Critique épicée : World War Z

Tout, tout, tout, vous saurez tout sur le Z

Fiche

D’après le roman World War Z : Une histoire orale de la guerre des zombies de Max Brooks
Titre World War Z
Réalisateur Marc Forster
Scénaristes Matthew Michael Carnahan, J. Michael Straczynski, Drew Goddard, Damon Lindelof, Max Brooks
Acteurs Brad Pitt, Mireille Enos, Elyes Gabel, James Badge Dale, Fana Mokoena, Daniella Kertesz, David Morse, Matthew Fox
Titre original Date de sortie 3 juillet 2013
Pays États-Unis Budget 190 000 000 $
Genre Action, Fantastique, Science fiction Durée 1h56

Un jour comme les autres, Gerry Lane et sa famille se retrouvent coincés dans un embouteillage monstre sur leur trajet quotidien. Ancien enquêteur des Nations Unies, Lane comprend immédiatement que la situation est inhabituelle. Tandis que les hélicoptères de la police sillonnent le ciel et que les motards quadrillent les rues, la ville bascule dans le chaos…

Critique

World War Z est un très bon bouquin de Max Brooks qui dépeint d’une manière réaliste une guerre mondiale contre des zombies. Il est construit à travers des témoignages postérieurs au conflit glanés partout à travers le monde. La variété des situations décrites, la diversité des cultures des témoins interrogés, la prise en compte des différentes situations géopolitiques de chaque pays ainsi que la richesse des détails rendaient la lecture aussi crédible qu’intéressante.

Les premières images de l’adaptation par Marc Foster laissaient clairement entrevoir que le chemin choisi n’allait pas être le même. Mais l’amateur de films bourrins que je suis n’était pas contrarié pour autant. Si tant est que le projet accouche d’un résultat efficace. Ce qui n’est pas forcément gagné notamment au vu du choix du réalisateur et des nombreuses réécritures du scénario…

World War Z. Un titre un peu trompeur : la guerre qu’il promet n’est évoquée que dans l’épilogue. Ce film relate en fait la belle branlée que se prend l’humanité face aux morts-vivants. Ce qui permet d’accoucher de plusieurs séquences spectaculaires: l’introduction qui plonge d’entrée de jeu dans l’ambiance avec explosions, collisions de véhicules, victimes assaillies par ces fauves de zombies, foule qui court dans tous les sens. Bref, un vrai chaos quoi que parfois (volontairement ?) brouillon et illisible à l’écran. L’assaut de Jérusalem et le crash en avion sont les deux autres séquences impressionnantes du film.

« Les rues vomissent des cadavres ambulants. Les morts-vivants pleuvent de toutes parts et ils s’empilent comme des insectes grouillants. »

J’ai beaucoup apprécié la déferlante de zombies qui ponctuent le film durant les scènes précitées. Les rues vomissent des cadavres ambulants. Les morts-vivants pleuvent de toutes parts et ils s’empilent comme des insectes grouillants. Ça donne une impression assez plaisante de joyeux bordel hystérique. Mais ce chaos général ne se traduit pas que par les hordes de morts-vivants.

Dans la séquence du supermarché, lorsque la mère Lane se fait agresser puis sauver par son beau-gosse de mari, ce dernier met les mains en l’air devant l’arrivée d’un flic. Qui n’en aura juste rien à foutre mais se contentera de rassembler des provisions et de déguerpir fissa. Un monde où la loi et les règles disparaissent, où plus personne n’est à l’abri ou protégé. Idée malheureusement non-exploitée par la suite.

Bien que le traitement soit plus spectaculaire que celui du livre, l’un comme l’autre nous font voyager. Appréciable. On commence aux États-Unis, pour partir en Corée du Sud, faire un crochet par Israël, s’écraser au Pays de Galles et terminer en Nouvelle-Écosse. Le réalisateur américain a dû garder ce réflexe de routard de son médiocre Quantum of Solace.

« Les effluves de sang, la chair en putréfaction arrachée, les têtes explosées, tout ça a été sacrifié sur l’autel du PG-13. »

Le dernier acte dans le laboratoire de l’OMS contraste très nettement avec les trois premiers quarts dépaysants du film. La catastrophe d’ampleur mondiale verra sa conclusion se faire dans les couloirs d’un laboratoire, à jouer à cache-cache avec des zombies qui n’ont pas du tout l’agressivité ou la vélocité de ceux rencontrés jusque-là. Ce traitement final, qui détone avec l’heure et demi précédente, est aussi décevant qu’étonnant. La solution pour endiguer la contamination, bien que pas trop débile, est presque aussi expéditive que celle pour repousser l’envahisseur de La Guerre des Mondes de Spielberg.

