Critique : Les Huit Salopards

Au théâtre Tarantino

Fiche

Titre Les Huit Salopards
Réalisateur Quentin Tarantino
Scénariste Quentin Tarantino
Acteurs Samuel L. Jackson, Kurt Russell, Jennifer Jason Leigh, Walton Goggins, Demián Bichir, Tim Roth, Michael Madsen, Bruce Dern, James Parks, Dana Gourrier, Zoë Bell, Channing Tatum
Titre original The Hateful Eight Date de sortie 06 / 01 / 2016
Pays États-Unis Budget 44 000 000 $
Genre Comédie, Drame, Thriller, Western Durée 3h 07

Quelques années après la Guerre de Sécession, le chasseur de primes John Ruth, dit Le Bourreau, fait route vers Red Rock, où il conduit sa prisonnière Daisy Domergue se faire pendre. Sur leur route, ils rencontrent le Major Marquis Warren, un ancien soldat lui aussi devenu chasseur de primes, et Chris Mannix, le nouveau shérif de Red Rock. Surpris par le blizzard, ils trouvent refuge dans une auberge au milieu des montagnes, où ils sont accueillis par quatre personnages énigmatiques : le confédéré, le mexicain, le cowboy et le court-sur-pattes. Alors que la tempête s’abat au-dessus du massif, l’auberge va abriter une série de tromperies et de trahisons. L’un de ces huit salopards n’est pas celui qu’il prétend être ; il y a fort à parier que tout le monde ne sortira pas vivant de l’auberge de Minnie…

Photo de Les Huit Salopards avec Kurt Russell, Jennifer Jason Leigh
♫ Allons enfants de la Patrie
Le jour de gloire est arrivé ! ♫

Critique

Les mots « Quentin Tarantino » sont l’assurance de bénéficier d’un bon film. Il faut dire que le bonhomme prend le temps avant de faire un bébé et en plus, il le fait pratiquement tout seul tel une mère célibataire (chapeau). Malgré une carrière qui a commencé en 1992 avec Reservoir Dogs, il n’a fait que 7 films, le diptyque Kill Bill comptant pour un. The Hateful Eight, comme son nom l’indique indirectement, est le huitième.

Le projet a connu un départ chaotique, la faute à la fuite du premier jet du scénario. Cet évènement a provoqué la colère et le dégoût du réalisateur qui a alors annoncé l’abandon du projet avant de se raviser en organisant une lecture publique du scénario avec le casting.

L’ex-Django Unchained 2

L’anecdote qui tue concernant le huitième QT reste qu’il était censé être la séquelle de Django Unchained. Cette suite avait même un nom : Django in White Hell, un titre n’étant pas sans rappeler celui du dernier chapitre du film du jour. Finalement, Django fut retiré du scénario, car il ne fonctionnait pas. Le but premier du film est que tous les personnages coincés dans le chalet au cœur de l’histoire (oui, quasiment l’ensemble de Les Huit Salopards se déroule dans un seul endroit) soient des salopards (d’où le titre) afin qu’on ne puisse faire confiance à personne et ainsi passer la majorité de la séance à s’interroger sur leurs vraies motivations. Or Django, on a confiance en lui. On sait que c’est un gentil, malgré ses pulsions meurtrières.

Vous vous en doutez désormais, l’intérêt premier de ce nouveau Tarantino réside en ce jeu à la Agatha Christie/Reservoir Dogs où on essaie de trouver l’identité de celui qui n’est pas à sa place : le coupable. En cela, c’est mission accomplie tant l’intrigue réserve pas mal de bons rebondissements prenant le soin d’éviter l’over the top. Car tout est logique. C’est même d’une implacable logique permettant d’aboutir à un final pour le moins sanglant avec une forte dose d’humour noir dans le pur style du réalisateur.

On tombe sur la tête : d’abord, on s’emmerde, puis on s’éclate

Mais cela n’est pas sans peine. Déjà, le film est beaucoup trop long. Après coup, j’ai même trouvé le premier chapitre presque inutile. C’est drôle, car dans la majorité des films, l’effet de la longueur ne se fait pas ressentir avant la moitié du film. Alors qu’ici, c’est la première partie du film qui est ennuyante. Ça s’étend inutilement en mettant un temps à rentrer dans le vif du sujet. On peut défendre la chose en expliquant le besoin d’installer les enjeux, sauf que franchement non. Ça sonne plus comme une volonté de Tarantino de privilégier des bons dialogues plutôt que de servir l’histoire.

Alors oui, les dialogues sont certes bien écrits, mais manquent cruellement de percussion. On a l’impression de voir un Tarantino en roue libre et sans vraiment d’inspiration. Les thématiques tournent un peu en rond et n’offrent rien de nouveau en ayant Django Unchained en tête. Ça la fout mal pour un film qui pourrait être considéré comme une pièce de théâtre.

Les personnages, malgré un casting Tarantinesque, sont désespérément creux. Si on excepte le Major Marquis Warren (Samuel L. Jackson qui ajoute un monologue culte à son CV), Daisy Domergue (géniale et méconnaissable Jennifer Jason Leigh) et dans une moindre mesure John Ruth (Kurt Russell et son improbable moustache) et Chris Mannix (Walton Goggins et sa bonne tête de raciste), pas de prestation mémorable à se mettre sous la dent alors qu’il y a quand même quatre autres salopards. Ce n’est pas tous les jours qu’on a un DiCaprio en esclavagiste 😛 . À la place, on a un guest pour le moins surprenant (sauf si on a été attentif devant la liste des noms durant le générique d’ouverture) qui en profite pour perfectionner son français en vue de son prochain film super-héroïque.

Par Christophe Menat qui se demande s’il est revenu du cinéma ou du théâtre, le .

Photo de Les Huit Salopards avec Samuel L. Jackson
Même l’arrière-grand-père de Nick Fury n’était pas commode.

Conclusion

Les Huit Salopards ne sera pas un film majeur dans la filmographie de Quentin Tarantino. Sans être mauvais (c’est même un bon film), il souffre d’une trop longue durée, de dialogues pas vraiment mémorables (sauf l’excellent monologue du père Jackson) et des personnages assez creux dans l’ensemble. Même si Tarantino insiste pour que le film soit vu au cinéma, je vous conseillerais plutôt de privilégier une séance à la maison, la durée se fera alors moins ressentir.

+

  • La deuxième partie
  • Le monologue du Major Marquis Warren
  • Le jeu à la Agatha Christie parfaitement maitrisé

  • La trop longue première partie
  • Des dialogues moins percutants que d’habitude
  • Quatre salopards sans vraiment d’intérêt
7/10
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