Critique : Tetris

Un long-métrage Tetris. Au moment où Super Mario Bros, le film devient l’adaptation de jeu vidéo ayant rapporté le plus d’argent au cinéma (oui, techniquement, Tetris était sorti quelques jours avant le plombier, mais je m’en suis rendu compte après, donc ne m’emmerdez pas pour la cohérence 😛 ). Mais qu’est-ce qu’ils vont bien pouvoir raconter comme histoire à propos de blocs devant se combiner pour former des lignes ?

En fait, dans son projet d’adaptation cinématographique, Tetris n’a rien à voir avec Super Mario Bros. Plutôt que d’adapter le jeu vidéo, on nous narre une partie du récit des coulisses, plus précisément sur comment le jeu a réussi à franchir les frontières de l’URSS. Pour l’anecdote, afin d’éviter que le film soit considéré comme pour les enfants en étant classé « tout public », le scénariste a intentionnellement ajouté des grossièretés au scénario.

Une co-production de Marv Films

Ce récit pourrait paraître chiant pour certains, mais le résultat est absolument captivant. Avant de continuer, il faut noter la présence à la production de Marv Films, la société de production fondée par… Matthew Vaughn. Oui, on parle bien du réalisateur de Kick-Ass et la saga Kingsman. Par contre, il n’est pas impliqué à la réalisation, ni au scénario. Toutefois, on retrouve Taron Egerton (5 sur 13 films pour Marv Films, pas mal le ratio). Si je le souligne, c’est parce qu’on retrouve cette petite folie dont sont empreints les films de Vaughn. Mention spéciale à la magnifique ouverture avec ses superbes séquences façon 8/16 bits.

Bref, j’ai été plongé directement dans le bain et j’ai accroché tout le long. Enfin presque. La faute à la partie impliquant une course-poursuite tellement WTF où j’ai décroché. Je la regrette vraiment car avant, le film de Jon S. Baird avait réussi à me happer avec un thriller haletant narrant sur comment Henk Rogers a réussi à « sortir » le jeu Tetris de l’URSS. Y a un passage que j’ai adoré où on voit comment les négociations ont été menées entre les différents protagonistes. C’était jouissif et, en plus, d’être un peu stressant.

« Un scénario hollywoodien »

Du coup, cette séquence WTF casse la crédibilité historique du film à mes yeux. Déjà que certains passages sont limites, mais ça, c’était clairement la goutte d’eau. Je ne devrais même pas parler de goutte, mais plutôt d’averse, car, en toute franchise, le vase était loin d’être rempli. Dès lors, la première chose que j’ai faite après le visionnage a été de vérifier si la reconstitution historique était crédible.

Grosso modo, dans une entrevue avant la sortie, Henk Rogers a dit que lui et Alexey Pajitnov, le créateur du jeu vidéo, ont examiné le scénario et fait des suggestions. Cependant, Rogers a précisé : « C’est un scénario hollywoodien; c’est un film. Ce n’est pas sur l’histoire, donc beaucoup de [ce qui est dans le film] n’est jamais arrivé. ». Je ne vais pas te mentir, ça m’a un peu plombé le moral. Le pire, c’est que sans cette course-poursuite, je n’aurais pas fait l’effort de regarder si ça respectait l’histoire. Un chouia, peut-être, mais sans aller plus loin.

Mais, entre nous, il ne faut pas s’arrêter à ce détail, car ça reste tout de même un thriller revenant sur un côté méconnu des jeux vidéo, à savoir la bataille des éditeurs. À l’image de l’excellent best-seller Console Wars (dont j’attends toujours l’adaptation en mini-série par le duo Seth Rogen and Evan Goldberg).