Critique : L’Ordre et la morale

La morale est-elle supérieure à l’ordre ?

 
Fiche

D’après une histoire vraie
Réalisateur Mathieu Kassovitz (Les Rivières Pourpres, Babylon AD)
Scénaristes Mathieu Kassovitz, Benoît Jaubert, Pierre Geller
Acteurs Mathieu Kassovitz (Le Fabuleux destin d’Amélie Poulain), Iabe Lapacas, Malik Zidi (Les Mystères de Lisbonne), Alexandre Steiger (Et soudain, tout le monde me manque)
Pays France Date de sortie 16 novembre 2011
Genre Action, Drame, Historique Durée 2h16
Budget 15 000 000 euros
Avril 1988, Île d’Ouvéa, Nouvelle-Calédonie.
30 gendarmes retenus en otage par un groupe d’indépendantistes Kanak.
300 militaires envoyés depuis la France pour rétablir l’ordre.
2 hommes face à face : Philippe Legorjus, capitaine du GIGN et Alphonse Dianou, chef des preneurs d’otages.
À travers des valeurs communes, ils vont tenter de faire triompher le dialogue.
Mais en pleine période d’élection présidentielle, lorsque les enjeux sont politiques, l’ordre n’est pas toujours dicté par la morale…
Une épopée violente et trouble qui marque le retour de Mathieu Kassovitz devant et derrière la caméra.

Critique

Comment revenir après un échec ? Comment se relever après avoir été conspué par la masse ? Le retour derrière la caméra de Mathieu Kassovitz était attendu après son exil américain.

Il nous revient donc avec un sujet sensible de l’histoire de France qui est la prise d’otage de gendarme dans la grotte d’Ouvée en Nouvelle Calédonie.

L’ordre et la morale nous relate les évènements survenus en Nouvelle Calédonie pendant l’entre deux tours de la présidentielle de 1988. A la suite de l’attaque d’une gendarmerie sur l’île d’Ouvéa, quatre gendarmes sont tués et les 27 autres pris en otages par un groupe d’indépendantistes kanaks. Le film suit le capitaine du GIGN Philippe Legorjus dans ses missions de négociations et de libération les otages. Une fois sur place, celui-ci se rendra compte que son champ d’action est limité et le contexte politique que ce soit sur l’île avec les autochtones ou en métropole avec les élections lui rendra sa tâche impossible.

Au niveau de la réalisation, Kassovitz nous prouve qu’il est doué même très doué pour nous livrer des plans exceptionnels d’une grande intensité. Les plans rapprochés sur les visages sont saisissants, ceux de la jungle calédonienne sont un bel hommage à la jungle vietnamienne de Coppola et les cadrages tombent souvent justes. Mais deux plans séquences condense la virtuosité de Kassovitz. Tout d’abord celui dans la gendarmerie qui en quelques secondes nous permet de relater l’attaque et le meurtre de 4 gendarmes de façon limpide. Et enfin l’attendu assaut final pendant lequel on ressent la pression subie par le groupe du GIGN pris entre les tirs des preneurs d’otages et des militaires menant l’attaque. Ce dernier nous tient en haleine pendant plusieurs minutes sans relâcher la tension une seconde.

Si la mise en scène est magnifique, le jeu des acteurs l’est beaucoup moins. Kassovitz dans un souci de réalisme a voulu faire jouer les militaires par des militaires et les kanaks par des civils kanaks. La recherche d’authenticité est telle que l’acteur jouant Alphonse Dianou , Iabe Lapacas, est un cousin du vrai Alphonse Dianou. Ces choix sont peut-être louables mais l’amateurisme des comédiens se fait ressentir de temps à autre (surtout chez les militaires), nous faisant sortir de l’histoire et par la même occasion nous rappelle que nous sommes face à une retranscription cinématographique de l’Histoire.

Mais L’ordre et la morale dépasse l’œuvre cinématographique pure de part sa partie historique et l’on doit se questionner sur la véracité des faits. N’ayant pas une connaissance assez poussée des faits je ne peux juger de l’exactitude des évènements relatés par Kassovitz. Néanmoins il est à noter qu’au cours de l’élaboration du film, qui lui a pris 10ans, il s’est retrouvé face à des refus des deux parties. D’un côté les militaires, qui voyant un manque d’impartialité, lui ont refusé d’utiliser leurs équipements (entraînant la construction de véhicule et d’hélicoptère en bois) et de l’autre les autochtones, lui reprochant de rouvrir une plaie encore trop fraîche (obligeant la délocalisation du tournage en Polynésie). De même, les deux protagonistes principaux du film, que sont le capitaine Legojus et Alphonse Dianou, nous sont dépeints comme deux romantiques dépassés par les évènements et complètement démunis face à l’ampleur que prend la prise d’otage. Cela n’est-il pas une vision un peu trop allégorique pour un film se voulant authentique ?

Conclusion

La réalisation appliquée, le sujet encore trop tabou et l’intensité des scènes sont autant de raisons de voir le film; d’autant qu’elles éclipsent les quelques ratés de l’oeuvre de Kassovitz qui réussit son retour au pays.
+ – la réalisation
– un sujet tabou
– Kassovitz is back
– le jeu d’acteur
Trophée7/10
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