage, association avec Tim Miller pour un essai, fuite de l’excellent essai sur le net, fans en délire, la Fox se dit qu’elle tient peut-être un bon coup, réalisation du film et voilà, nous sommes à la sortie du film. Et même plus, du Marvel de l’année ?
Deadpool le film redore le blason du personnage et est une des aventures les plus barrées jamais vues au cinéma. Une poilade non-stop sur une heure quarante. Voici les deux phrases que j’aurais aimé écrire dans cette critique. Finalement, si vous vous êtes jetés sur la note avant de commencer à lire la critique, vous savez que ce n’est pas le cas. En soi, on peut trouver la note sévère, mais elle illustre bien ma frustration. J’attendais beaucoup de ce film, sans qu’il ne soit une de mes plus grosses attentes de cette année. Pourquoi, ne l’a-t-il pas été ? Tout simplement, parce que d’un, j’ai du mal avec le personnage à cause de son humour lourdingue. Il n’est jamais aussi meilleur dans des aventures en équipe, car son humour est alors diffusé à petites doses, ce qui le rend davantage drôle.
Deuxièmement, si j’avais été conquis par le magnifique costume et la première bande-annonce, plus les bandes-annonces défilaient, plus je commençais à craindre les limites du film. Car il faut dire que chaque nouvelle bande-annonce n’apportait pas grand-chose laissant craindre un « j’ai déjà tout montré ». Et c’est le cas. Déjà, pratiquement toutes les meilleures blagues films sont dans la bande-annonce. Ce fait a développé chez-moi un sentiment de déjà-vu. Certes, il y a des blagues inédites, mais je les ai trouvées assez moyennes. Seul l’excellent générique d’ouverture fait figure d’exception. Pour pousser la confession jusqu’au bout, je n’ai pas ri une seule fois. Par contre, je vous rassure, j’ai pas mal souri.
Pas de rires pour cette comédie
Comment analyser le problème ? Je ne vois que deux pistes. Soit j’ai déjà vu les meilleures blagues, donc difficile de rire quand on raconte, pour la cinquième fois, la même blague. Soit, le film n’est effectivement pas drôle. Il faut dire que c’est du bas de front, mis à quelques exceptions comme la Taken Joke ou la Xaviers Joke, et c’est vraiment vulgaire. Pourtant, je ne suis pas ce qu’on peut appeler une vierge effarouchée. Dans ma jeunesse, je raffolais de Bigard et niveau vulgarité, le bonhomme se pose là. Seulement là, la vulgarité est discontinue. Sodomie, couille, caca, tout y passe à peu près. En y réfléchissant avec le recul, je me rends compte qu’il y a une troisième piste. La mauvaise traduction via les sous-titres. Traduire l’humour est probablement une des tâches les plus ardues au cinéma et les sous-titres ont aussi un défaut commun, elles abrègent\synthétisent souvent les répliques. Or dans l’humour, chaque mot, chaque intonation a son importance. Il n’y a qu’à voir certaines répliques qui ont changé par rapport à la bande-annonce. Ainsi, le « Je plains le puceau qui voudra se la faire. » déclamé par Deadpool devient une réplique fade.
« Trois paragraphes sur l’humour. Mais t’as pété les plombs, Marvelll ? On est dans un film de super-héros, là. Il y a d’autres trucs quand même. ». Pas vraiment, car Deadpool est avant tout une comédie super-héroïque, plus qu’un film d’aventure. En effet, la trame est réduite au strict minimum. Ce n’est pas dérangeant dans la mesure où les trames des aventures du mercenaire rouge n’ont jamais été très développées. Euh wait. Je viens de dire une énorme connerie. Les comics du mercenaire avec une bouche ont au contraire des trames développées dans le sens où elles partent dans des énormes délires. Il n’y a qu’à voir l’association entre Deadpool et Thanos (Deadpool Vs. Thanos) ou Deadpool massacre Marvel. Deadpool a tendance à développer des plans ultra compliqués pour résoudre une situation qui n’en nécessite pas. Dès lors, dommage de voir que la trame du film reste désespérément sage. Le plus désespérant réside sur le point qu’il ne s’agit à proprement parler que d’une aventure romantique. Pas vraiment ce que j’attendais vraiment de Wade Wilson.
