Critique : Batman v Superman : L’Aube de la Justice

Le combat du siècle jour

Fiche

Intégré au DC Extended Universe
Titre Batman v Superman : L’Aube de la Justice
Réalisateur Zack Snyder
Scénaristes Chris Terrio, David S. Goyer
Acteurs Ben Affleck, Henry Cavill, Amy Adams, Jesse Eisenberg, Diane Lane, Laurence Fishburne, Jeremy Irons, Holly Hunter, Gal Gadot, Scoot McNairy
Titre original Batman v Superman: Dawn of Justice Date de sortie 23 / 03 / 2016
Pays États-Unis Budget 250 000 000 $
Genre Action, Aventure, Fantastique, Science-fiction Durée 2h 33

Parce qu’il redoute les excès d’un superhéros omnipotent, le puissant justicier masqué de Gotham City défie le sauveur bien-aimé de Metropolis, sous les yeux des spectateurs indécis. Tandis qu’ils s’affrontent, un nouveau danger fait planer une menace sans précédent sur l’ensemble de l’humanité.

Photo du film Batman v Superman: L'Aube de la Justice avec Superman et Batman
« Bon, on s’y met ? »

Critique

Tout avait commencé avec une bannière anodine apparue dans Je suis une légende. Presque une décennie plus tard, nous avons enfin droit au « combat du siècle »… The greatest gladiator match in the history of the world: Son of Krypton versus Bat of Gotham… Batman contre Superman !

Pendant la séance, j’étais choqué de voir à quel point, je… n’étais pas excité. Bordel, on parle du duel qui fait le plus fantasmer les fans de comics. On parle de deux des super-héros les plus emblématiques de l’univers en train de se mettre sur la gueule. Mais rien. Juste la sensation d’être en train de regarder un bon film, sans plus. Et cette sensation durera jusqu’au générique de fin (où, malheureusement, aucune scène post-générique ne pointera le bout de son nez).

Mais comment est-ce possible ? Comment est-ce possible que je n’ai pas réussi à devenir comme un fou en train d’arracher mon fauteuil ? En premier, je vois déjà l’excuse de l’overdose de bandes-annonces. Et elle est tout à fait valable, mais elle n’est pas seule. C’est tout simplement que l’intrigue de Batman v Superman : L’Aube de la Justice n’a rien d’extraordinaire. Je serais Warner Bros., je commencerais sérieusement à flipper, parce qu’après Man of Steel, avoir un accueil critique mitigé pour le lancement officiel du DC Extended Universe serait très inquiétant pour la suite. Et vu le film du jour, c’est bien parti pour.

Ma plus grande peur s’est réalisée

Revenons à cette fameuse overdose. Sans surprise, ma plus grande peur s’est matéralisée… Toute l’intrigue du film a été résumée dans les bandes-annonces. Toute, mis à part quelques, et malheureusement rares, « surprises ». Pourquoi les guillemets ? Parce qu’elles sont prévisibles. Au-delà de l’intrigue, tous les plans marquants y sont aussi présents (pourtant, il y en avait un sacré paquet, Zack Snyder ayant toujours été aussi fort pour cela). C’est simple, plus je regardais Batman v Superman, plus j’attendais d’avoir au moins un événement surprenant. Mais rien… Si ce n’est l’excellente, mais brève, scène avec le Batman Steampunk et son intrigante conclusion. Car après tout, comment peut-on s’emballer en regardant un film qu’on a déjà vu ?

Photo du film Batman v Superman: L'Aube de la Justice avec Batman
Voici Iron Batman ! L’improbable fusion entre Batman et Iron Man.

Et ce n’est pas le seul problème. L’autre, c’est qu’au final, le duel tant attendu, tant fantasmé, est un véritable pétard mouillé. Une fois le combat fini, je n’avais que ces mots dans mon esprit : « Tout ce barouf pour ça ? Le combat contre Zod était bien plus réussi. ». Je ne veux pas comparer avec un Civil War pas encore sorti (et qui peut s’avérer mauvais), mais le duel qui s’annonce entre Captain America et Iron Man semble bien plus poignant dramatiquement parlant. Car, il s’agit de l’affrontement entre deux individus que je chéris. Mon cœur va saigner à les voir dans ce combat à mort. Car plus que la lutte entre la légende vivante et l’homme de fer, c’est un duel fratricide entre Steve et Tony. Or ici, Superman n’a fait l’objet que d’un film. Et Batman est introduit ici. Il ne s’agit pas du Batman qu’on connaît. Il ne s’agit pas celui de Burton, ni de celui de Nolan. Il s’agit d’un tout nouveau Batman. Il manque donc cet attachement et surtout ce résultat imprévisible. Qui peut savoir comment Civil War va finir ? Alors qu’aucun indice n’est lâché dans la bande-annonce pour le Marvel, c’est carrément une preuve qu’apporte celle du film de DC.

