Voyage au bout de l’ennui
Fiche
Titre | Sirāt | Titre VO | – |
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Réalisateur | Oliver Laxe | Scénaristes | Santiago Fillol et Oliver Laxe |
Acteurs | Sergi López, Bruno Núñez Arjona, Stefania Gadda, Joshua Liam Herderson, Richard ‘Bigui’ Bellamy, Tonin Janvier, Jade Oukid | ||
Date de sortie | 10 / 09 / 2025 | Durée | 1h 55 |
Genre | Action, Aventure, Drame, Musical, Mystère, Thriller | Budget | – |
Au cœur des montagnes du sud du Maroc, Luis, accompagné de son fils Estéban, recherche sa fille aînée qui a disparu. Ils rallient un groupe de ravers en route vers une énième fête dans les profondeurs du désert. Ils s’enfoncent dans l’immensité brûlante d’un miroir de sable qui les confronte à leurs propres limites.
Critique
Ne trouvant rien de particulièrement emballant dans les salles, je me suis laissé tenter par Sirāt, dont je ne savais rien à part qu’il avait reçu le prix du jury à Cannes 2025 et qu’il affichait une bonne moyenne Presse sur Allociné.
Eh ben putain, je me suis fait avoir !
Désolé pour la vulgarité, mais il fallait que ça sorte après presque deux heures de supplice. Deux heures qui m’ont paru en durer quatre. Rien qu’au bout des vingt premières minutes, je me disais déjà que ça sentait mauvais, cette affaire. Pendant tout ce temps, on ne voit que des corps en train de danser au milieu d’un désert…. Plan large sur des personnes qui dansent… Gros plan sur une personne qui danse… Gros plan sur une autre personne qui danse… Et c’est ça, en boucle, jusqu’à… Oh, Harry ! Ce fameux ami qui vous veut du bien. Ça faisait longtemps que je n’avais pas revu Sergi López.
Puis débarquent des militaires en mode « bon, la fête est finie, circulez ». Je me suis dit : « enfin, le film va commencer ». Mais non. Après un (très) bref passage de vroum-vroum, on retombe dans de la pure contemplation : décors et acteurs (en grande partie non-professionnels). Certes, ce sont de vraies gueules, et l’un d’eux arbore même un t-shirt du chef-d’œuvre de Tod Browning, La Monstrueuse Parade (Freaks, 1932). Mais autour de ça ? Le néant absolu. Le néant désertique.
Le désert du cinéma
On est face à un film d’ambiance, où les dialogues sont réduits au strict minimum et où les péripéties sont d’un ennui abyssal. Pour un délire de road-trip désertique, mieux vaut regarder un épisode de la géniale The Grand Tour. D’ailleurs, il y en a un tourné exactement au même endroit : Trop de sable (S5.E3).
Au final, le film repose sur le choc d’une séquence qui surgit sans prévenir. Impossible de nier la puissance de ce moment. Mais derrière, le climax enchaîne sur des scènes hilarantes. Je ne sais pas si c’était voulu, mais j’ai beaucoup ri. Avec le recul, je crois que j’ai craqué, tout simplement. Et surtout, j’étais soulagé : ça voulait dire que le générique de fin approchait.
Bref, Sirāt restera pour moi comme l’une des séances les plus ennuyeuses de ma vie de cinéphile. Du vide esthétique, oui, mais du vide quand même. Ça me fait penser à la blague du cinéphile qui te fusille du regard parce que tu as osé dire que ton film préféré est un Tarantino, et pas ce film polonais en noir et blanc de huit heures où une colline est filmée au fil des saisons.
Par Christophe Menat qui ne se refera plus avoir par la Presse Allociné.
Conclusion
En sortant de la salle, je me suis dit que Sirāt était peut-être une œuvre radicale, conçue pour provoquer et hanter ses spectateurs. Sauf que moi, il m’a surtout anesthésié. Certains parleront d’une grande expérience sensorielle… j’y ai surtout vu un désert, au sens propre comme au figuré. Prix du jury à Cannes ? Ouais, sans doute pour la sieste la plus longue du festival. |
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3/10 |