Critique : Arcane : League of Legends (2021 – 2024)

League of Legends, abrégé en LoL, voilà un nom que tout le monde a déjà entendu. Il s’agit de l’un des jeux multijoueurs les plus populaires au monde. Je me rappelle avoir vu un documentaire plutôt intéressant à ce sujet, et quelques potes y jouent. Mais, je n’ai jamais franchi le pas. En effet, je préfère éviter les jeux multijoueurs, car ils sont beaucoup trop chronophages.

Bref, cette entrée en matière pour cette critique est là pour préciser que je ne connais l’univers que de loin. Dès lors, j’ai cru que la série Arcane n’était pas pour moi. D’ailleurs, je me rappelle avoir tenté le coup vu les nombreuses critiques positives lors de la sortie de la première saison, mais au bout de deux épisodes, j’ai lâché l’affaire malgré un style visuel à tomber par terre.

Digne d’un musée

C’était il y a trois ans. Cette année, à l’occasion de la sortie de la saison 2, j’ai vu beaucoup trop de retours dithyrambiques pour ne pas me poser la question : « Ai-je lâché trop vite ? ». Du coup, je me suis forcé à m’y remettre et, pour le coup, j’ai vraiment accroché à la série à partir de l’épisode 3, « Cette violence crasse nécessaire au changement », où les événements basculent. C’est con, à un épisode près… Dès lors, j’ai enchaîné les deux saisons en moins de deux semaines, à raison d’un ou deux épisodes par jour. Je suis bien content de ne pas avoir eu à attendre trois ans entre les deux saisons.

Parmi les très nombreuses qualités d’Arcane, il y a le style visuel, mêlant 2D et 3D. C’est sans hésiter l’une des plus belles séries d’animation que je n’aie jamais vues de ma vie. Je crois que je pourrais même dire LA plus belle. Surtout, il y a cette volonté de jouer avec le style afin de toujours proposer quelque chose de nouveau ou, au moins, d’étonnant, comme, par exemple, le duel entre Ekko et Jinx dans la première saison. L’image est tellement folle qu’on pourrait afficher tous les plans de la série dans un musée. Bon, je m’emballe un peu (à peine), mais il faut vraiment rendre hommage aux artistes.

Ils sont vraiment fortiches !

Pour l’anecdote, le studio derrière Arcane porte le nom de Fortiche. Un studio d’animation français (cocorico !) fondé en 2009 à Paris. Travaillant d’abord dans la publicité et les clips musicaux, Fortiche a été contacté par Riot Games, développeur et éditeur de League of Legends, pour réaliser un clip afin de promouvoir leur jeu et le personnage de Jinx. Cela a donné le clip Get Jinxed, sorti en 2013, dont on retrouve beaucoup d’éléments dans Arcane. Jugez-en plutôt :

Côté Marvel (qui n’est jamais loin), Fortiche a réalisé la mini-série Rocket & Groot.

Finalement, Riot a été tellement sous le charme du travail de Fortiche qu’ils leur ont demandé, en 2015, de leur créer une série animée. Une série considérée comme « la série d’animation la plus chère au monde ». Preuve qu’il y a une réelle volonté de produire quelque chose de qualité.

Et cela se ressent. À tous les niveaux.

Pas une seconde à perdre

Visuellement, j’en ai déjà parlé. Maintenant, il faut souligner l’exemplarité de la narration, que ce soit l’écriture ou le montage. J’ai lu qu’à la base, une seule saison était prévue. Seulement, en raison de l’ampleur de ce qu’il y a à raconter, cela a été rallongé d’une saison supplémentaire, et cela se voit clairement. La narration d’Arcane est tellement dense que chaque épisode passe à la vitesse de la lumière.

Surtout, on ne perd pas de temps à chaque scène. Chaque séquence a quelque chose à raconter, et quand il n’y en a plus, on passe à autre chose. Attention, cela n’empêche pas d’avoir des moments émouvants ou trépidants. La maîtrise est telle que c’est bluffant. Ce qui explique la facilité avec laquelle j’ai terminé les deux saisons en moins de deux semaines.

C’est d’autant plus fort que la série diffusée sur Netflix propose de nombreux personnages. On pourrait croire que la relation entre les deux sœurs en tête d’affiche est le seul élément approfondi, mais que nenni. Le must, c’est que TOUS les personnages sont intéressants, qu’ils soient méchants ou gentils. Jinx pourrait être un personnage tellement tête à claques, mais l’écriture fait qu’elle devient fascinante et surtout elle propose une vraie évolution en deux saisons, là où dans une série classique, ça aurait duré au moins le triple d’épisodes.

Il ne lui manque que ça

Au final, mon seul regret face à cette masterclass concerne les combats. Tiens, tant que j’en suis au sujet, avant d’approfondir, je voulais souligner la beauté de ces ralentis « à la Snyder ». Il y en a pas mal dans Arcane, mais ils ne semblent jamais de trop (une belle leçon pour Zack) et permettent de savourer la magnificence et la puissance du plan.

Revenons aux combats. Je trouve que la série souffre du même mal que les combats dans les Disney. L’animation est tellement rapide qu’il est difficile de savourer pleinement la chorégraphie des combats, sauf lorsqu’un ralenti intervient (je criais souvent alléluia dans ces moments). Il manque également la beauté de la stratégie du combat, élément qu’on retrouve souvent dans les shōnen.

Généralement, Fortiche se contente de combats de quelques dizaines de secondes, comme si cela l’ennuyait. Il y a tout de même quelques exceptions. En tout cas, de mémoire, je n’en retiens que deux : le combat entre Ekko et Jinx déjà abordé et le combat de l’épisode final (inutile de préciser lequel, c’est assez évident). N’oublions pas la géniale bataille finale. Au vu du style de jeu qu’est League of Legends, c’est surprenant que ce point n’ait pas été davantage approfondi.

C’est le seul élément qui ne trouve pas pleinement grâce à mes yeux, et, encore, je trouve que je pinaille un chouia, mais c’est juste que la série est à deux doigts de la perfection que j’aurais voulu qu’elle atteigne.