Dans cette même séquence finale, on assiste à un placement produit Pepsi aussi lourd qu’inutile… Je m’attendais limite à Brad Pitt qui, après avoir bu sa gorgée de soda et traversé la foule des occupants de la passerelle, se retourne vers la caméra et nous sorte un « Toi aussi tu veux dérouiller du zombies ? Fais comme moi et bois du Pepsi 😉 ».

Un petit mot sur Brad d’ailleurs. Je n’ai pas remarqué un jeu d’acteur sensationnel (peut être un poil poussif lorsqu’il apprend la perte de la femme et du fils d’un personnage secondaire dans le laboratoire de l’OMS) mais sa simple présence et son charisme me suffisent. D’autant qu’un film de ce genre laisse difficilement la place à un jeu d’acteur très profond.

J’ai noté que le film portait un message pro-israélien à peine dissimulé: Jérusalem est assimilé au sauveur local, un eldorado vers qui de nombreux pays se tournent et ce sont des musulmans (islamistes ?) avec des prières (on entend bien les « Allah Akbar») bien bruyantes qui alertent les zombies et entraînent la ville dans le chaos. Puis la motivation qui a poussé à la construction du mur, qu’on retrouve d’ailleurs dans le livre, s’apparente à un best-of des persécutions des juifs sur le siècle écoulé. Certains films comme Prémonitions ou After Earth sont accusés de véhiculer des messages scientologues, Le Royaume des idées islamophobes et 300 des messages fascistes. En gros, on peut toujours voir ce qu’on a envie de voir mais dans le cas de World War Z, ça m’a sauté aux yeux. Était-ce pour combler l’absence de messages engagés (sur les horreurs du Viêt-Nam, le consumérisme ou la guerre) qui sont souvent inhérents au film de zombies?

Un point noir de World War Z est le manque flagrant de gore. Oui, nous sommes bien dans un film de zombies et le gore est aux abonnés absents. Douloureux. Les effluves de sang, la chair en putréfaction arrachée, les têtes explosées, tout ça a été sacrifié sur l’autel du PG-13 (s’étant traduit par une incompréhensible interdiction aux moins de 12 ans en France). Qu’est-ce qu’on ne ferait pas pour éviter de froisser le Dieu Profit issu de la religion Dollars… Un manque de tripes à la fois à l’écran et mais aussi de la part de Marc Foster. Quand Brad enfonce un pieu dans la tête d’un zombie vers la fin, le réalisateur se défile avec un hors-champ très gênant. Ce qui m’a rappelé Hunger Games, dont le sujet est assez dur et violent mais le traitement complètement aseptisé. En plus de cette absence de violence, je déplore un vrai manque de terreur. Quelques gentils jump scares de-ci, de-là mais rien de folichon à se mettre sous la dent. Les séquences mettant en scène les zombies sont plutôt inoffensives et leur traitement nous épargne de toute pression, surtout avec un Brad Pitt omniprésent qui survit à tout (zombies au cul, crash d’avion, injection risquée d’un vaccin, etc.) et annihile toute tension. C’est alors amusant de lire que Marc Foster voulait que le spectateur soit scotché à son siège devant World War Z. Fail Marc, fail.

Au milieu de tout ça, Marco Beltrami pond quelques compositions pas vraiment mémorables mais accompagnant bien l’action. Il n’en était pas à son coup d’essai avec les zombies vu qu’il avait écrit la musique du premier Resident Evil (le film hein, pas le jeu-vidéo…). J’ai trouvé que le thème de la scène post-crash où Brad tente de se défaire du fauteuil était un peu trop repompé sur 28 semaines plus tard, film du genre bien supérieur à World War Z.

Carton au box-office mondial oblige, deux suites sont en chantier. Quel angle va-t-être adopté ? Personnages centraux avec histoires se déroulant en parallèle de ce premier film ? Déroulement centré sur la guerre qu’on entraperçoit à la fin? À la manière du livre, des témoignages recueillis partout à travers le monde suite à la guerre et peuplés de flash-back ? Réponse d’ici quelques années…

Conclusion

Un divertissement inoffensif, sympathique et assez bien mené mais souffrant d’un traitement parfois maladroit et toujours aseptisé. Il en découle un manque de tension et de terreur, ce qui est sérieusement handicapant pour un film de zombies…

+ – Des zombies, en veux-tu, en voilà !
– Brad Pitt
– Quelques belles séquences
– Le dépaysement
– Et le gore ? Et la terreur ? Et la tension ?
– Et la « World War Z »?
– Final vite expédié et contrastant avec l’ampleur générale du film
6/10
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