Fiche
Adaptation du second volet des comics Sin City de Frank Miller | |
Titre | Sin City : j’ai tué pour elle |
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Réalisateurs | Frank Miller, Robert Rodriguez |
Scénariste | Frank Miller |
Acteurs | Mickey Rourke, Jessica Alba, Josh Brolin, Joseph Gordon-Levitt, Rosario Dawson, Bruce Willis, Eva Green, Powers Boothe, Dennis Haysbert, Ray Liotta, Jaime King, Christopher Lloyd, Jamie Chung, Jeremy Piven, Christopher Meloni, Juno Temple, Alex Penavega, Julia Garner |
Titre original | Sin City: A Dame to Kill For | Date de sortie | 17 / 09 / 2014 |
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Pays | États-Unis | Budget | 65 000 000 $ |
Genre | Action, Drame, Thriller | Durée | 1h 42 |
Dans une ville où la justice est impuissante, les plus désespérés réclament vengeance, et les criminels les plus impitoyables sont poursuivis par des milices. Marv se demande comment il a fait pour échouer au milieu d’un tas de cadavres. Johnny, jeune joueur sûr de lui, débarque à Sin City et ose affronter la plus redoutable crapule de la ville, le sénateur Roark. Dwight McCarthy vit son ultime face-à-face avec Ava Lord, la femme de ses rêves, mais aussi de ses cauchemars. De son côté, Nancy Callahan est dévastée par le suicide de John Hartigan qui, par son geste, a cherché à la protéger. Enragée et brisée par le chagrin, elle n’aspire plus qu’à assouvir sa soif de vengeance. Elle pourra compter sur Marv… Tous vont se retrouver au célèbre Kadie’s Club Pecos de Sin City… |
Critique
Fan absolu du premier Sin City que j’ai vu trois fois au cinéma et un paquet d’autres fois en DVD/Blu-ray (version cinéma et version longue), j’ai été vachement déçu par les mauvaises critiques américaines. Finalement, on m’a offert une projection en avant-première et je ne pouvais pas manquer cette occasion de revenir dans la ville du vice et du péché… Oh, Sin City, tu m’as manqué…
Neuf ans, c’est le nombre d’années qu’il a fallu attendre avant d’avoir droit à la suite du long-métrage de Frank Miller et Robert Rodriguez (avec un tout petit peu de Tarantino). Un temps beaucoup trop long, car désormais, les comic movies ont ravagé les cinémas et Sin City n’est plus une curiosité. L’attente et l’excitation de voir l’intrigue Roark se terminer n’est qu’un lointain souvenir. Sin City : j’ai tué pour elle débarque sans trop enthousiasmer les foules bien plus avides de guetter la dernière image du nouvel Avenger ou la nouvelle Batmobile. Seul le scandale (ridicule, il faut l’avouer) à propos du téton un peu trop visible d’Eva Green sur le poster officiel a fait monter la sauce.
Néanmoins, il aurait suffi de livrer une bombe de même acabit que le premier sur nos tronches pour que l’univers recommence à vibrer à la prononciation de ces deux mots accolés : « Sin » et « City ». J’ai rongé mon frein pour cette suite en me refusant catégoriquement de lire les comics afin de découvrir la suite des aventures de Marv, Dwight et Nancy puceau. Je voulais vraiment prendre une nouvelle claque dans la gueule pour équilibrer avec celle reçue un jour de l’année 2005. Après le visionnage, ai-je eu droit à la déflagration de vice tant espérée ? À une telle claque que ma tête a fait un 360 à faire pâlir Shaun White ?
Sin City : j’ai tué pour elle est divisé en trois histoires, l’une pour Dwight (qui correspond au sous-titre de ce deuxième épisode), une autre pour Nancy et la dernière pour Johnny (Joseph Gordon-Levitt) avec Marv qui intervient de temps en temps (surtout quand « ça va castagner », comme le dit si bien la Chose). Le tout pour une durée d’une heure quarante-deux. La meilleure partie est sans hésiter celle de Johnny : The Long Bad Night. Non seulement, elle est la plus surprenante, mais elle est aussi la seule à réussir à retrouver la noirceur du premier. Sans compter que Joseph Gordon-Levitt y livre une prestation géniale. Malheureusement, c’est aussi l’histoire la plus courte.
