Fiche
D’après les mémoires de Chris Kyle écrits avec Scott McEwen et James Defelice : American sniper, l’autobiographie du sniper le plus redoutable de l’histoire militaire américaine | |
Titre | American Sniper |
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Réalisateur | Clint Eastwood |
Scénariste | Jason Hall |
Acteurs | Bradley Cooper, Sienna Miller, Kyle Gallner |
Titre original | – | Date de sortie | 18 / 02 / 2015 |
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Pays | États-Unis | Budget | 58 800 000 $ |
Genre | Action, Biopic, Drame, Guerre | Durée | 2h 12 |
Tireur d’élite des Navy SEAL, Chris Kyle est envoyé en Irak dans un seul but : protéger ses camarades. Sa précision chirurgicale sauve d’innombrables vies humaines sur le champ de bataille et, tandis que les récits de ses exploits se multiplient, il décroche le surnom de « La Légende ». Cependant, sa réputation se propage au-delà des lignes ennemies, si bien que sa tête est mise à prix et qu’il devient une cible privilégiée des insurgés. Malgré le danger, et l’angoisse dans laquelle vit sa famille, Chris participe à quatre batailles décisives parmi les plus terribles de la guerre en Irak, s’imposant ainsi comme l’incarnation vivante de la devise des SEAL : « Pas de quartier ! » Mais en rentrant au pays, Chris prend conscience qu’il ne parvient pas à retrouver une vie normale. |
Critique
Clint Eastwood est le réalisateur de très nombreux films. Pourtant, à 84 ans (la retraite, le Clint, il ne connaît pas), il vient d’obtenir son plus gros succès au box-office américain. Avec 307 millions de dollars à ce jour, American Sniper a pulvérisé ses précédents records : Gran Torino (148 millions), Impitoyable (101 millions) et Million Dollar Baby (100 millions). Mais, ne serait-ce pas juste du patriotisme ?
American Sniper est l’adaptation de l’autobiographie de Chris Kyle, membre des Navy SEAL ayant officié entre 1999 et 2009. Ce soldat a joué un rôle majeur pendant la guerre d’Irak. Au point de récupérer une flopée de distinctions, dont certaines sont très prestigieuses (2 Silver Star Medal, 5 Bronze Star Medal, Navy and Marine Corps Commendation Medal et 2 Navy and Marine Corps Achievement Medal), et d’être surnommé The Legend chez les marines et Le Diable de Ramadi chez les insurgés. Voici donc l’histoire d’un vrai héros américain.
« Welcome to the real world, Steve Rogers. »
Pour réaliser cette adaptation, deux noms prestigieux ont été couchés, ceux de David O. Russell (Happiness Therapy, Fighter) et Steven Spielberg. Finalement, ils se sont désistés, Spielberg a parlé d’un budget trop limité, et ce fut l’un des plus grands noms du cinéma américain, Clint Eastwood, qui a récupéré le projet. Pour l’interprète de Chris Kyle, c’est un autre Chris (Pratt) qui aurait dû l’incarner avant que Bradley Cooper, jusqu’ici producteur, soit si intéressé qu’il décida de le faire. Ces deux noms ont été accueillis positivement par le vrai Chris Kyle qui ne voulait pas d’un gauchiste, comme Matt Damon, pour l’incarner.
Si on a beaucoup parlé d’American Sniper outre-Atlantique, c’est qu’il a suscité une polémique, principalement à cause du parti-pris patriotique du film. Car American Sniper est l’histoire d’un patriote, ni plus, ni moins. Un patriote qui traite les insurgés irakiens de sauvages (certaines images du film lui donnent difficilement tort). J’ai trouvé que pas mal de critiques faites au film étaient parfois hors-sujet. Par exemple, on a reproché à Clint Eastwood de faire l’éloge des soldats américains et de traiter les Irakiens comme des créatures malfaisantes. Or, je n’ai pas vu ce qui leur a permis de pondre une telle conclusion. Déjà, il est normal que le film soit patriotique, car il est uniquement axé sur le point de vue d’un patriote convaincu (Chris Kyle, donc), qui n’a pas hésité à mettre en danger son amour et sa vie de famille pour son pays. Alors forcément, c’est un point de vue qui ne donne pas une image glorieuse de l’autre camp et en plus, on ne parle que très peu des civils. D’ailleurs, ce point a déjà été abordé par Clint Eastwood dans son diptyque, Mémoires de nos pères et Lettres d’Iwo Jima, où les soldats de l’autre camp sont quasiment assimilés à des monstres avides de sang. En même temps, c’est la guerre, c’est « tuer ou être tué » et Chris Kyle avait bien l’intention de ne pas laisser mourir ses compatriotes. De plus, pourquoi le reprocher à Clint Eastwood ? Le matériau de base est comme ça, il n’allait pas inventer des trucs, et en plus, à ce qu’il paraît, les points les plus « trashs » du bouquin ont été omis.
