Critique : Room

On ne s’échappe jamais de la « Room »

Fiche

D’après le roman d’Emma Donoghue
Titre Room
Réalisateur Lenny Abrahamson
Scénariste Emma Donoghue
Acteurs Brie Larson, Jacob Tremblay, Sean Bridgers, Wendy Crewson, Joan Allen, William H. Macy
Titre original Date de sortie 09 / 03 / 2016
Pays Irlande, Canada Budget
Genre Drame, Thriller Durée 1h 58

Jack, 5 ans, vit seul avec sa mère, Ma. Elle lui apprend à jouer, à rire et à comprendre le monde qui l’entoure. Un monde qui commence et s’arrête aux murs de leur chambre, où ils sont retenus prisonniers, le seul endroit que Jack ait jamais connu. L’amour de Ma pour Jack la pousse à tout risquer pour offrir à son fils une chance de s’échapper et de découvrir l’extérieur, une aventure à laquelle il n’était pas préparé.

Photo de Room avec Jacob Tremblay
Après la fille qu’on prenait pour un garçon dans Les Bêtes du sud sauvage, voici le garçon qu’on prenait pour une fille.

Critique

J’attendais depuis le début de l’année mon premier 10 sur 10. J’espérais l’obtenir avec Les Huit Salopards, puis avec Spotlight et enfin avec The Revenant. Mais non. Au final, il a surgi d’un endroit improbable. D’une pièce mystérieuse. De la « Room ».

Quelle claque. Si on peut reprocher au film de Lenny Abrahamson (réalisateur du vraiment spécial, mais envoûtant Frank) quelques longueurs au démarrage, c’est vraiment négligeable comparé à l’expérience. Room est une de ces expériences dont on ne revient jamais totalement. Une de ces expériences qui nous font aimer le cinéma. La « Room » hante longtemps encore après la séance.

Basé sur plusieurs faits divers réels comme l’affaire Fritzl, l’histoire de Jaycee Lee Dugard et celle de Natascha Kampusch où des femmes ont été gardées en captivité et violées par leur ravisseur pendant de longues années, certaines ont même eu des enfants, Room est à la base un roman d’Emma Donoghue qui, fait rare, a signé le scénario de l’adaptation cinématographique. Évidemment, en se basant sur de tels faits divers, on ne peut s’attendre qu’à un récit glaçant. Et Room l’est. Mais la beauté de l’histoire, c’est qu’il ne se contente pas d’être un simple thriller, mais est aussi un drame ultra poignant. La beauté des grands films est qu’ils transcendent les cases imposées par les genres. Néanmoins, la plus belle idée est de se mettre du point du vue de Jack (Jacob Tremblay), le jeune garçon de Ma (Brie Larson) qui n’a connu que la « Room ». À la manière de Les Bêtes du Sud sauvage, ce choix permet une certaine innocence et légèreté sur laquelle on ne crache pas devant tant d’horreurs.

Le combo scénario/réalisation fait des ravages. Du scénario d’Emma Donoghue, j’ai adoré les très nombreuses excellentes répliques qui respirent le naturel et qui rendent les personnages infiniment plus intéressant que ceux de 95 % des autres films. De la réalisation de Lenny Abrahamson, j’en retire l’excellence. L’excellence pour avoir parfaitement réussi à épouser le point de vue du jeune garçon. Les deux cumulés, on a un réalisme tout à fait épatant.

C’est officiel, Leo a volé son Oscar !

Un tel film ne pourrait pas fonctionner sans un grand acteur dans le rôle de Jack. Avec Jacob Tremblay, l’équipe du film a trouvé plus que ça. Une star. Le garçon est absolument époustouflant. Si époustouflant que sa non-nomination aux Oscars pour le Meilleur Acteur est un pur scandale. À moins qu’il ne s’agisse d’un moyen pour que Leo puisse enfin l’avoir. J’ai beau considérer DiCaprio comme mon acteur préféré de tous les temps, il n’a pas été le meilleur acteur en 2015/2016. C’est Jacob Tremblay. Il porte le film sur ses frêles épaules avec une puissance à faire pâlir les dieux de l’Olympe. Le rôle d’une vie.

Pour compenser, on se réconfortera avec l’Oscar décerné à Brie Larson, une nouvelle fois géniale après States of Grace. L’actrice n’a d’ailleurs pas manqué de rendre hommage à son jeune partenaire. Si sa prestation est moins impressionnante, elle l’est tout de même. Par souci de réalisme, l’actrice apparaît dans le film sans maquillage, laissant ainsi transparaître beaucoup d’imperfections au niveau du visage. Ça n’a l’air de rien, mais ça renforce instantanément la crédibilité et permet de plonger la tête en avant dans l’histoire. C’est surtout son duo avec Jacob qui est bouleversant. Une relation si naturelle qu’elle semble être sa vraie mère. La perfection dans leur jeu, c’est de ne plus les voir jouer, mais les voir vivre dans la « Room ».

Je ne vais pas aller plus loin et parler de l’histoire, car je ne veux rien divulguer. Room doit être vu en en sachant le moins possible pour être une expérience hors du commun. Tout ce que je peux faire, c’est vous rassurer en vous disant que non, on ne s’emmerde pas à être coincé dans une seule pièce. Non, le film ne souffre pas de longueurs nous obligeant à engager une lutte mortelle contre la Déesse du Sommeil. Les longueurs dont je parlais au début de l’article sont minimes et surtout dues à ma crainte de s’emmerder.

Aussi, je ne vous dis pas le nombre de fois où les larmes ont coulé tant l’expérience est forte. Et il n’y a pas que les larmes, il y a aussi l’angoisse durant une éprouvante scène. Rarement, je n’ai été aussi démuni et angoissé au cinéma.

Par Christophe Menat content d’avoir trouvé son premier 10 de 2016, le .

Photo de Room avec Brie Larson
Le serpent en neuf.

Conclusion

Un des meilleurs films de l’année sans discussion possible. Quelle expérience bouleversante. Je ne dirais qu’une seule chose d’autre : « Il faut avoir vécu dans la Room au moins une fois dans sa vie ! ».

+

  • Reprenez l’Oscar à Leo et donnez-le à Jacob Tremblay
  • L’alchimie du jeune acteur avec Brie Larson est à couper le souffle
  • Exceptionnellement angoissant
  • Bouleversant émotionnellement parlant
  • Un scénario bourré d’excellentes répliques
  • Réalisation épousant merveilleusement le point de vue du héros

  • Des micro-longueurs au début du film
Trophée10/10
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