Critique : Creed III

Adonis face à son plus grand ennemi

Fiche

Titre Creed III Titre VO
Réalisateur Michael B. Jordan Scénaristes Keenan Coogler & Zach Baylin
Acteurs Michael B. Jordan, Tessa Thompson, Jonathan Majors, Wood Harris, Phylicia Rashad
Date de sortie01 / 03 / 2023 Durée1h 56
GenreDrame, Sport Budget65 000 000 $

Adonis a prospéré à la fois dans sa carrière et dans sa vie de famille, mais lorsqu’un ami d’enfance et ancien prodige de la boxe refait surface, la confrontation est plus qu’un simple combat.

Critique

Pour cette conclusion de la trilogie Creed, on peut noter deux événements majeurs : d’un, Rocky Balboa ne sera pas de la partie (c’est même la première fois qu’il n’apparaît pas dans un Rocky / Creed, bon, pour un Rocky, c’est logique en même temps) et de deux, Michael B. Jordan passe derrière la caméra.

Franchement, c’est dommage de ne pas avoir fait revenir Rocky. C’est même étonnant de constater à quel point le personnage semble avoir disparu de l’univers alors que c’est quand même un énorme pilier dans l’entourage d’Adonis. Bref, pour le fan service, on repassera clairement.

Jordan dans les baskets de Stallone

Quant à Jordan le réalisateur, toujours risqué étant donné que le gars est novice en la matière car, oui, c’est la première fois qu’il s’installe à ce rôle. Mais encore une fois, le gars suit les pas de Sylvester Stallone. En effet, Stallone s’était installé à ce poste sur la saga dès Rocky II (1979) avant de poursuivre avec Rocky III (1982), Rocky IV (1985) et Rocky Balboa (2006).

Néanmoins, après un excellent Vidéo Club de Konbini où le gars fait preuve d’une certaine culture cinématographique, surtout au niveau des animes japonais, j’étais très curieux de voir le résultat.

Un excellent épisode de la série Vidéo Club

Ça n’a pas manqué. Dès le premier combat, on sent l’influence du style des combats des animes avec un ralenti sur le visage de Creed essayant de repérer le point faible de son adversaire. J’ai beaucoup apprécié ce point, car c’est justement un élément pouvant apporter un peu d’originalité dans ce genre codifié où beaucoup de réalisateurs talentueux sont passés donc j’ai la sensation qu’on a atteint ses limites.

Cette influence explose d’ailleurs lors du combat final avec des séquences dignes d’un manga et une mise en abîme des deux combattants. Malheureusement, si l’idée est excellente, l’exécution l’est un peu moins. Certains plans font leur effet, mais la mise en abîme est pénalisée par une tension aux abonnés absents (impossible de ne pas deviner l’issue du combat), mais également par des fonds verts trop visibles sans oublier que finalement, Jordan le réalisateur ne va jusqu’au bout de son délire. Dommage. Par contre, coup de cœur pour le plan où Jordan reproduit le coup de poing iconique de Sangoku dans le plexus de Freezer.

Killmonger VS Kang

J’avoue avoir été surpris par le manque de tension, car cet opus corrige le problème de son prédécesseur en introduisant un méchant charismatique. Cette fois-ci, en la personne de Jonathan Majors (la classe, le mec, c’est le grand méchant d’un Marvel et le grand méchant d’un Creed dans la même année, pire à un mois d’intervalle). Physiquement, le mec en impose. Par contre, au niveau de l’histoire, c’est autre chose. 

Le scénario est signé par le duo Keenan Coogler & Zach Baylin. Le premier, frère de Ryan Coogler (Creed, les deux Black Panther), s’est fait remarquer (dans le mauvais sens du terme) en participant au scénario celui du désastreux Space Jam : Nouvelle Ère (2021), mais bon, ils étaient 6 dessus. Le second, c’est plus glorieux car il a écrit, en solo, La Méthode Williams (2021). Bref, ça passe ou ça casse.

Dans l’ombre de Warrior

Au final, le scénario peine beaucoup à faire monter la tension autour de cette histoire de rivalité. Impossible de ne pas penser à Warrior (2011) devant cette histoire de frères séparés et ayant un problème à résoudre ensemble sur le ring. Michael B. Jordan le cite d’ailleurs dans son Vidéo Club. Sauf qu’on est bien loin, ici, de l’énorme tension du masterpiece de Gavin O’Connor. J’ai beau adorer Jonathan Majors, son interprétation n’arrive pas à la cheville de celle inoubliable de Tom Hardy.

Surtout, l’intrigue a du mal à justifier que les deux combattants se mettent sur la gueule. On nous sort un artifice digne de Rocky IV sauf que ça tient moyennement debout. En plus de ça, ça se boucle de manière peu convaincante. Bref, toute l’intrigue de Creed III respire le déjà-vu en étant un melting-pot des Rocky. Logique étant donné qu’on est sur du remake nouvel génération, même si le premier avait réussi à esquiver intelligemment cet aspect en apportant beaucoup de nouveautés.

Pour terminer, je voulais évidemment, du fait de ma surdité, souligner l’aspect surdité toujours aussi bien géré depuis le premier opus de la trilogie. Cette fois-ci, cela franchit un cap avec l’arrivée de la jeune Mila Davis-Kent. Un véritable rayon de soleil.

Par regrettant que Jordan n’ait pas été plus loin dans le délire pour les combats.

Conclusion

À mes yeux, Creed III est l’épisode le moins réussi de la trilogie. S’il corrige le problème de son prédécesseur en introduisant un ennemi charismatique pour Adonis. Il souffre d’un scénario un peu boiteux, n’arrivant pas à faire monter la sauce jusqu’à un combat final explosif. Quant aux combats, Michael B. Jordan, pour la première fois réalisateur, a la bonne idée de s’inspirer des animes japonais sauf qu’il ne va pas jusqu’au bout du délire. Dommage.

+

  • Inspirations des animes japonais pour le combats
  • La surdité, toujours aussi bien traité
  • Mila Davis-Kent et Jonathan Majors
  • Un Rocky / Creed classique, mais ça fonctionne

  • Pas de Rocky Balboa
  • Scénario boiteux par rapport à l’histoire des deux frères
  • Combat final décevant
6/10
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