Ce n’est donc pas étonnant de voir que les meilleurs moments du film sont quand le film sort des rails et se permet des excentricités comme avec Colossus et Negasonic. Je profite de parler de Colossus pour pointer sur un autre défaut du film. Si le costume est impeccable, il y a encore du travail sur l’esprit du personnage. En cela, les traitements de Deadpool et Colossus sont similaires. Physiquement, ce sont les gars du comic. Ils font même partie des personnages les plus fidèles, à la manière du MCU et du DCEU. Par contre, psychologiquement, c’est une autre histoire. Colossus devient un père-la-pudeur. À balancer sa morale à tout bout de champ et à vouloir inviter Deadpool chez les X-Men, on en est à se demander s’il s’agit bien de Colossus. De plus, Deadpool chez les X-Men… Dans le film, c’est le personnage qui refuse, alors que dans le comic, c’est l’inverse. Personne ne veut de lui. C’est un tueur de sang-froid et un fou. Ingérable. Il n’a pas DU TOUT sa place chez les X-Men dont la vocation est de donner une bonne image des mutants au monde entier (par contre, X-Force, c’est une autre histoire). Et c’est là que c’est drôle. Personne ne veut de Deadpool, il est insupportable ! Et au cinéma, il devient un personnage héroïque bad-ass. Euh, il y a tromperie sur la marchandise, là ! Ce sont des petits détails qui font toute la différence encore une fois. On n’est pas au niveau de X- Men Origins: Wolverine (on ne peut pas faire pire, de toute façon), mais il y a encore du travail.
C’est un vrai regret. Car j’osais espérer voir un Deadpool totalement barge et purement sadique. Un vrai Deadpool, quoi. Pas un super-héros doublé d’un comique (Spider-Man occupe déjà le créneau). D’ailleurs, ça me fait penser un autre truc. Dans le film, le personnage brise le quatrième mur (et même plus) sans que ce ne soit vraiment expliqué. Il aurait peut-être fallu développer la conscience du personnage. Que ce dernier sache pertinemment qu’il est dans un film Marvel. Les autres le prendraient pour un fou alors qu’il est tout simplement conscient, c’est d’ailleurs pour ça qu’il fait n’importe quoi. Après tout, on s’en fout, on est dans un film/comic. Or cela a été effacé au profit d’une intrigue romantique tombant un peu comme un cheveu dans la soupe, même si ça permet de profiter de la magnifique Morena Baccarin dans de tenues affolantes. Merci Deadpool pour ça.
Une origin story sans vraiment d’inspiration
Par derrière, le film est une origin story (forcément) jouant avec la chronologie. En règle général, ce jeu donne souvent lieu à des excellents passages, sauf que c’est ici assez mal amené et surtout, ça plombe le rythme. On démarre en fanfare avec LA scène d’action du film, puis on se retrouve avec un truc un peu pourri avec un méchant bof, Ajax (Ed Skrein), dont l’acolyte, Angel Dust (Gina Carano), a autant de répliques qu’un mur. Au moins, on peut bénéficier de deux caméos assez réussis (S… … et B..). Côté action, c’est sympathique sans se révéler transcendant (les meilleurs passages sont dans la bande-annonce, et, à ma grande surprise, il n’y pas grand-chose en plus). Les chorégraphies sont sympathiques, les combats impliquent des démembrements (ça reste quand même gentil, on n’est pas dans The Raid 2). En fait, la violence, faut la chercher quand même. L’interdiction aux moins de 12 ans vaut surtout plus pour la vulgarité des répliques que pour la violence.
Pour boucler cette critique, un mot concernant la réalisation. Alors là, c’est la déception. Bordel, Tim Miller ! Tu as fait les effets spéciaux de Scott Pilgrim ! Le film a coûté pareil que Deadpool et est bien plus inventif. On parle tout simple d’un des films les plus barrés de tous les temps visuellement. C’est ça que j’attendais pour Deadpool. Des délires visuels dans tous les sens. Pas un truc sage, dont les seuls côtés qui sortent du lot sont les répliques et la prestation de Ryan Reynolds. Le mec est absolument génial dans la peau du personnage. Quand il enlève le costume, il devient moins cool, mais dans le costume, l’éclate totale ! J’adore son jeu du corps pour pallier à l’absence d’expressivité du masque. Si seulement, la réalisation avait suivi, ça aurait pu donner un nouveau Scott Pilgrim. Un très grand film.
Par Christophe Menat content de pouvoir tenter d’oublier le Deadpool d’X-Men: Origins de sa mémoire (seulement tenter, car le trauma reste trop fort), le .
Conclusion
Ce n’est ni la déception, ni la satisfaction qui me domine après avoir vu Deadpool. Juste la sensation d’avoir passé un bon moment, sans plus. Si ce n’était pas un Marvel, ça aurait été un film sympathique aussi vite vu, aussi vite oublié. Seulement, il s’agit d’un Marvel et d’un de ses meilleurs personnages, en plus d’en être le plus dingue. Dès lors, se retrouver avec ce film relativement sage, ne sortant des sentiers battus que par ses répliques et ses notes d’humour, ça a de quoi frustrer. Fort heureusement, on peut espérer une suite relevant le niveau en allant encore plus loin dans le délire et, pourquoi pas, s’inspirer de Scott Pilgrim visuellement.
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5/10 |