Critique : Mr. Scorsese

Avec ses propos sur le MCU, j’avoue que le père Scorsese, je le regarde un peu de travers (style « OK Boomer »; même si le troll de sa fille m’avait ravi). Mais, surtout, depuis son immense Le Loup de Wall Street (2013), il ne m’a pas vraiment convaincu. J’ai été déçu par Silence (2017), puis encore plus par The Irishman (2019). Il est vrai que je n’ai pas encore vu Killers of the Flower Moon (2023), mais avec sa durée très longue (3h26), j’ai du mal à trouver un créneau – et ses critiques du MCU ne me motivent pas des masses (hum, je radote, et si c’était moi le boomer ?). Bon, là, en vrai, je l’ai un peu oublié.

Reste que Martin Scorsese demeure l’un des plus grands réalisateurs de tous les temps, avec une filmographie jalonnée de chefs-d’œuvre : Taxi Driver (1976), Raging Bull (1980), Les Affranchis (1990), Casino (1995) ou encore Gangs of New York (2002) où il rencontre sa deuxième muse.

Derrière la réalisation de ce documentaire, on retrouve Rebecca Miller, connue pour Les vies privées de Pippa Lee (2009) et Maggie a un plan (2015). Fait intéressant, elle est mariée à Daniel Day-Lewis depuis 1996, l’interprète du fameux Bill le Boucher dans Gangs of New York.

Une carrière immense passée au crible

Et on peut dire qu’elle a mis le paquet : la mini-série documentaire, composée de cinq épisodes, dure au total 4h45. Assez logique, au vu de la carrière inversement proportionnelle à la taille de Scorsese (163 cm pour info) : 26 films et 17 documentaires depuis Who’s That Knocking at My Door sorti en… 1967 ! Dans la vie privée, le bonhomme né le 17 novembre 1942 dans le Queens est tout aussi fascinant ; il a été marié cinq fois et a eu trois filles. Sans oublier ses colères légendaires. L’anecdote du bureau de l’espion d’Harvey Weinstein qui passe par la fenêtre : un bijou.

Rebecca Miller et son équipe prennent le temps de s’attacher à chacun des plus grands films du réalisateur (sauf, bizarrement, Hugo Cabret – dommage, car j’aurais aimé en savoir plus), en suivant l’ordre chronologique. Ils explorent non seulement l’état d’esprit (en n’occultant pas sa part d’ombre) de Scorsese à chaque période, mais aussi les coulisses du tournage et l’impact de chaque film, avec une liste d’intervenants impressionnante, des extraits des œuvres et des images d’archive. Mention spéciale à sa fidèle monteuse, Thelma Schoonmaker, qui analyse chaque œuvre avec précision. Bien sûr, Robert De Niro et Leonardo DiCaprio ont également droit à une place de choix.

Résultat : un documentaire monstrueux, toujours passionnant et superbement rythmé. Avec le recul, on prend pleinement conscience de l’immensité de la carrière de Scorsese. Un documentaire indispensable pour quiconque s’intéresse au maître du cinéma. Ou au cinéma, tout court.