Rien ne sert de courir ; il faut partir à point.

Pourtant, Zack Snyder fait du mieux qu’il peut. Les origines du chevalier noir sont une nouvelle fois introduites. Ainsi, Batman monopolise toute la première, et meilleure (Un hasard ? Je ne pense pas), heure, du film reléguant pratiquement Superman en simple faire-valoir. C’est en voyant cela que je me suis alors dit que c’était finalement trop tôt. Ils ont voulu aller trop vite pour rattraper le retard par rapport au Marvel Cinematic Universe. Mais, comme nous l’apprenait La Fontaine : « Rien ne sert de courir ; il faut partir à point. ».

Disons-le franchement, ce duel n’est finalement qu’un prétexte pour appâter le chaland et l’amener à voir la naissance de la Justice League et donc du DC Extended Universe. L’avantage, c’est que désormais, ce ne sera plus que les fans qui seront vraiment au courant de cette naissance. Brrr, combien de fois ai-je dû expliquer cet objectif en utilisant les termes « Avengers de DC » ? Cette amorce m’a permis de ressentir une des rares excitations provoquées par le long-métrage grâce à une scène avec Gal Gadot (Wonder Woman).

Photo du film Batman v Superman: L'Aube de la Justice avec Wonder Woman
Pauvre Steve. Après Spider-Man, c’est au tour de Wonder Woman de piquer son bouclier.

En relisant les précédents paragraphes, je me rends compte que je peux dégoûter du film, pourtant, il n’est pas mauvais. Je vais être franc, je n’ai même pas vu passer les deux heures trente et j’ai dégusté le tout. Après tout, quelle réalisation, quelle photographie. Parmi les points positifs, on peut compter sur un excellent Ben Affleck en Batman, même si sa prestation est finalement moins mémorable qu’espérée. Il est tout de même un Batman convaincant. Un Batman sur lequel on peut fonder de bonnes choses pour la suite. Mais, il n’a pas cette lumière qui pourrait faire de lui un lumineux Dark Knight. Je l’attendais en homme dépassé, en homme colérique, en homme désabusé, en The Dark Knight Returns. Je n’ai vu aucune de ces choses. Il n’a pas cette folie qui habite le Punisher de la saison 2 de Daredevil. C’est un autre bât qui blesse ce Batman v Superman. Comment être excité par cet affrontement après avoir vécu le duel au sommet entre Daredevil et le Punisher. Finalement, ce que j’ai vécu avec la série Netflix, c’est que j’espérais vivre avec le film DC. Au moins, je l’ai vécu.

Il y a Batman… et les autres.

Quant à Superman, physiquement, rien à redire, Henry Cavill était déjà excellent dans Man of Steel et il continue ici. Toutefois, j’ai toujours eu du mal avec ce super-héros et ses exaspérants états d’âme. Alors que j’espérais que Man of Steel soit une exception, car, après tout, il racontait la naissance de Superman, Kal-El qui devenait le super-héros « parfait » que tout le monde connaît. Dans le film du jour, ces états d’âme sont exacerbés et le super-héros est réduit à l’état de simple pantin de Lex Luthor. Le mec ne fait que subir, subir et encore subir. Une victime avec la puissance d’un dieu… Ce n’est pas vraiment le Superman de Metropolis. On dirait le Superman de… Gotham. Un Superman sombre et torturé. On sent cette volonté de vouloir continuer à l’humaniser pour s’approcher de la formule à succès de Marvel et de Batman en proposant un super-héros torturé. Mais au bout du compte, il n’est pas assez approfondi, la faute au monopole de Batman. Il n’a donc provoqué chez moi que l’agacement. J’espère que la version longue permettra d’équilibrer. Cette manière de traiter Superman rend aussi le duel moins passionnant que prévue, à l’inverse justement de celui entre Daredevil et le Punisher où ce sont réellement deux idéologies qui s’affrontent.

