Critique : Upside Down

Roméo et Juliette jouent à Portal

Fiche

Titre Upside Down
Réalisateur Juan Solanas
Scénaristes Santiago Amigorena, Juan Solanas
Acteurs Jim Sturgess, Kirsten Dunst, Timothy Spall, Elliott Larson, Holly O’Brien, James Kidnie
Titre original Date de sortie 1 mai 2013
Pays États-Unis, France Budget 60 000 000 $
Genre Drame, Fantastique, Romance, Science fiction Durée 1h40
Dans un univers extraordinaire,vit un jeune homme ordinaire. Adam, qui tente de joindre les deux bouts dans un monde détruit par la guerre. Tout en luttant pour avancer dans la vie, il est hanté par le souvenir d’une belle jeune fille venant d’un monde d’abondance. Elle s’appelle Eden. Dans cet univers, son monde se trouve juste au-dessus de celui d’Adam – si près que lorsqu’il regarde vers le ciel, il peut voir ses villes étincelantes et ses champs fleuris. Mais cette proximité est trompeuse, l’entrée dans son monde est strictement interdite et la gravité de la planète d’Eden rend toute tentative extrêmement périlleuse.

Critique

On raffole tous de ces longs-métrages de science-fiction délivrant une vision unique d’un monde. On avait eu le droit en 2011 à Time Out qui malgré son originalité où le temps était devenu la monnaie principale se noyait rapidement dans un récit simpliste et peu intéressant. On avait eu le droit en 2012 à Looper avec son nouveau métier consistant à tuer des gens venant du futur pour un résultat assez barré. En 2013, c’est un truc encore plus fou… Deux planètes vivants face à face et chacune avec sa propre gravité. Bien évidemment, un truc va tout chambouler, Adam d’En Bas tombe amoureux d’Eden d’En Haut.

« Upside Down, c’est un truc fou… Deux planètes vivants face à face et chacune avec sa propre gravité. »

S’il y a une chose à laquelle il faut rendre hommage pour Upside Down, c’est sa beauté plastique. Fort d’un gros budget (60 millions), il délivre de magnifiques plans rappelant par moments le sublime L’Odyssée de Pi même si certains effets spéciaux sont immondes, notamment celui avec le poisson rouge. Le début est un pur régal avec ses deux montagnes justes séparées par quelques mètres et son atmosphère cyclique posant un cadre onirique à l’histoire. On se régalera aussi avec ces deux mondes que tout séparent, le monde d’En Bas est pauvre, le monde d’En Haut est riche. Ce n’est pas original (Time Out en avait fait de même) mais c’est plutôt efficace visuellement. Le must, c’est la tour de l’entreprise « maléfique » qui relie les deux planètes et dont l’étage 0 offre des audaces visuelles. En conclusion, Upside Down est une claque visuelle permanente bourrée de petites astuces pour donner vie à ce monde original. Les fans d’architecture vont prendre leurs pieds.

« Le film délivre de magnifiques plans rappelant par moments le sublime L’Odyssée de Pi. »

Malheureusement, l’histoire a beaucoup de mal à suivre. Si l’intrigue amoureuse à la Roméo et Juliette est assez réussie notamment grâce à une Kirsten Dunst vraiment attachante malgré ses dents de vampires (je suis surpris qu’elle n’ait jamais jouée dans Twilight). Elle a réussi à m’émouvoir. De l’autre côté, Jim Sturgess n’est pas au même niveau mais reste tout de même sympathique grâce à sa bouille toute adorable (le genre dont on a envie d’en pincer les joues tout en le secouant). On peut aussi compter sur Timothy Spall pour jouer le comparse « roue de secours ».

Ce qui ne fonctionne pas, c’est tous les à côtés de l’histoire. Beaucoup de questions restent sans réponse comme si jugées sans intérêt mais pourtant… Par exemple, on n’aura aucun aperçu sur le gouvernement des planètes à tel point qu’on a l’impression que l’entreprise « maléfique » est la seule à détenir le pouvoir. Le héros est emprisonné puis 10 ans après, tout se passe bien… Quand Adam et Eden sont pourchassés, on leur tire dessus sans sommation ?!

De plus, les personnes ne semblent même pas s’enthousiasmer du fait qu’Adam réussisse à aller sur l’autre planète. N’oublions pas non plus, le fait que les personnages vont tout en haut d’une montagne (et pas une colline, hein ;-), une vraie montage genre le Kilimandjaro) juste équipés d’une chemisette et ne semblent pas être incommodés par le froid environnant pourtant, il y a de la neige partout donc on se doute bien qu’il ne fait pas 30 degrés. Autre détail gênant, les poids nécessaires à Adam pour rester stable sur l’autre planète semblent parfois disparaître d’une scène à l’autre. En effet, ces poids sont assez conséquents du coup, les vêtements d’Adam en sont déformés or sur certaines scènes, on ne voit plus ces déformations (afin de rendre Jim le plus beau possible ? Sans doute.). Le pire, ça reste tout de même les cheveux de Jim Sturgess qui restent impeccable sur l’autre planète (même si on essaie de nous faire vendre une histoire de gel, vu combien il en met, c’est impossible que tous ses cheveux tiennent).

« Le pire [des incohérences], ça reste tout de même les cheveux de Jim Sturgess qui restent impeccable [malgré la gravité]. »

Upside Down compte des dizaines d’exemples comme ça qui nuisent à la bonne tenue de l’ensemble. C’est d’autant plus rageant qu’il y a beaucoup de motifs d’espoir et les parties les plus difficiles (mise en place d’un nouveau monde, identité visuelle unique) sont réussies. C’est rare que je dise ça mais le film aurait gagné a être plus long afin d’étoffer son background quitte à délaisser momentanément son intrigue principale.

Conclusion

Splendide visuellement, Upside Down souffre d’un background pas assez étoffé et de nombreuses incohérences. On a l’impression que le réalisateur Juan Solanas était tellement préoccupé par la technique pour donner vie à ce monde atypique qu’il a oublié les points les plus basiques d’un long métrage mais ô combien essentiels.
+ – magnifique
– un monde original
– background oublié
– incohérences nombreuses
5/10
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