Critique : Quelques minutes après minuit

Poésie vivante

Fiche

D’après le roman de Patrick Ness
Titre Quelques minutes après minuit Titre VO A Monster Calls
Réalisateur J.A. Bayona Scénariste Patrick Ness
Acteurs Lewis MacDougall, Sigourney Weaver, Felicity Jones, Toby Kebbell, Liam Neeson
Date de sortie 04 / 01 / 2017 Durée 1h 48
Genre Drame, Fantastique Budget 43 000 000 $

Conor a de plus en plus de difficultés à faire face à la maladie de sa mère, à l’intimidation de ses camarades et à la fermeté de sa grand-mère. Chaque nuit, pour fuir son quotidien, il s’échappe dans un monde imaginaire peuplé de créatures extraordinaires. Mais c’est pourtant là qu’il va apprendre le courage, la valeur du chagrin et surtout affronter la vérité…

Photo de Quelques Minutes Après Minuit avec le monstre
« C’est ici pour la pizza ? »

Critique

Avant de nourrir les dinosaures avec des humains pour Jurassic World 2, l’espagnol qui monte, monte, Juan Antonio Bayona, s’attaque à un drame intimiste. Ce qui ne l’empêche toutefois pas de déjà mettre en scène un monstre de plusieurs mètres de haut. Par contre, le sien a la voix de Liam Neeson.

À la base, Quelques minutes après minuit est un roman écrit par Patrick Ness. Il avait poursuivi les travaux d’une de ses congénères. La britannique Siobhan Dowd, malheureusement décédée d’un cancer avant d’avoir pu terminer son roman. Il s’agit donc d’un bel hommage.

Il ne faut pas aller loin pour trouver le lien entre l’auteure et le héros, Conor (épatant Lewis MacDougall). La mère de Conor, jouée par une très juste Felicity Jones, est justement atteinte d’une maladie grave (par contre, ça n’a rien à voir avec Une merveilleuse histoire du temps). Quelques minutes après minuit est donc le récit d’un garçon face à la maladie. Derrière ce sujet très lourd, le Monstre, tel qu’il est appelé, va à la rencontre du jeune Conor.

Et si King Kong était votre ami imaginaire ?

Je m’arrête là concernant les détails du film, car je veux que la découverte reste encore possible pour toi. C’est difficile, car la plupart des choses à dire ne sont intéressantes qu’à condition d’en parler à quelqu’un qui l’a déjà vu. Ce que je peux déjà dire avant de bifurquer vers une partie spoiler, c’est que j’ai été épaté par la justesse du récit. On est bien loin du récit banal et moralisateur. Au contraire, on va au plus profond des sentiments du jeune Conor (et pas forcément, les meilleurs). Il en découle qu’on est en droit à avoir des émotions fortes. D’autant plus que Juan Antonio Bayona frappe fort au niveau de la réalisation avec des plans et des séquences de toute beauté comme le dessin qui devient une fenêtre.

Concernant le Monstre, il permet de déployer un artefact fantastique à la manière des films du même genre sorti cette année : le beau Peter et Elliot le dragon et le très moyen Le Bon Gros Géant. C’est drôle de constater que Quelques minutes après minuit a bien plus du cinéma de Steven Spielberg des années 80 (je pense à E.T.) que Le Bon Gros Géant pourtant réalisé par Spielberg. En plus de ça, le Monstre est techniquement épatant et permet de déployer des sublimes histoires dans l’histoire. J’ai été vraiment touché par la créature, car le film dresse une parallèle troublante avec mon histoire personnelle avec King Kong.

Retour sur la fin (attention aux spoilers)

En terminant la séance, j’en suis ressorti enthousiasmé par la fin à double sens. On peut la prendre autant d’un point de vue cartésien que fantastique. Le Monstre a la voix de Liam Neeson et on peut apercevoir le père de la mère de Conor sur quelques photos et, comme par hasard, il s’agit de l’acteur dont il ne faut pas kidnapper la fille. On peut alors imaginer le Monstre en tant que père de la mère de Conor. Il serait envoyé par cette dernière pour permettre à son fils de se préparer au deuil à venir (cf. l’affectueux échange de regard entre la mère et le Monstre).

D’un autre côté, le fait que Conor découvre à la fin que sa mère avait dessiné le monstre pourrait expliquer que le garçon ait rêvé de ce monstre. Il aurait alors inconsciemment mis en scène dans ses rêves les dessins que sa mère lui a sans doute montrés quand il était petit. Ça, c’est d’un point de vue réaliste. Si on raisonne fantastique, on pourrait alors supputer qu’à cet instant, Conor découvre que le Monstre existe bel et bien et qu’il était déjà venu pour aider sa mère à traverser la mort de son père (Liam Neeson). Bref, on peut interpréter les choses de la manière qu’on veut et je trouve que c’est très intelligemment fait.

Par ailleurs, petite parenthèse Marvelienne, pour ne pas dire Gardiens de la Galaxiesque. Levez le doigt tous ceux qui ont eu une petite pensée pour la mère de Star-Lord en découvrant celle de Conor sur son lit d’hôpital à la fin du film. Et puis bon, grande question existentielle. Sérieusement, le Monstre, c’est le père de Groot ?

Par Christophe Menat qui se demande encore si le Monstre est le père de Groot, le 5 décembre 2016.

Photo de Quelques Minutes Après Minuit avec Lewis MacDougall et Felicity Jones
« Regarde, mon fils. Je suis dans Star Wars ! »

Conclusion

Quelques minutes après minuit est un film pétri de qualités dont une réalisation sublime, un jeune héros incarné par un acteur épatant, un Monstre charismatique et une histoire à la fois émouvante et intelligente. Un film onirique dont j’ai gardé un souvenir vivace teinté de nostalgie. Rare.

+

  • Récit intelligent
  • Le Monstre
  • Lewis MacDougall
  • Réalisation
  • Émouvant
  • Histoires dans l’histoire

  • Des petites longueurs
Trophée8/10

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