Critique : Wrong

Wrong… Turn, faites demi-tour et partez

Fiche

Réalisateur Quentin Dupieux (Rubber)
Scénariste Quentin Dupieux
Acteurs Jack Plotnick (Rubber), Eric Judor (Halal police d’Etat), William Fichtner (Hell Driver), Alexis Dziena (C’était à Rome), Steve Little
Titre original Date de sortie 5 septembre 2012
Pays France Budget 1 000 000 $
Genre Comédie, Drame Durée 1h34

Dolph a perdu son chien, Paul. Le mystérieux Master Chang pourrait en être la cause. Le détective Ronnie, la solution. Emma, la vendeuse de pizzas, serait un remède, et son jardinier, une diversion? Ou le contraire. Car Paul est parti, et Dolph a perdu la tête.

Critique

Un film « Quentin Dupieux » est à ce qu’il paraît un voyage assez atypique ne répondant pas aux structures narratives actuelles. N’ayant vu ni Steak, ni Rubber, je ne savais pas du tout à quoi m’attendre pour Wrong. Eh bien les gars, je n’ai pas été déçu du voyage !

Et pas dans le bon sens. Pourtant, j’étais assez emballé surtout grâce à la bande annonce laissant envisager un voyage complètement loufoque, un peu comme Brazil, un de mes films préférés. Au début, on est assez déconcerté, le bonhomme se réveille sur la sonnerie du réveil qui indique 7h60?! Puis s’ensuit une série d’actions sans queue, ni tête mais partageant une même volonté de distiller une bizarrerie incessante, un peu comme si nous étions dans un rêve. On ne répond plus à aucune logique, les ceintures des voitures sont inversées, on travaille avec le système anti-incendie en état de marche (ça trempe légèrement) sans oublier les discussions assez surréalistes du type : pourquoi le logo de votre pizzeria implique un lapin sur une moto?

Le réalisateur semble vouloir construire Wrong en suivant une série d’idées (assez originales dans l’ensemble) mais il lui manque quelque chose d’essentiel : un fil conducteur et c’est la perte du chien du héros qui est l’élément déclencheur. Tout au long du film, Dolph, le héros, n’est animé que par un objectif: retrouver son chien Paul. Il rencontre alors plusieurs personnes qui l’aideront dans sa quête et en parallèle, on a les aventures loufoques de notre Eric Judor national avec qui Quentin Dupieux en profite pour exacerber encore plus le vice de l’illogique.

En soi, l’idée n’est pas mauvaise, la technique non plus. Le réalisateur pond avec une précision presque chirurgicale une aventure ayant beaucoup à voir avec Rabelais. Chaque évènement est synonyme d’une dérision, d’une incohérence, on a l’impression d’être dans le terrier du lapin avec Alice et non pas à la recherche d’un lapin mais d’un chien.

Seulement… qu’est-ce qu’on se fait chier ! Il ne se passe pas grand-chose à l’écran, j’ai lu dans une interview que le réalisateur voulait instaurer un sentiment de malaise. Mon dieu, qu’est-ce que c’est foiré! Aucun malaise, juste un ennui, un ennui qui vous gangrène et vous bouffant les yeux, un ennui qui supplie votre cerveau de se mettre en veille. Il est là le vrai malaise, pas devant le film mais devant le réalisateur et son acteur venus présenter leur film. Un show sympa quand le film est réussi mais terriblement gênant quand il est foiré.

En fait, le problème, c’est surtout que le film ne va jamais plus loin qu’une succession d’idées, de petits faits. Le réalisateur s’efforce à ajouter par-ci et par-là des dialogues pour permettre de rappeler le fil conducteur au cas où le spectateur – moi – l’a oublié et pour lier l’ensemble. Seulement, vu le peu d’intérêt de cette recherche fait qu’on finit par s’en foutre royalement. Mais que dis-je : « on finit » ? Non, c’est même pire que ça, on ne s’y intéresse jamais. On a juste envie de se barrer pour remater The Big Lebowski ou Brazil, au moins eux poussaient le délire jusqu’au bout. Car si Quentin Dupieux voulait mettre en scène un rêve/cauchemar où nous sommes perdus dans les méandres de l’illogique (le syndrome Alice au pays des Merveilles donc), il aurait fallu que ce soit beaucoup plus barré, beaucoup plus fort, ça reste trop gentil, trop calme, trop propre, trop de qualificatifs qui ne tombent pas dans le bon sens.

Seuls points positifs, la performance de William Fichtner prouvant après Hell Driver que l’acteur américain a un don pour la comédie, chacune de ses apparitions est attendue comme le messie mais elles sont tellement rares… et aussi une séquence hallucinante impliquant un détective privé, une machine pour explorer les souvenirs et une… merde (véridique).

Conclusion

C’est plutôt beau, il y a de l’idée mais qu’est-ce que c’est chiant et mal exploité. Un peu le genre de film qui ferait un bon court-métrage mais qu’on prolonge en une heure et demie. Au bout d’un moment, il n’y a plus à rien à raconter, on tourne en rond et on finit par s’en foutre royalement. On n’attend plus que le réveil pour s’extirper de notre cauchemar (et ce n’est même pas fun).
+ – L’univers
– William Fichtner
– L’idée de départ
– Chiant
– Trop gentillet
– C’est quand que le film commence?
2/10
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