Critique : Larry et son nombril (2000 – 2024)

Les (joyeuses) aventures d’un psychopathe social

Fiche

TitreLarry et son nombril Titre VOCurb Your Enthusiasm
CréateurLarry David
Acteurs Larry David, Jeff Garlin, Cheryl Hines, Susie Essman, J.B. Smoove, Richard Lewis
Nombre de saisons12 Nombre d’épisodes120
Date de sortie07 / 04 / 2024 Durée35 mn
GenreComédie ChaîneHBO

La vie de Larry David et les problèmes auxquels il est confronté avec ses amis et de parfaits inconnus.

Critique

Il était une fois… Seinfeld

Larry et son nombril est une histoire qui remonte à loin. Plus de deux décennies. Je suis tombé dessus après m’être penché sur la série Seinfeld (1989 – 1998). Pour cette dernière, j’étais curieux de découvrir la série que Friends a copiée et qualifiée comme l’une des plus grandes séries de tous les temps. Pour poser le niveau, en 2013, la Writers Guild of America l’a classée au deuxième rang des séries les mieux écrites of all time, derrière Les Soprano. Elle est également la sitcom la plus lucrative de l’histoire de la télévision américaine avec 2,7 milliards de dollars de revenus entre 1998 (donc post-diffusion originelle) et 2010.

Après m’être régalé dessus, je me suis jeté sur Larry et son nombril, car il s’agit de la série de Larry David, cocréateur et showrunner des sept premières saisons de Seinfeld. Épuisé par le stress, il a fini par quitter Seinfeld laissant les rênes à Jerry Seinfeld. Néanmoins, il est revenu pour le mémorable épisode final. D’ailleurs, pour l’histoire, le personnage de George Costanza est son double à l’écran. Bref, avec cette série, on estime que les droits et les ventes de DVD ont permis au divin chauve d’acquérir la somme de 250 millions de dollars.

Ce n’est pas Seinfeld 2.0

À l’époque, beaucoup se sont enthousiasmés pour cette série, imaginant un Seinfeld 2.0. C’est pourquoi Larry David, comme il l’a révélé dans une entrevue accordée au Time en 2010, a choisi ce titre curieux : Curb your enthusiasm (« freinez votre enthousiasme » en français). D’une part, parce qu’il colle au propos de sa nouvelle série, mais d’autre part, pour bien faire comprendre qu’il ne s’agit PAS d’un Seinfeld 2.0. D’ailleurs, l’idée du héros faisant du stand-up a été abandonné par rapport à l’épisode « pilote ».

Larry David a également opté pour un procédé atypique. Il n’y a pas de scénario, juste un plan d’intrigue très détaillé. Ainsi, les acteurs improvisent. Résultat, en moyenne, chaque scène nécessite entre sept et huit prises, ce qui est très élevé pour une série télévisée dont la durée d’un épisode est encadrée.

Une série ayant su évoluer

À l’annonce que la douzième saison serait la dernière, je m’y suis remis après avoir abandonné à la huitième saison. Ce n’est pas parce que la série ne m’intéressait plus, mais parce qu’il était compliqué de la suivre en France.

Pour marquer le coup, j’ai repris le visionnage de zéro et on sent bien l’évolution au fil des années. Les premières saisons sont marquantes car elles offrent un certain malaise qui n’est pas sans rappeler les séries de Ricky Gervais comme The Office. Par la suite, comme dans la version américaine de The Office d’ailleurs, le malaise se dissipe.

Pour moi, les premières saisons ont un vrai handicap avec le personnage de la femme, Cheryl David. Pour l’anecdote, chaque fois que Larry se retrouve à mentir à sa femme au sujet de sa dernière galère, l’actrice qui la joue, Cheryl Hines, était dans le noir comme son personnage. En effet, de l’intrigue de l’épisode, elle ne connaissait que les détails de ses scènes. Quoi qu’il en soit, on se retrouvait avec un personnage lourdaud et souvent pénible. Heureusement, son rôle s’amenuise au fil des saisons.

