Critique : Senna

Ayrton, à jamais dans la légende

 
Fiche

Réalisateur Asif Kapadia (récompensé par le Prix du Jury à Cannes (1997) pour son court métrage, The sheep thief et son premier long, The Warrior, a été nommé pour le BAFTA du meilleur film étranger)
Scénariste Manish Pandey
Intervenants Ayrton Senna, Alain Prost, Milton da Silva et Michael Schumacher
Pays Angleterre Date de sortie 25 mai 2011
Genre Biographie, Documentaire, Sport Durée 1h44
Le destin exceptionnel d’Ayrton Senna, ses réalisations sur et en dehors de la piste, sa quête de perfection et son statut mythique constituent le sujet de ce documentaire. Le film relate ses années légendaires de pilote de F1, de la saison 1984 à sa mort dix ans plus tard. Plus qu’un documentaire destiné aux fans de courses automobiles, SENNA s’affranchit des conventions du genre pour privilégier une approche cinématographique. Le film recourt abondamment à des images pour la plupart inédites, extraites des archives de la Formule 1.

Ayrton Magic Senna est venu, a vu, a vaincu et est parti

Le documentaire retrace les plus grands moments de sa carrière : dès sa naissance en karting en 78 jusqu’à sa mort en Formula One en 94. Tout y passe, de la lutte quasi-fraternel avec Alain Le Professeur Prost aux différents problèmes face aux magouilles de la FIA en passant par ses différentes conquêtes féminines.

Malgré le fait que je ne peux pas blairer la F1, ça ne m’a pas du tout empêché de savourer ce documentaire (c’était bien l’intention du réalisateur qui n’est pas un passionné de ce sport). C’est même plus jouissif que de regarder un film étant donné que le documentaire est entièrement composé d’images d’archive, pas d’interview récentes (on les remplace par des courtes voix off), pas d’interlude. On suit chronologiquement les évènements les plus marquants de la carrière de Senna. Le réalisateur britannique a réussi à trouver le juste milieu entre les courses et les à-côtés tout en s’adaptant aux spectateurs non-initiés.

Même mieux, le documentaire s’affranchit des conventions du genre pour devenir presque du cinéma. Il amalgame à la perfection les deux meilleurs côtés de chacun. Du documentaire, il en retire des faits vraiment réels et des images non fictives et du cinéma, un sens du rythme et une intrigue prenante. En cela, Senna est un hybride comme on aimerait voir plus souvent (le documentaire Into Eternity arrivait lui aussi à surmonter les conventions mais pour un résultat très différent).

Des images d’archive d’anthologie

On tirera notre chapeau devant le travail de l’équipe du film pour avoir réussi à étudier 6 ans d’archive pour en tirer le meilleur. Grâce à cela de nombreux passages marquants de la vie de Senna seront gravés à jamais sur une bobine (j’attends avec grande impatience sa sortie en DVD ou Blu-ray). On reverra avec délectation des scènes émouvantes (comme sa rencontre avec Xexe, une super star de la télévision brésilienne que Senna drague en direct) ou rageantes (la décision de la FIA de disqualifier Senna lors du rush final pour le championnat). Rien ne vous laissera indifférent, du cinéma-vérité à des milles lieux des immondices qu’on nous sert à la télé.

Les courses sont absolument géniales, bien meilleures que 80% des films de courses grâce à un bon timing entre les vues aériennes et embarquées. La mauvaise qualité de certaines retransmissions télé renforce l’intégration, on est à l’époque de l’hertzienne (pas le monde lisse et propre du HD). Nombreux seront ceux qui se remémoreront des dimanches après-midi à regarder la F1 sur leur télévision cathodique.

Avec Senna, la Formula One était devenu populaire.

Survient vers la fin du documentaire, le point culminant de sa carrière où il remporte le Grand Prix de son pays natal, le Brésil. Une course qu’il achève à bout de force. Il tombe dans les pommes mais tient tout de même à passer devant son public. C’était poignant de le voir souffrir le martyr pour soulever la coupe devant ses concitoyens. Si la légende d’un homme se mesure à son impact à son époque, nul doute que Senna est un grand au côté des plus grands sportifs de la planète avec Pelé, Mohamed Ali et Michael Jordan. Leur sport n’est plus jamais le même depuis leur passage. Ils ont traversé leurs époques tel des comètes de Halley (on sait quand on les voit qu’on vit un moment historique).

Sa dernière course

On sera marqué par la dernière course de Senna : tout en caméra embarquée pour les dernières minutes de sa vie. On appréhende chaque virage, à guetter la moindre erreur jusqu’à l’instant fatidique au détour d’un virage le 1er mai 1994 à Bologne lors du grand prix de Saint-Marin. On sera complètement tourneboulé à son enterrement avec une très belle image de Prost, son plus grand rival, tenant son cercueil, des frissons m’ont parcouru rien qu’en me souvenant. La dernière interview magnifique de Senna bouclera la boucle en finissant par la première image du documentaire : son arrivée en Europe en 78. La légende est née…

Mais…

On regrettera toutefois une certaine diabolisation d’Alain Prost, présenté comme un homme fourbe. C’est toujours le risque dans ce type de documentaire, de prendre parti à tel point de perdre toute notion d’objectivité.

Et pour finir, on poussera un coup de gueule pour la diffusion de ce documentaire. Seulement 3 salles à Paris, on se fout de qui ? Le pire, c’est que la salle où j’étais était archi blindée. Une vraie perte d’argent… M’enfin, ils n’avaient qu’à mieux sélectionner leurs films (ça m’a rappelé Buried où UGC Bercy n’avait vraiment pas prévu le succès du film et lui avait attribué sa plus petite salle qui faisait salle comble à pratiquement chaque séance).

Senna est un des plus grands pilotes de tous les temps, il était donc normal qu’il devait bénéficier d’un documentaire digne de sa légende. L’objectif est pleinement réussi !

Sa scène culte : la scène d’ouverture avec un Senna jeune et plein d’idéaux.

Note : 10/10

PS : on est tombé bien bas. En tapant Senna sur Google, on tombe sur l’autre guignol de Secret Story. Le monde a changé…

PS 2 : je vous laisse avec une citation d’Ayrton Senna à méditer : Idéalement nous sommes ce que nous pensons. Dans la réalité, nous sommes ce que nous accomplissons.

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