Critique : Fiction à l’américaine

Une comédie avec du bagout

Fiche

Titre Fiction à l’américaine Titre VOAmerican Fiction
Réalisateur Cord Jefferson Scénariste Cord Jefferson
Acteurs Jeffrey Wright, Tracee Ellis Ross, John Ortiz, Erika Alexander, Leslie Uggams, Adam Brody, Keith David, Issa Rae, Sterling K. Brown
Date de sortie26 / 02 / 2024 (Amazon Prime Video) Durée1h 56
GenreComédie, Drame Budget

Lassé de voir le système profiter des divertissements « noirs » basés sur des tropes offensants, un romancier frustré décide d’écrire son propre livre « noir », qui le propulse au cœur de l’hypocrisie qu’il méprise.

Critique

Hum, il y a des soirées comme ça où tu as l’embarras du choix devant le film à choisir, surtout avec plein de nouveautés. Le problème, c’est que, généralement, les nouveautés exclusives des services de streaming sont rarement satisfaisantes. Mais le temps. Lui, il n’attend pas. Il file. Donc il faut vite choisir un moment sous peine de se retrouver au pieu, la soirée foutue.

Bref, je me suis arrêté devant ce Fiction à l’américaine, car le titre me disait quelque chose. Je jette un petit coup d’œil sur sa fiche IMDb et suis agréablement surpris par la très bonne moyenne. Puis, voilà que je me rappelle où je l’ai vu. Il a tout simplement obtenu l’Oscar du meilleur scénario adapté. En plus d’avoir eu des nominations dans les catégories meilleur film, meilleur acteur, meilleur second rôle et meilleure musique. Allez, la soirée ne sera pas foutue. Surtout, en compagnie du Gardien.

Master of Stories

Meilleur scénario adapté signifie qu’il y a eu un matériel d’origine. Ici, c’est le roman Effacement (Erasure en VO) écrit par Percival Everett et paru en 2001. Cord Jefferson s’est chargé de l’adapter en plus de réaliser pour la première fois.

Cord Jefferson n’est pas un nom à ignorer, car on le retrouve en tant que scénariste en chef sur la saison 2 de l’excellent Master of None et les saisons 2 et 3 de The Good Place. Il tient également le même poste sur le chef-d’œuvre Watchmen (si tu ne l’as pas vu, je te marbre la gueule) en plus d’avoir écrit l’un des deux meilleurs épisodes de la mini-série : l’épisode 6, Cet être extraordinaire. IMDb me rappelle d’ailleurs que je l’avais noté 10/10. Bref, Cord Jefferson est clairement un maître des histoires.

Et il le confirme avec Fiction à l’américaine.

La vie est une drama queen drôle

Le long-métrage mélange astucieusement la comédie et le drame sans jamais que l’un ne prenne le pas sur l’autre. Comme la vie. J’ai ri comme j’ai été ému, et parfois à quelques secondes d’intervalle.

Il faut dire que le scénario est très malin. Pourtant, au vu de son pitch de départ, en des mains plus traditionnelles, hollywoodiennement parlant, cela aurait pu accoucher d’une comédie ridicule. L’intelligence de Cord Jefferson, je ne sais pas si c’est le cas dans le roman, donc je vais dire que c’est lui qui en est à l’origine, est de débuter de façon dramatique afin de nous caler dans un univers réaliste avant de bousculer les codes en offrant des scènes décalées (mention spéciale à la géniale fin).

J’avoue avoir été agréablement surpris d’avoir ri de bon cœur à plusieurs reprises devant l’absurdité de certains événements. De plus, c’est toujours amené de façon très fine, que ce soit par la réalisation, le jeu d’acteur ou d’excellentes répliques (la mère balance de sacrées punchlines). Bref, une excellente surprise à ce niveau.

« Le potentiel, c’est ce qu’on voit quand on pense que ce qu’on voit n’est pas assez bien. »

Au niveau de la réalisation, rien de particulièrement marquant. En même temps, il s’agit ici de mettre les acteurs en avant, car ce sont eux qui permettront au scénario de Cord Jefferson de fonctionner. Mission accomplie par l’excellent casting mené par un génial Jeffrey Wright assisté d’un tout aussi génial Sterling K. Brown.

Pour finir, je voulais partager une anecdote que j’ai adorée, mais qui spoile légèrement. Donc n’hésitez pas à arrêter la lecture de la critique ici si vous n’avez pas encore vu le film. Dans la scène où Monk décide d’écrire son roman pour répondre aux attentes du public, on peut voir le dialogue entre deux personnages qu’il est en train d’écrire prendre vie devant lui. En plus d’être délicieuse, cette scène marque un tournant.

Là où cela devient intéressant, c’est que Cord Jefferson a raconté que les deux acteurs, Keith David et Okieriete Onaodowan, ont élevé le niveau de la scène. À l’origine, la scène devait être ridicule ; Cord Jefferson l’a écrite en ce sens et de façon appuyée, pour marquer l’absurdité de ce qui allait suivre. Problème, les acteurs étaient tellement bons que la séquence n’était plus si absurde que cela. De ce passage, une question émerge : on se demande si le livre est peut-être bon, en fait. Cette question fait que ce qui suit n’est plus aussi binaire et amène une réflexion supplémentaire intéressante.

Par content que Prime Video ait décidé de diffuser ce film.

Conclusion

Oscarisé pour le meilleur scénario adapté, Fiction à l’américaine, le premier long-métrage de Cord Jefferson, un gars ayant œuvré sur les excellentes séries Master of None et Watchmen, est une comédie noire maligne et pleine de mordant. Capable d’émouvoir et de faire rire. Méchamment rire. Une excellente surprise.

+

  • Malin, émouvant et drôle
  • Jeffrey Wright et Sterling K. Brown
  • La fin

  • Réalisation ne tentant pas assez
8/10
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