La série qui a sauvé un innocent

Allez, tant que j’en suis aux anecdotes, en voici une autre, totalement improbable :

« En 2003, un homme nommé Juan Catalan a été arrêté pour meurtre à Los Angeles. Il a clamé à plusieurs reprises son innocence et a demandé à passer un test de polygraphe, une demande que la police a refusée (les tests de polygraphe n’étaient pas admissibles au tribunal). Il avait aussi un alibi. Il a juré qu’au moment du meurtre, il était au stade Dodger avec sa petite-fille, regardant les Dodgers contre les Braves, mais son avocat n’a pu le trouver dans aucune des images du stade ou de la chaîne télé.

Cependant, il a découvert qu’il y avait une autre source d’images de la foule. L’épisode 6 de la saison 4 de Larry et son nombril, La voie réservée (2004), avait été filmé au stade Dodger ce soir-là. Bien que Catalan ne soit pas apparu dans le montage final de l’épisode, son avocat a finalement pu le trouver, lui et sa fille, dans les prises, et a déterminé à partir des horodatages sur les bandes que Catalan ne pouvait pas être le tueur. Quand on lui a dit que son émission avait libéré un homme injustement accusé de prison et évité un procès qui aurait pu conduire à la peine de mort, Larry David a commenté : « Je dis aux gens que j’ai maintenant fait une chose décente dans ma vie, quoique par inadvertance. ».

Le documentaire Long Shot (2017) sur Netflix raconte ces événements.

Les saison défilent, mais le rire reste

Bref, Larry et son nombril, c’est une succession d’épisodes hilarants reposant souvent sur des quiproquos avec un véritable misanthrope pour héros. Larry David joue avec son image de riche pour camper un personnage osant tout (sans pourtant être un con, n’en déplaise à Michel Audiard) et disant tout ce qu’il pense, sans filtre. Un véritable fantasme dans la société moderne où il faut souvent se refréner. Le plus drôle, c’est qu’il essaie généralement de bien faire, mais ça ne finit jamais bien.

En plus de cela, elle offre un festival de caméos à faire tourner la tête. J’épargne les noms, mais c’est impressionnant d’avoir réussi à réunir un tel casting au fil des saisons. Le côté génial, c’est que la majorité du temps, les acteurs gardent leur vrai nom. Ainsi, la frontière entre le réel et la fiction devient floue et c’est totalement jouissif. Mention spéciale à l’épisode avec Michael J. Fox.

Néanmoins, le pic en tant que fan de Seinfeld survient avec la saison 7, où il est question de la suite de… Seinfeld. Sauf qu’on reste dans un aspect méta où l’on suit Larry David et les acteurs de la série, au complet, en train de tourner la suite. Une idée géniale !

Mis à part les caméos, on a des acteurs récurrents tous marquants. Mais je voulais en profiter pour rendre hommage à Richard Lewis, décédé pendant la diffusion de la douzième saison. Larry David et lui étaient des amis d’enfance nés dans le même hôpital, à trois jours d’intervalle. Les voir se chamailler comme deux frères brise le cœur.

La fin, une brève critique de la saison 12

Pour sa dernière saison, Larry David ne bouleverse pas ses habitudes, mais offre une trame de fond pour le moins curieuse et amusante, permettant de revenir sur les onze saisons qui l’ont précédée. Pour le reste, on a toujours droit à des situations cocasses et des caméos sympathiques. Comme d’habitude, j’ai eu plusieurs fous rires, surtout avec le final de l’épisode 6, Le discours de Gettysburg.

Quant à l’épisode final, il joue astucieusement avec la réputation sulfureuse du dernier épisode de Seinfeld. À ce sujet, mention spéciale à la sous-intrigue avec Leon Black (J.B. Smoove, l’un des meilleurs ajouts de la série) et à l’arrivée en fanfare d’un personnage emblématique pour un final ayant réussi à me prendre à contrepied.

Par ne revenant toujours pas que ce soit fini.

Conclusion

Née de la sitcom Seinfeld, la série Larry et son nombril nous fait suivre les hilarantes mésaventures d’un misanthrope au fil de saisons qui ne se ressemblent pas et qui ont suscité de nombreux rires. Un monument de la comédie télévisée.

+

  • Un personnage principal atypique
  • Beaucoup de moments drôles
  • Les travers de la société examinés à la loupe
  • Foule de caméos

  • C’est dur de savoir que c’est fini
10/10
S’abonner
Notification pour
guest

0 Commentaires
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires

Pin It on Pinterest