La plus longue (beaucoup trop longue à mon goût) est celle de Dwight (A Dame To Kill For) qui se déroule avant The Big Fat Kill où Clive Owen jouait le personnage et où il était fait mention de son opération de chirurgie esthétique. Josh Brolin récupère le personnage, mais n’arrive jamais à la cheville de Clive Owen. Et encore, ce n’est pas le personnage le plus catastrophique. En face, on dispose d’Ava Lord, jouée par Eva Green. Cette dernière se plante lamentablement. Elle en fait des masses et des masses sans jamais parvenir ne serait-ce à suggérer l’emprise dont elle dispose sur les hommes. Son problème ? Sa vulgarité conjuguée à une nudité constante : la Femme n’a jamais aussi belle que quand elle suggère. Du coup, on a du mal à comprendre comment les personnages masculins peuvent y succomber aussi facilement. La voix off a beau vouloir nous l’expliquer. Des mots à l’écran, il y a un gouffre. Et je ne parle pas même pas de Manute… J’ai beau aimer Dennis Haysbert, il n’a pas du tout la présence physique imposée par le rôle.
D’ailleurs, faisons un petit interlude avec la voix off avant de passer à Nancy. Je n’ai qu’une chose à dire : « Mais c’est quoi ce bordel ! ». Comme pour une autre suite d’une adaptation de Frank Miller, un truc avec un titre entièrement en chiffre, la qualité de l’écriture chute drastiquement. Mais où sont passés les « Un vieux meurt, une enfant vit. C’est dans l’ordre des choses. » d’Hartigan, les « Les gens pensent que Marv est dingue. Il a simplement eu la malchance de débarquer dans un siècle qui ne lui correspondait pas. Sa place est sur un champ de bataille de l’Antiquité à faire tournoyer sa hache ou dans une arène romaine à brandir son glaive comme d’autres gladiateurs comme lui. » de Dwight ou encore le « Quand j’aurais trouvé celui qui t’a fait ça, je serais pas aussi rapide et discret que lui. Moi j’fais dans le sonore et le dégueulasse, c’est mon style et quand y’ sera enfin crevé, son Enfer aura un goût de Paradis tellement qu’il aura dérouillé.» de Marv. J’étais juste atterré de ne pas trouver une seule réplique qui soit à mon goût.
La dernière histoire est celle de Nancy, Nancy’s Last Dance qui se déroule des années après That Yellow Bastard. Bon, déjà, j’ai été choqué de voir que Nancy ne me faisait même plus d’effets durant ses shows. J’ai dû me remettre le premier pour être sûr que ce n’est pas moi qui suis devenu blasé. Non, en fait non… Pour le reste, c’est expédié tellement vite et tellement à l’arrache qu’on ne prend aucun plaisir. Du coup, je vais faire pareil pour la critique de cette partie : bof. Et je m’arrête là.
Là où Sin City: j’ai tué pour elle régresse le plus, c’est au niveau de la réalisation. Là où le premier te balançait des plans qui s’imprimaient directement dans ton cerveau, le second est fadasse. Aucune inspiration, aucun plan jouant admirablement sur le contraste. La ville Sin City n’est devenue que l’ombre d’elle-même (sans mauvais jeu de mot). Pour ne rien arranger, la 3D casse pas mal de choses et surtout elle est complètement hors propos. Certes, elle est visible, mais elle fait régresser le show, car il n’est plus possible d’imposer des jeux de lumière aussi abrupts que sur le premier notamment avec la disparition des lignes tranchantes. Rien que le générique avec Marv symbolise toutes les mauvaises décisions prises sur cette suite. En dix minutes top chrono, le générique réussit à faire te demander ce qui est arrivé à ton Marv et quelle est l’ampleur de la catastrophe qui va suivre. Répliques fades, réalisation trop 3D et maquillages hideux. Le passage à la haute résolution a fait beaucoup de mal au visage de mon habitant de Sin City préféré et encore lui ça va, le pire, c’est probablement Josh Brolin quand il se transforme en Clive Owen : à mourir de rire ! Tellement hilarant qu’on se manque de se pisser dessus. Voilà ce qui agace, ce grotesque. Principalement au niveau des effets gores devenus si ridicules qu’ils détruisent toute l’ambiance noir. Le premier arrivait à jongler entre le fun et le sérieux. Le second fait du bourrin et une sortie de route.
Par Christophe Menat, le .
Conclusion
Sin City : J’ai tué pour elle est le dernier comic movie de l’année. Et malheureusement, il est loin d’en être son représentant le plus flamboyant. D’un chef d’œuvre, on est passé à un film bof, bof. Rude chute. En fait, Robert Rodriguez, c’est un peu comme Luc Besson, il était vachement bon quand il n’avait pas beaucoup de moyens et il est devenu paresseux depuis qu’il a accès à plus d’argent. Quant à Frank Miller, il n’a jamais eu de talent pour la réalisation comme en témoigne son The Spirit. |
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4/10 |