Critique : Detective Dee : le mystère de la flamme fantôme

Le Sherlock Holmes asiatique

Titre original : Di renjie zhi tongtian diguo

Réalisé par Tsui Hark (réalisateur de Double Team et Double Dragon, ne l’oublions pas)

Avec Andy Lau (le magnifique Infernal Affairs, rien à voir avec le remake américain Les Infiltrés), Bingbing Li (Le Royaume Interdit, le mega crossover avec Jackie Chan et Jet Li), Tony Leung Ka Fai, Chao Deng et Carina Lau (vu dans l’excellent The Blade de justement Tsui Hark).

Date de sortie : 20 avril 2011
Genre : Action, Crime, Thriller
Durée : 2h03
Distributeur : Le Pacte

Inspiré de l’histoire d’un authentique détective de la Chine des Tang, Detective Dee a fait l’objet d’une série de romans cultes (par Robert Van Gulick). L’histoire se déroule en Chine, en l’an 690, durant la période trouble correspondant à l’ascension de l’impératrice Wu Ze Tian. Une série de meurtres a lieu. L’impératrice décide alors de faire appel au seul homme capable de percer ce mystère : le juge détective Dee, de retour après huit ans de prison pour insolence et insubordination…

Je n’irais pas par quatre chemins. Detective Dee est une grosse déception. Ce qui s’annonçait être un excellent divertissement n’est qu’un film sans aucune originalité et chiant ! Je vais tenter de m’expliquer dans les lignes suivantes.

Un mélange à la Tsui Hark

Le réalisateur est connu pour proposer des films complètement fous et c’est bien là que le bât blesse. S’il dispose d’une ambition certaine malheureusement les moyens ne suivent pas… Les effets spéciaux sont horribles, mais vraiment horribles ! Au début, on se dit que ce n’est pas trop mal, ça se voit mais ça passe. Toutefois, passé le tiers du film, ça devient catastrophique.

Difficilement de ne pas pouffer de rire intérieurement devant le combat entre Dee et des cerfs tellement ces derniers sont tellement mal modélisés. On peut aussi ajouter un autre combat où les combattants se balancent des troncs d’arbres. L’idée est bonne mais la pratique est encore une fois ratée. Le film dispose de pleins d’autres exemples comme les combustions spontanées aux FX dignes de la fumée noire de Lost.

Ça commence mal parce qu’on sait que des effets spéciaux ratés et de surcroît visible à trente kilomètres n’encouragent pas à rentrer dans le film mais ça n’a pas empêché certains films d’être tout de même réussis. Intéressons-nous alors à l’intrigue, seule façon de sauver le film de l’iceberg où il fonce tel un vulgaire Titanic.

Un film Shōnen* façon Hollywood ?

Déjà rien que le titre : Détective Dee : Le Mystère de la flamme fantôme fait irrémédiablement penser à un épisode de Professeur Layton, ce jeu vidéo sorti sur DS que nos chères têtes blondes adorent (Professeur Layton et le Destin Perdu, Professeur Layton et la Boîte de Pandore). M’enfin, ça passe plus pour de l’anecdote qu’autre chose.

Toutefois, impossible en regardant le film à ne pas penser aux Shōnen que j’ai lu, il y a des années lors de mon adolescence. Deux me viennent principalement à l’esprit : Naruto et Detective Conan.

Pour le premier, c’est surtout un combat qui m’y a fait penser : celui où Dee et ses compagnons affrontent le grand prêtre et ses marionnettes, on pense au combat entre Sakura et un méchant aux multiples marionnettes.

Pour le deuxième, c’est vraiment dans l’intrigue qu’on trouve beaucoup de similarités (premiers meurtres, Conan arrivent, enquête, quelques péripéties puis des twists finals et une conclusion totalement loufoque car improbable) pas étonnant vu que ce dernier s’inspire des enquêtes de Conan Doyle et Sherlock Holmes.

D’ailleurs parlons de Sherlock Holmes, impossible en regardant Detective Dee de ne pas penser au Sherlock Holmes avec Robert Downey Jr (Iron Man). Mais je préfère nettement son homologue britannique beaucoup plus solide, pas d’effets spéciaux ridicules, un méchant bien classe, de l’humour et des scènes d’actions réussies.

Detective Dee partage aussi avec les Shōnen cette même propension à une exagération et possède un vilain qui ne peut pas s’empêcher de l’ouvrir : je balance mon plan et quand il tombe à l’eau, j’hurle « Non, je perdrais pas ! Non ! ». On dirait franchement un gamin de cinq ans ! Ça pourrait passer si le film ne se prenait pas aussi au sérieux. Au moins, ça a le mérite d’avoir fait rigoler tout le monde dans la salle.

De plus, le film propose une idéologie assez pitoyable où même si c’est une grosse mégère, Dee soutient l’impératrice…

Spoiler

… même si elle veut le buter. Encore plus incompréhensible quand on sait qu’il a été emprisonné par cette dernière pour justement s’être révolté ! Le comble est quand même ce twist final digne de Hero mais on est bien loin du chef d’œuvre de Zhang Yimou, c’est presque même une insulte d’en parler pour ce Detectvie Dee !

Je ne comprenais pas le pourquoi de cette idéologie assez pitoyable, le Mad Movies de ce mois-ci a éclairé ma lanterne : il s’agissait tout simplement d’une contrainte exercée par le marché chinois sous l’aveu de Tsui Hark. En effet, il est impensable en Chine de remettre en cause le pouvoir en place. Faut pas donner des idées au peuple !

* : shōnen signifie adolescent en japonais. Il est exclusivement utilisé pour désigner un type de manga, le shōnen manga, le manga pour jeune garçon.

Ben c’est une daube alors ?

Ce serait un peu trop sévère, le film propose des plans magnifiques, une belle photographie, une musique envoûtante et d’excellents combats mais ses défauts beaucoup trop lourd m’ont gâché le plaisir de ce spectacle. Comment apprécier un film qui cumule les défauts des blockbusters hollywoodiens, des Shōnen et des DTV (effets spéciaux vraiment moisis) ?

Il conviendra à un public pas trop exigeant ou aveuglé par le made in HK du film: oui, oui, il y a des gens comme ça qui sont capables de te dire qu’un film HK déchire alors qu’il est quasiment semblable à un film hollywoodien que ce même mec a descendu. Je ne sais pas ce qui leur passe dans la tête pour devenir aveugle devant les défauts qu’ils reprochent justement aux films hollywoodiens. Prenons un exemple, World Invasion, il a été descendu parce qu’il proposait une vision un peu trop patriotique des États-Unis du genre les marines sont les meilleurs, les plus braves, les plus courageux et bizarrement, ça ne pose plus de problèmes pour un film made in HK qui est parfois pire comme pour Détective Dee où même si l’impératrice bute tout le monde dans son entourage donc est une grosse « #*$, ce n’est pas grave. Effarant!

Je suis vraiment déçu par ce Detective Dee, encore plus car j’adore Andy Lau!

Vaut mieux se retourner vers un Hero ou encore le récent Les Trois Royaumes (surtout la version longue) pour bénéficier d’un bon film épique. Pour le côté action et humour, tournons-nous vers l’homologue britannique de Detective Dee : Sherlock Holmes.

Sa scène culte : je cherche encore…Peut être le combat contre les cerfs pour la crise de fou rire intérieure qu’il m’a procuré.

Note : 4/10

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