La guerre d’Irak via le prisme d’un patriote américain
American Sniper est aussi une bouffée d’air frais dans le genre film de guerre. Car, il est totalement apolitique. Aucune mention de Bush ou des raisons de l’envahissement de l’Irak. C’est le point de vue de Chris Kyle, un SEAL qui fait son boulot, point barre. Dès lors, le récit déroule les différents Opex de The Legend, détaillant toutes les difficultés du métier de tireur d’élite. Pour éviter de tomber dans la routine (soporifique) de Démineurs, le scénario ajoute une fil rouge impliquant un méchant mémorable, le Boucher (qui a bien mérité son surnom), et un ennemi juré, Mustafa. Attention, ce dernier n’a jamais existé et a été inventé pour donner à l’histoire, un côté plus cinématographique. Et ça marche, le passionnant duel n’étant pas sans rappeler celui du Stalingrad de Jean-Jacques Annaud (2001). Pour info, Mustafa n’est pas le seul point du film à avoir connu quelques arrangements avec la réalité.
Personnellement, j’ai été intrigué par le métier de Chris Kyle et son quotidien sur le champ de bataille. Il faut dire que le film met le paquet sur le sujet avec des reconstitutions impressionnantes, sans oublier une réalisation au poil, une mise en scène parfaitement calibrée et une superbe photographie. Bradley Cooper est impressionnant avec ses kilos de muscle supplémentaires et livre une jolie performance, qui lui a d’ailleurs valu une troisième nomination consécutive pour l’Oscar du meilleur acteur. Malgré tout, le film ne réussit jamais vraiment à atteindre le level supérieur. Celui des chefs d’œuvre. Déjà, si au début, la vie privée de Chris Kyle est amusante, elle finit rapidement par lasser. Notamment avec plusieurs utilisations du procédé avec Chris Kyle mal en point sur le champ de bataille pendant que sa femme reste pendue au téléphone à écouter pour essayer de deviner ce qui se passe. En plus, l’ensemble respire le déjà vu comme le difficile retour depuis le champ de bataille. La première saison d’Homeland avait très bien traité le sujet. Dès lors, le récit souffre de quelques longueurs. On peut aussi reprocher au long-métrage, un manque d’émotions. Pourtant, ce ne sont pas les occasions qui manquent. C’est surtout dû au fait que les compagnons de Chris sont négligés, donc quand il sont touchés, on ne se sent pas concernés. Le seul moment vraiment émouvant ne surviendra qu’à la toute fin du film, durant le générique. Aussi, la fin m’a laissé sur le cul, car je ne connaissais pas l’histoire de Chris Kyle. Elle m’a fait penser à Foxcatcher. D’autre part, American Sniper connaît quelques effets spéciaux franchement ratés qui le décrédibilisent comme des véhicules de l’air semblant sortir d’un nanar de la Cannon ou un bébé en plastique (WTF ?!). C’est vraiment dommage d’avoir laissé passer ça sur la table de montage, mais en même temps, Spielberg l’avait dit : le film est trop ambitieux par rapport à son budget.
Petite parenthèse super-héroïque pour terminer. Décidément, les comics sont vraiment partout. Cette fois-ci, ce sera au légendaire Punisher d’y avoir droit, avec un hommage discret à l’excellent arc de Garth Ennis et Steve Dillon.
Par Christophe Menat, le .
Conclusion
Enfin, Clint Eastwood signe une nouvelle œuvre majeure après plusieurs notes mineures. American Sniper est un film fascinant, de par son sujet et le portrait de son héros, même s’il n’échappe pas à quelques défauts, comme certaines longueurs et un manque global d’émotions (sauf lors du générique final).
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8/10 |