Frank et le Punisher
Fiche
Intégré au Marvel Cinematic Universe | |||
Titre | The Punisher | Titre VO | Marvel’s The Punisher |
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Créateur | Steve Lightfoot | ||
Acteurs | Jon Bernthal, Ben Barnes, Deborah Ann Woll, Paul Schulze, Amber Rose Revah, Ebon Moss-Bachrach, Daniel Webber, Jason R. Moore, Jaime Ray Newman, Michael Nathanson | ||
Saison | 1 | Nombre d’épisodes | 13 |
Date de sortie | 17 / 11 / 2017 | Format | 55 mn |
Genre | Action, Aventure, Drame, Thriller | Chaîne | Netflix |
Après avoir vengé la mort de sa femme et ses enfants, Frank Castle découvre un complot qui dépasse de loin tous les méfaits de la pègre new-yorkaise. |
Critique
Dans mon histoire d’amour avec les séries Marvel pour Netflix, j’étais sorti d’une amère déception. Non, ce n’était pas avec Iron Fist (malgré ses défauts, j’ai adoré et j’assume), mais The Defenders. Des années que j’attendais cette réunion et au final, l’apothéose Avengerienne n’a pas eu lieu. Pour la faire oublier, je comptais donc sur Frank Castle alias le Punisher alias la monstrueuse révélation de la deuxième saison de Daredevil.
Démarrage en douceur, c’est une blague ?
En préparant mon article sur la revue des critiques, j’en étais tombé sur une qui disait que les cinq premiers épisodes étaient profondément ennuyants car lents. Je m’étais alors dit : « Oh mince, on va souffrir à nouveau du syndrome des séries Marvel sur Netflix. ». Ainsi, c’est attendant un démarrage en douceur que j’ai lancé le premier épisode. Ben putain, je n’aurais pas pu être plus mal préparé. Dès ses premières secondes, le show prend aux tripes pour ne plus les lâcher jusqu’au dernier générique. Entre-temps, il les aura bien secouées.
Jamais je n’ai souffert de cette sensation d’une intrigue à rallonge qu’on pouvait avoir chez Jessica Jones et Luke Cage. Après, il y a une particularité. Jusqu’ici, j’avais toujours binge-watché les treize épisodes en deux jours. Seulement, maintenant que j’ai un petit Marvelll, je ne peux plus me le permettre. C’était un ou deux épisodes par soir. Dès lors, chaque soirée, c’était avec une grande excitation qu’on se regardait, ma moitié et moi, une fois que le petit s’était endormi : « Vite, vite, le Punisher ! ». Et si finalement, les séries Marvel pour Netflix n’étaient pas faites pour être binge-watchées ? Je peux tout de même placer un doute, car The Punisher est un show très brillant. Malgré tout, il n’est clairement à ne pas mettre en toutes les mains.
Intrigue tentaculaire
Avant d’attaquer le sujet de la violence, parlons intrigue. Difficile de ne pas penser à Homeland. En plus de l’agence, on y retrouve la même paranoïa et la même fatalité. Comme dans ses meilleurs comic-books, le Punisher n’aura rien d’un super-héros. La moralité discutable du personnage fera plusieurs fois l’objet de questionnement même s’il est traité via un personnage plus extrême (un second rôle semblant anecdotique au premier abord, mais fascinant au bout du compte jusqu’à un final marquant). Si on peut regretter la prévisibilité du déroulement de l’intrigue, j’ai bien du mal à la considérer comme un réel défaut, car à l’inverse des séries du genre qui nous sortent souvent des twists de nulle part, souvent juste pour faire twist (il faut reconnaître que ça marche parfois). Ici, ça reste cohérent et logique de bout en bout. On mise davantage sur le soin apporté à l’écriture. Je n’ai pas repéré une seule faute de goût de toute la saison.
Frank Castle ne sera pas le seul personnage réellement important. Pour son show en solo, on lui adjoint pas mal de personnages secondaires dont un excellent sosie de Carrie Mathison. Miracle, tous les personnages sont parfaitement brossés et intéressants. Dès lors, c’est sans agacement qu’on délaisse Frank pour aller faire un tour chez les autres. Si la multiplication des points de vue fait perdre au fur et à mesure la paranoïa pourtant très forte au début, elle a pour mérite de faire avancer la série. Ainsi, cette dernière évite de camper sur ses positions plusieurs épisodes durant. Je n’ai donc pas ressenti cette sensation de tourner en rond présente chez Jessica et Luke. De plus, les thèmes abordés (stress post-traumatique – SPT, contrôle des armes, les opérations illégales de la CIA, les sociétés militaires privées – SMP) sont passionnants, car d’actualité, et ils ne sont jamais traités d’un point de vue manichéen.
Frank et David
Parmi mes coups de cœur de cette saison, le duo composé du Punisher et Micro (Ebon Moss-Bachrach) est parmi les premiers. C’est avec un vrai régal qu’on voit ce couple se former et se déchirer. L’un des duos les plus mémorables qui m’ait été donné à voir. Un peu à l’image de Roger Murtaugh et Martin Riggs (L’Arme Fatale pour ceux qui ne connaissent pas). Et puis, la blague du sandwich était à mourir de rire. La tête de Frank… Ça me fait rire à chaque fois.
