PTA tente de faire du Coen
Fiche
Titre | Une bataille après l’autre | Titre VO | One Battle After Another |
---|---|---|---|
Réalisateur | Paul Thomas Anderson | Scénariste | Paul Thomas Anderson |
Acteurs | Leonardo DiCaprio, Benicio del Toro, Regina Hall, Sean Penn, Teyana Taylor, Chase Infiniti | ||
Date de sortie | 24/ 09 / 2025 | Durée | 2h 41 |
Genre | Action, Drame, Policier, Thriller | Budget | 130/175 000 000 $ |
Ancien révolutionnaire désabusé et paranoïaque, Bob vit en marge de la société, avec sa fille Willa, indépendante et pleine de ressources. Quand son ennemi juré refait surface après 16 ans et que Willa disparaît, Bob remue ciel et terre pour la retrouver, affrontant pour la première fois les conséquences de son passé…
Critique
En découvrant les résultats au box-office du film Une bataille après l’autre après son premier week-end, je n’ai pas été vraiment surpris : 48 millions de dollars dans le monde entier, dont 22 millions aux États-Unis. C’est typiquement le genre de film qui n’incite pas vraiment à se déplacer en salles, et qui se prête plutôt à une séance tranquille à la maison. Et ce, malgré les critiques enthousiastes de la presse.
Le budget faramineux : un pari risqué pour PTA
En revanche, ce qui m’a vraiment choqué, c’est son budget : entre 130 et 175 millions de dollars pour le nouveau Paul Thomas Anderson. Dès lors, les 48 millions de dollars récoltés font très mal. C’est assez étonnant de voir un tel budget, même si Leonardo DiCaprio a pris son chèque standard de 25 millions (correspondant à l’âge maximal de sa petite amie — mais on m’indique à l’oreillette que l’actuelle a 27 ans). Et quand on sait qu’il y a aussi deux autres lauréats aux Oscars, à savoir Sean Penn et Benicio Del Toro, la note a dû être salée.
Comment a-t-on pu confier un budget aussi élevé à PTA, sachant que son meilleur score au box-office reste There Will Be Blood (2007), qui avait rapporté 76,2 millions de dollars pour un budget de 25 millions (soit l’équivalent du salaire de la star de Titanic, la boucle est bouclée) ? Bref, je ne m’explique pas ce choix, mais c’est là un problème pour la Warner (qui, au passage, a profité de l’occasion pour afficher une image de Superman dans les bureaux du Sensei Del Toro). Ce qui nous intéresse ici, c’est le film. Et franchement, mon avis est un peu moins dithyrambique que celui de la presse.
Je vais commencer par ce qui m’a gêné. Le ton. Une bataille après l’autre oscille sans cesse entre le sérieux et la bouffonnerie. À chaque fois que le suspense monte, il est aussitôt désamorcé par une petite blague, comme cet hommage de Bob (le personnage joué par celui qui a incarné un mec mort de froid – c’est dommage que le personnage n’ait pas pu être incarné par Lewis Pullman, il aurait pu faire un triplé) à John Wick (indice : la belle chute à la fin de Parabellum).
Une mise en scène soignée, mais des personnages clichés
Avec le recul, je me rends compte qu’on se trouve davantage dans une histoire à la Coen, avec des personnages complètement à côté de la plaque (à l’exception de Sensei, évidemment). Sauf que PTA n’a pas la maîtrise comique des frères Coen. Heureusement, il possède un réel talent pour la mise en scène, bien soutenu par un montage impeccable qui permet de digérer la longueur du film sans aucun souci.
Une bataille après l’autre est donc un film qui mérite d’être vu pour les performances de ses acteurs. Toutefois, j’ai été un peu déçu par celle de Leonardo DiCaprio, qui se contente de recycler ce qu’il a déjà fait dans ses rôles précédents, ici en incarnant une sorte de Lebowski révolutionnaire. En revanche, la prestation de Sean Penn m’a bien fait rire. Son personnage part dans tous les sens et son côté caractériel est un vrai régal. Sans hésitation, c’est mon personnage préféré. C’est simple, toutes les scènes qui me viennent à l’esprit l’impliquent.
Je tiens à insister sur les performances des acteurs, car la caractérisation des personnages est un véritable festival de clichés, à tel point qu’ils ne sortent jamais de leur archétype. Reste alors une scène « d’action » (je mets des guillemets, parce que ça reste assez soft), où il y a un peu de suspense et une idée de mise en scène (attention au mal de mer, toutefois). Mais encore une fois, en plus de l’humour, le film étant prévisible, il y a peu de place pour le vrai suspense, celui qui noue les tripes.
Par Christophe Menat ayant un peu de mal à comprendre les excellentes critiques.
Conclusion
Une bataille après l’autre s’avère être un film visuellement soigné, porté par des performances solides, mais qui peine à s’affirmer pleinement, coincé entre une tentative d’humour à la Coen et un ton plus sérieux. Si le talent de mise en scène de PTA est indéniable, l’écriture des personnages et le manque de prise de risques en font un film plutôt inégal, qui n’est jamais parvenu à me convaincre complètement. |
|
+
|
–
|
6/10 |