Alex Garland fait son Apocalypse Now
Fiche
Titre | Civil War | Titre VO | – |
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Réalisateur | Alex Garland | Scénariste | Alex Garland |
Acteurs | Kirsten Dunst, Wagner Moura, Cailee Spaeny, Stephen McKinley Henderson, Jesse Plemons, Nick Offerman | ||
Date de sortie | 17 / 04 / 2024 | Durée | 1h 49 |
Genre | Action, Aventure, Drame, Guerre, Thriller | Budget | 50 000 000 $ |
Dans un futur proche, une équipe de journalistes parcourt les États-Unis au cours d’une guerre civile qui s’intensifie rapidement et qui a englouti le pays tout entier.
Critique
Mais quelle daube ce film ! Je voulais revoir Captain America et Iron Man se casser la figure… Quelle déception ! Voilà, c’était l’instant de la blague volée sans vergogne sur Internet. Maintenant, revenons à des choses plus sérieuses. Ah oui, avant de boucler cette introduction hors sujet, je voulais prévenir les fans de Marvel que même s’il n’y a pas Captain America ou Iron Man, il y a tout de même un caméo d’un super-héros Marvel très populaire : Daredevil ! Par contre, on ne le voit qu’en civil. On me murmure dans mon oreillette imaginaire qu’il avait oublié son costume, ce con. Apparemment, il ne le voyait pas dans sa penderie… Sic.
La grande ambition d’A24
Bon, Civil War, c’est le studio A24 qui, après plusieurs gros succès, décide de passer un cap. Avec son budget de 50 millions de dollars, le film d’Alex Garland est le plus cher produit par A24 devant Beau Is Afraid (2023) et ses 35 millions de dollars. Pour l’instant, au niveau du box-office, l’histoire leur donne raison avec 26 millions de dollars pour son premier week-end aux États-Unis. D’ailleurs, c’était aussi la première fois qu’A24 prenait la première place du box-office pour le week-end. Actuellement, il cumule 72 millions au box-office mondial, ce qui n’est pas extraordinaire, mais tout de même sympathique.
Une action immersive
Perso, j’étais curieux de découvrir ce film, car A24 m’a rarement déçu. Après, j’y suis allé en sachant qu’il ne s’agirait pas d’un blockbuster couvrant une guerre de Sécession spectaculaire. Ce qui n’empêche pas Alex Garland de livrer des scènes d’action mémorables. La dernière est totalement dingue. D’autant plus qu’on est sur du R, donc c’est particulièrement violent.
Garland a eu l’excellente idée de se servir du métier de son héroïne, une photographe, pour installer dans son montage des instants où le temps se fige le temps d’un cliché. Ça a l’efficacité d’un ralenti à la Snyder. Sans les fonds verts dégueulasses et surtout sans trop en ajouter au point de casser le rythme de la scène.
Au final, le réalisateur d’Ex Machina (2015) parvient à installer une tension. Certaines scènes font presque retenir son souffle. Mention spéciale à celle impliquant Jesse Plemons. Pour l’anecdote, il s’agit du mari de la star Kirsten Dunst. À l’origine, il n’était pas prévu au casting, mais l’acteur devant jouer le rôle l’a abandonné et Dunst a recommandé son mari au réalisateur. Résultat, Plemons a rejoint le casting quelques jours avant le tournage de sa scène. Comme quoi, les aléas du tournage peuvent accoucher de séquences mémorables.
Ce n’est pas Francis Ford Coppola qui dira le contraire, vu l’enfer vécu sur le tournage de son chef-d’œuvre, Apocalypse Now (1979). J’ai fait exprès d’invoquer son nom, car non seulement l’idée est là, mais il y a de l’Apocalypse Now dans Civil War. Grosso modo, on suit une équipe d’un point A jusqu’à un point B, et elle traverse des étapes de plus en plus difficiles.
Désincarné
Néanmoins, le film d’Alex Garland n’arrive pas à se hisser à la hauteur d’Apocalypse Now, à cause de personnages manquant d’épaisseur, car reposant trop sur des clichés : l’héroïne désabusée, le pote jovial, le vieux qui a tout vu et la petite jeune naïve avec les dents rayant le parquet. Heureusement que les acteurs livrent de bonnes prestations permettant de masquer la faiblesse de l’écriture.
J’ai également un regret sur le contexte flou concernant la politique. On finit par nous faire comprendre les grandes lignes indirectement, mais ça reste très sage histoire de ne heurter aucun bord politique. Pour terminer, j’étais un peu halluciné de voir à quel point les soldats prenaient un grand soin à protéger les journalistes au détriment de leur vie, surtout dans la bataille finale. Je ne sais pas si c’est le cas dans la vraie vie, mais moi, je les aurais bien envoyés chier.
Pour terminer, si le sujet de départ est original, à savoir une guerre civile de nos jours, le traitement reste très basique et déjà vu bien mieux ailleurs, comme Apocalypse Now ou la série The Last of Us qui ont, en plus, le mérite d’approfondir les personnages secondaires, là où Civil War se contente de clichés déshumanisés. Est-ce volontaire pour se raccorder à l’état d’esprit de l’héroïne ?
La grande question de la fin
Cliquer pour lire le paragraphe (attention, il contient un gros spoil)
À la sortie de la séance, c’était le passage-choc de la fin qui m’avait marqué. Est-ce que Lee est morte ? Pour moi, c’était sans équivoque. Néanmoins, avec le recul, la question mérite d’être posée. En effet, on ne voit pas de traces de sang (et ce n’est pas une histoire de censure, vu ce qui a précédé) et ses compagnons n’ont rien à foutre de son sort (toutefois, ce point se justifie par l’histoire racontée où la photo et la dernière parole priment sur le reste). On pourrait imaginer qu’elle est simplement dans les vapes à cause de l’impact des balles sur son gilet.
Par Christophe Menat ayant cru un moment à un caméo de Thomas Ngijol.
Conclusion
Civil War est l’Apocalypse Now des temps modernes avec un pitch enthousiasmant, à savoir imaginer une guerre de Sécession de nos jours. Au niveau de l’image et des scènes d’action, le film d’Alex Garland est une grande réussite. Néanmoins, les nombreux clichés font que l’histoire n’arrive jamais à s’élever au-delà des scènes chocs. Surtout, des séries comme The Last of Us ont traité le sujet de manière bien plus marquante. |
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7/10 |