J’ai aussi adoré les méchants. Des méchants dans la lignée des shows Marvel pour Netflix. Si Kilgrave et le Caïd restent toujours les meilleurs à mes yeux, ceux du Punisher ne sont pas loin derrière. D’autant plus que contrairement aux deux cités précédemment, ils sont à l’honneur avec le meilleur combat final pour un show Marvel de Netflix. Un final qui vient conclure une saison qui aura été brillamment maîtrisée. La tension monte sans cesse crescendo et seules les scènes d’action permettent de lâcher du lest.
John Wick, la série
C’était la surprise. Je m’attendais à de bonnes scènes d’action, Punisher oblige. Mais encore une fois, je ne m’attendais à ce qu’un tel soin soit apporté aux détails (comme la buée présente sur les cheveux et le fusil de Frank sur une scène). Ce sont des petits riens, mais qui font toute la différence entre une série artificielle et une série crédible. Les gunfights sont présentés à la manière de John Wick (en moins spectaculaire, toutefois – faut pas déconner non plus). Courtes mais intenses. Les impacts de balle sont réellement présents. On voit le sang gicler quand une balle atterrit dans la tête d’un individu. Ces fameux détails qui comptent.
La violence, maintenant. Parfaite transition, vu qu’on vient de parler de balles dans la tête. Bref, c’est violent. Même très violent dans les derniers épisodes. L’interdiction aux moins de seize ans est plus que méritée. Afin d’asseoir son propos et les thèmes, le show balance une violence jamais gratuite, mais toujours réaliste, à la limite du malsain (surtout pour l’épisode 12 Home, mon préféré de la saison d’ailleurs – suis-je un individu pervers ?). Un excellent point qui permet de prendre conscience du monde qui nous entoure. En effet, les films hollywoodiens ont tendance à réduire la violence. Les personnages se prennent des coups et ne semblent pas réellement en souffrir. Les morts tombent comme un enfant dans une cour de récré. Ici, le Punisher en prendra plein la gueule. À chaque gunfight qui passe, des marques s’inscrivent sur Frank. Même s’il semble avoir un petit facteur auto-guérisseur quand même, il frôle plusieurs fois la mort.
Lettre à Jon
Je termine cette critique en laissant une lettre d’amour pour Jon Bernthal :
Cher Jon Bernthal,
Je vous écris pour vous dire que je viens de voir votre nouvelle série. Que pourrais-je faire de plus que me lever et vous acclamer jusqu’à ce que la douleur aux mains me force à arrêter ?
D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours été un fan de comics. J’adorais les aventures des X-Men, des Avengers ou de Batman. Mais la plus grosse claque que j’ai reçue dans ma vie est quand j’ai ouvert un comic du Punisher. Mais qu’est-ce que c’était ce héros qui tuait les méchants au lieu de les laisser aller en prison afin de pouvoir jouer à nouveau au chat et à la souris la prochaine fois qu’ils s’évadaient ?
Le Punisher avait un nom et un costume qui marquait. L’heure n’était plus à la rigolade, mais à la punition. Si le Punisher rodait dans les parages, cela signifiait la fin pour les méchants. Batman n’était maintenant plus qu’un enfant de chœur à mes yeux. Mais derrière le Punisher se trouvait Frank. Un homme endeuillé. Un deuil bien plus lourd à porter que celui de Bruce Wayne. Un homme qui n’a jamais hésité à se salir les mains par patriotisme. Difficile de ne pas aimer Frank car derrière ses airs bourrus, se cache un grand cœur. Le Punisher est indissociable de Frank et les deux forment un des meilleurs personnages de comics.
Des années plus tard, le Punisher avait été adapté au cinéma. Plusieurs fois. Mais la magie n’était pas là. Son essence était réduite à sa plus simple expression. Le Punisher était là, mais Frank semblait absent.
Encore des années plus tard, vous avez fait vos premiers pas en affrontant Red. Le charme avait déjà largement fait son effet. Le Punisher n’ayant jamais été aussi classe. Maintenant, avec votre série solo, vous avez pu montrer votre Frank Castle et j’ai retrouvé celui des comics. Je ne pense pas que je puisse vous faire un plus beau compliment concernant votre jeu d’acteur. Vous avez réussi avec votre équipe à donner vie à la dualité Frank Castle et le Punisher avec toutes les finesses que demande le personnage.
Donc merci.
Amicalement,
Marvelll
Par Christophe Menat heureux de finir l’année super-héroïque 2017 sur cette note, le 25 novembre 2017.
Conclusion
Je n’aurais pas cru qu’une autre série Marvel de Netflix réussisse l’exploit à surclasser Daredevil dans mon cœur, mais le Punisher l’a fait. Avec brio. Néanmoins, sa série n’est pas à mettre entre toutes les mains, les sujets abordés prêtent à polémique et la violence n’est jamais édulcorée. Finalement, ce ne sera pas la série Preacher qui aura su le mieux adapter Garth Ennis, mais bien The Punisher. Une série dont on n’en sort pas indemne. Allez, j’ose. Chef d’œuvre.
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10/10 |