Fiche
Réalisateur | Joel Schumacher |
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Scénariste | Karl Gajdusek |
Acteurs | Nicole Kidman, Nicolas Cage, Cam Gigandet, Liana Liberato, Ben Mendelsohn |
Titre original | Trespass | ||
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Pays | USA | Date de sortie | 18 juillet 2012 |
Genre | Drame, Thriller | Durée | 1h31 |
Budget | 35 000 000 $ |
Alors qu’il est retenu en otage, un couple voit sa situation conjugale, déjà compliquée, s’aggraver, lorsqu’il est question de trahison et de déception… |
Critique
Joel Schumacher (72 ans) revient avec Effraction, Nicolas Cage est évidemment de la partie. Là où un nanar riche nait, le bonhomme n’est jamais loin. A ses côtés, grosse surprise, présence de Nicole Kidman qu’on avait connue plus pertinente dans ses choix de film (en même temps, son dernier, c’est le très moyen Le Mytho). Ensemble, le trio font un film nominé deux fois aux Razzie Awards (parodie des Oscars récompensant le pire du cinéma) mais ont échoué en s’inclinant devant Jack et Julie (véritable razzia en récupérant 10 prix et n’en laissant aucun à la concurrence, c’est une première depuis la naissance de la cérémonie). Dommage, il y avait de quoi faire.
Ce n’est pas tout, le film a été un vrai flop aux States. Il s’est même targué de battre un record : celui du film ayant passé le plus rapidement possible des salles de cinéma au DVD, détenu depuis 2003 par From Justin to Kelly. 29 jours pour le film de 2003 et seulement 18 jours pour Effraction. Il faut surtout ne pas oublier le coût du nouveau film de Joel Schumacher : 35 millions de dollars (il a rapporté seulement 24 000 lors de son passage au cinéma). On est même surpris de voir le film sortir au cinéma en France.
Le tournage du film n’a pas été non plus un long fleuve tranquille, on peut notamment signaler une interruption le 3 août 2010. Interruption survenue après la décision de Nicolas Cage de quitter le projet après s’être vu opposer le refus de la production de le laisser changer de rôle pour passer de celui du gentil époux à celui de kidnappeur. Finalement, sûrement à cause de la pression du fisc, il a dû se résigner à reprendre son rôle. Cette anecdote permet d’éclairer ma lanterne. En effet durant tout le film, je me demandais pourquoi Nicolas Cage affichait un regard de bad guy, le genre qui vous dévisage en envisageant tous les moyens de vous faire saigner avec le plus de douleur possible. Probablement que Nico voulait se venger en décrédibilisant son partenaire/adversaire, Ben Mendelsohn, tenant le rôle du kidnappeur même si ce dernier était impeccable dans l’excellent Animal Kingdom. Eh bien, on peut dire que sa mission est accomplie parce que durant tout le film, on ne se cesse de se demander s’il n’y a pas eu un problème au niveau du casting. En tout cas, Effraction avec Nicolas Cage en bad guy aurait largement pu remonter le niveau du film.
Ce n’est pas le cas donc il faudra se contenter du résultat à l’écran et c’est loin d’être glorieux. Parmi les points positifs, on peut compter sur la courte durée de vie. Empêchant l’histoire de tourner en rond ? Même pas mais au moins, ça nous évite d’avoir la désagréable sensation d’avoir perdu beaucoup de temps. On peut aussi compter sur la photographie pas dégueulasse du tout et une réalisation maîtrisée à défaut d’être poussée. Malheureusement, le handicap du scénario vomitif plombe tout le film sans oublier les séquences flash-back complètement ratées tombant comme un doigt coupé dans notre potage.
C’est surtout le scénario qui est à pointer du doigt (vous avez récupéré un doigt dans votre potage autant l’utiliser). Prenant le parti d’un huis clos avec une famille et des braqueurs un brin sadique à la Panic Room de David Fincher ou le Funny Games de Michael Haneke, Joel Schumacher tente de revenir à l’essence de son excellent Phone Game. Seulement là où ce dernier offrait des moments de tension pure, Effraction multiplie les clichés (personnages, vues et revues, se payant le luxe d’être aussi charismatiques qu’une moule au fond d’un bol de chez Léon de Bruxelles) et les rebondissements font plus sourire qu’autre chose (surtout vers la fin, le scénariste est tellement en panne d’idées qu’ils commencent à piocher dans le n’importe quoi pour « traumatiser » le spectateur).
Mon rebondissement préféré est de loin celui-ci :
Le moment où on s’aperçoit que l’un des kidnappeurs, Cam Gigandet pour plus de précision, est un gros malade mental. On a l’impression d’avoir Forrest Gump en braqueur (Cam Gigandet arborant les mêmes mimiques que Tom Hanks dans son célèbre rôle surtout quand ce dernier est sous pression). Une fois cette image installée dans ma tête, je n’ai pas pu m’empêcher d’être mort de rire pendant toute la phase finale, rien que pour ça, j’ai ajouté un point à la note finale. Assez énorme quand même, cette fin ultra-bordélique (seulement, je me doute que ce n’est pas l’objectif recherché).
Bref avec un scénario aussi pourri, les acteurs ont beau essayer de se débattre comme ils peuvent pour capter l’attention du spectateur, celui finit par se détacher de l’histoire et commence à se demander quand est-ce que ça va commencer à dégénérer avec du sang et des morts partout. Ça arrivera mais il faudra attendre les dix dernières minutes.
Mention spéciale tout de même à la nana stripteaseuse du chef des kidnappeurs pour son joli string et ses beaux tatouages. Autre mention pour la maison où se déroule la pire nuit du couple Cage/Kidman vraiment très belle.
Conclusion
Film en huis-clos faisant affronter une bande de braqueurs à une famille au bord de la rupture, Effraction se révèle raté la faute à un scénario des plus convenus, à des acteurs mal dirigés, des rebondissements aussi puissant que le coup de poing d’une fourmi sur notre mâchoire. Tout de même merci pour la fin dérivant vers le grand n’importe quoi permettant de bien nous faire marrer. | |||
+ | – Nicolas Cage (il est toujours excellent) – Belle baraque |
– | – Scénario pioché dans « Écrire un scénario pour les Nuls » – Personnages piochés dans « Écrire un scénario pour les Nuls » – Rebondissements piochés dans « Écrire un scénario pour les Nuls » |
3/10 |