Photo du film Batman v Superman: L'Aube de la Justice avec Lex Luthor
Hitch peut se faire du souci, Lex vient de faire le coup de légende pour un entremetteur.

Enchaînons avec son « maître », Lex Luthor. Jesse Eisenberg est en mode roue libre. Cabotinage, cabotinage, cabotinage. Il a décidé de rivaliser avec Gene Hackman et Kevin Spacey au lieu de s’émanciper. Quelques indices peuvent tout de même permettre d’espérer obtenir pour l’avenir un Lex Luthor plus proche des comics plutôt qu’un bouffon machiavélique. Mais en attendant, il restera à cet état. Sympathique, mais sans plus.

Parmi les flops, je compterais sur le costume de Wonder Woman… Au niveau des seins, c’est juste une monstruosité, je n’arrête pas de loucher dessus en essayant de comprendre comment ils ont pu laisser passer un truc aussi moche ? Heureusement donc que Gal Gadot m’a convaincu en Diana Prince. Ça aide d’avoir un corps de rêve. Par contre, je serais moins indulgent avec Amy Adams tout simplement insupportable. Je suis toujours estomaqué en la voyant embrasser ou caresser Clark alors que des choses plus urgentes sont en cours. Aussi, l’actrice a pris un sacré coup de vieux, les neuf ans qui la séparent d’Henry Cavill se font nettement ressentir. Et puis, je n’ai jamais pu blairer Lois Lane. Comment peut-on afficher pareille arrogance après avoir été autant de fois sauvée par Superman ?

Spoiler : le gâchis du combat final

Finalement, sans surprise, le duel entre Batman et Superman n’était qu’un amuse-bouche pour celui de la Trinité contre Doomsday. En voyant ça, je ne pouvais pas m’empêcher de me dire : « Quel dommage de l’avoir révélé dans la bande-annonce. Il aurait pu être la surprise du chef, l’élément qui aurait provoqué l’excitation du fan pendant le visionnage. ». Et ce look… Vraiment raté. Sérieusement, c’est Doomsday ou le Golem d’Argile ?

À l’issue du combat, je ne pouvais pas m’empêcher de me dire : « C’est trop tôt, bordel ! ». C’est trop tôt. Comment espérer y faire croire alors qu’on sait tous qu’un film Justice League est en préparation ? Et que la naissance de la Justice League sans Superman, c’est comme la naissance des Avengers sans Captain America. Aussi, le run si iconique de la mort de Superman est désormais gâché. Gâché par trop d’impulsivité. Jamais la morale du lièvre et la tortue n’aura été aussi vraie qu’ici. Ce run aurait dû être préservé pour plus tard où il aurait eu plus d’impact en laissant planer le doute. Pas lors de l’introduction de la Justice League. Surtout pas.

Petite pensée pour finir, je suis vraiment surpris de voir que Batman tue ! Pourtant, c’était sa morale number one. Qu’est-ce qui l’empêche désormais de tuer tous ses opposants emblématiques comme le Joker ?

Par Christophe Menat qui s’inquiète pour la suite du DCEU, le .

Photo du film Batman v Superman: L'Aube de la Justice avec Superman
Quand Superman fume de la weed, ça se voit.

Conclusion

Je serais la Warner, je commencerais à m’inquiéter. Le film sur lequel j’ai tant investi (on parle du plus gros budget de l’histoire en comptant le marketing), Batman v Superman, n’est pas le chef d’œuvre espéré, ni le film de super-héros le plus fun, ni le plus dramatique, ni même le plus poignant. Tout simplement une sympathique amorce pour un nouvel univers avec une sublime réalisation gâchée par la flopée de bandes-annonces. Quant au combat du siècle, il s’agit d’une véritable déception à l’issue ô combien prévisible (merci, la quatrième bande-annonce). J’attends désormais avec impatience la version longue (on parle d’une demi-heure en plus) en espérant qu’elle nous permettra de bénéficier d’une trame dramatique plus poignante.

+

  • Réalisation de haute volée avec une multitude de plans iconiques…
  • Ben Affleck fait un bon Batman
  • Première heure
  • Scène du Batman Steampunk
  • La blague de Martha Kent

  • … malheureusement tous dévoilés par les bandes-annonces
  • Émotionnellement proche du néant
  • Le combat vendu n’est pas tip top
7/10

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