Critique : Hugo Cabret

Pour l’amour du cinéma

Fiche

D’après le roman L’Invention de Hugo Cabret de Brian Selznick
Réalisateur Martin Scorsese
Scénariste John Logan
Acteurs Asa Butterfield, Chloe Moretz, Ben Kingsley, Sacha Baron Cohen, Ray Winstone, Michael Stuhlbarg, Christopher Lee, Jude Law
Titre original Hugo
Pays États-Unis Date de sortie 14 décembre 2011
Genre Aventure, Drame, Fantasy, Mystère Durée 2h08
Budget 170 000 000 $
Dans le Paris des années 30, le jeune Hugo est un orphelin de douze ans qui vit dans une gare. Son passé est un mystère et son destin une énigme. De son père, il ne lui reste qu’un étrange automate dont il cherche la clé – en forme de cœur – qui pourrait le faire fonctionner. En rencontrant Isabelle, il a peut-être trouvé la clé, mais ce n’est que le début de l’aventure…

Critique

Hugo Cabret nous est vendu comme étant le grand film familial de Noël. On sera quand même un peu dubitatif de voir l’intérêt des enfants pour ce film car il est quand même pas mal orienté pour les adultes surtout dans sa deuxième partie où il revient sur la naissance du cinéma aux côtés de Georges Méliès pour ce qui sera la meilleur scène du film, un grand moment de cinéma.

Les qualités ne manquent pas à ce Hugo Cabret mais les défauts non plus. En premier lieu, commençons avec ses qualités, toujours dans l’optique d’annoncer d’abord la bonne nouvelle et ensuite la mauvaise, histoire d’accuser le coup. Parmi les qualités, on comptera deux exceptionnelles : la réalisation et les décors. Jamais Martin Scorsese n’aura aussi bien réalisé un film. Dès l’ouverture du film, on suit un long mouvement de caméra en débutant sur le Paris des années 30 jusqu’à aboutir à une gare puis sur le visage d’Hugo. Cette scène résume à elle-seule la maestria visuelle d’Hugo Cabret. Le tout est aussi très bien aidé par des décors à couper le souffle.

Au lieu de s’aider d’effets visuels au rendu bien moindre, Martin Scorsese a pris le pari de livrer de véritables décors pour une gare qui sera l’alchimie des gares parisiennes de l’époque et on est tout simplement sous le charme par la vie qui s’y anime et par sa grandiloquence. Alors que la plupart des réalisateurs se retrouvent sous pression face à un budget astronomique, Martin Scorsese au contraire, fort de son expérience, s’en sert à la perfection. Pour l’anecdote, c’est la première fois que le réalisateur dépasse les 100 millions de dollars et Hugo Cabret en a couté 170.

Faisons un petit tour aux rayons des défauts, histoire de connaître un peu la couleur : l’histoire et le rythme. Hugo Cabret souffre d’un rythme assez lent. On pourrait même dire qu’on se fait un peu chier dans la première heure tant l’histoire a du mal à nous captiver et ce, à ma grande surprise, malgré une excellente réalisation et des décors magnifiques. Hugo Cabret commence avec une présentation des personnages et un état des lieux. Sauf qu’au lieu de durer vingt minutes comme le veut la tradition, ça prend grosso modo une heure. Ce n’est pas sans conséquence, on subit alors une certaine monotonie dans les évènements et on commence à regarder les spectateurs à côté de nous comme pour se demander si ce n’est que moi qui m’emmerde (et non, ce n’est pas que moi).

Cette première partie sert surtout à apprécier la jolie galerie de personnages qu’on nous offre mais au final, ils sont tous à peu près sous exploités hormis Hugo, sa copine, le tenant de la boutique de jouet et le gardien joué par Borat. Inutile de dire qu’ils sont tous très bons (mais je le dis quand même) surtout Asa Butterfield, la grosse découverte de l’excellent drame Le garçon au pyjama rayé, et Ben Kingsley (qui signe son deuxième film avec Scorsese après Shutter Island l’année dernière). Ces deux-là arrivent à offrir beaucoup d’épaisseur et de personnalités à leurs rôles. A côté, Chloe Moretz se révèle être décevante, n’arrivant pas à dépasser le cadre de la copine un peu potiche. Sacha Baron Cohen joue un personnage assez cliché mais s’en sort très bien en réussissant à me faire verser une petite larmichette à la fin.

Toutefois le film réussit à prendre de l’ampleur dans sa deuxième partie qui se consacre à la naissance du cinéma et en rendant hommage à Georges Méliès. Cette partie est de loin la plus intéressante du long-métrage et on comprend alors ce qui a plu à Martin Scorsese dans cette histoire au point de se lancer pour la première à l’abordage du film familial. C’est une véritable déclaration d’amour que nous livre Martin Scorsese en récupérant et en nous montrant des extraits des vieux films de Méliès dont son plus grand symbole fait désormais partie de la culture cinématographique (cette fameuse lune à tête humaine où un obus est planté dans l’œil). Beaucoup d’entre nous l’auront vu dans l’attraction de Disneyland : Space Mountain première du nom.

Parmi les petits détails qui font tâche, on remarquera l’utilisation de l’anglais comme langue principale pour un film se déroulant à Paris… Mais bon, on a désormais pris l’habitude avec les américains. Par contre, bon point pour l’utilisation du français dans l’ensemble des éléments du décor et même dans les livres même si ça entraîne de drôles d’incohérences comme les personnages qui lisent le livre écrit en français mais en parlant en anglais. Et pour finir avec ces incohérences, le fameux titre du livre Robin des Bois dont le nom est resté Robin Hood malgré un sous-titre en français.

Ah oui, quid de la 3D? Elle n’a pas usurpée sa réputation et demeure être très bonne. Pour une fois qu’on voit la 3D du début du film jusqu’à la fin (avec un drôle d’effet à la fin du film: zoom et dézoom sur Georges Méliès lors de son discours inaugural). J’ai hâte de voir le résultat à la sortie du blu-ray avec des lunettes 3D actives (toujours meilleur qu’avec les passives).

Conclusion

Hugo Cabret est une merveille technologique magnifiée par une réalisation sublime de Martin Scorsese mais malheureusement souffre de défauts qui le handicape. Surtout cette fameuse première partie un peu ennuyante plombée par un rythme lent (typiquement Scorsesien) qui convient assez mal à ce genre de production. Malgré tout, la deuxième partie ravira les amoureux du cinéma en revenant à la naissance du septième art et en rendant un vibrant hommage à Georges Méliès.
+ – Asa Butterfield et Ben Kingsley
– Réalisation et décors sublimes
– Vibrant hommage à Georges Méliès
– 3D
– Lent
– Première partie loin d’être emballante (en clair, le film dure une demi-heure de trop)
7/10
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