Critique : Dallas Buyers Club

La gestion catastrophique du sida aux States

Fiche

Titre Dallas Buyers Club
Réalisateur Jean-Marc Vallée
Scénaristes Craig Borten, Melisa Wallack
Acteurs Matthew McConaughey, Jennifer Garner, Jared Leto, Dallas Roberts, Steve Zahn, Denis O’Hare
Titre original Date de sortie 29 janvier 2014
Pays États-Unis Budget 5 500 000 $
Genre Biopic, Drame Durée 1h 57

1986, Dallas, Texas, une histoire vraie. Ron Woodroof a 35 ans, des bottes, un Stetson, c’est un cow-boy, un vrai. Sa vie : sexe, drogue et rodéo. Tout bascule quand, diagnostiqué séropositif, il lui reste 30 jours à vivre. Révolté par l’impuissance du corps médical, il recourt à des traitements alternatifs non officiels. Au fil du temps, il rassemble d’autres malades en quête de guérison : le Dallas Buyers Club est né. Mais son succès gêne, Ron doit s’engager dans une bataille contre les laboratoires et les autorités fédérales. C’est son combat pour une nouvelle cause… et pour sa propre vie.

Dallas Buyers Club Photo
Matthew a les boules, depuis qu’il s’est transformé physiquement pour le film, il n’arrive plus à lever des femmes. Il se retrouve à faire les sorties des lycées.

Critique

Nominé aux Oscars dans six catégories dont meilleur film et meilleurs acteurs (premier et second rôle) et lauréat des Golden Globes Meilleur acteur dans un drame (Matthew McConaughey) et Meilleur acteur dans un second rôle (Jared Leto), Dallas Buyers Club débarque avec l’assurance d’un cador malgré son faible budget.

Racontant une histoire vraie écrite par le scénariste Craig Borten suite à des entretiens avec le vrai Ron Woodroof (incarné par McConaughey dans le film) un mois avant sa mort, Dallas Buyers Club est un fabuleux drame revenant sur une période sombre de l’histoire du sida aux États-Unis. Toute la perspicacité du scénario réside par le fait de commencer un peu avant que Ron Woodroof n’apprenne sa maladie. Homophobe et très actif sexuellement, le personnage symbolise tout un pan de l’Amérique profonde ancré dans ses clichés et ses idées reçues. Il n’y a qu’à voir la première réaction du héros en apprenant sa séropositivité.

Le film raconte la gestion catastrophique du sida aux États-Unis.

Grâce à cette première partie rondement menée, j’ai pu basculer dans le passé et m’immerger dans cette période où on n’avait pas la connaissance actuelle sur le sida. S’ensuit le combat de la vie de Ron Woodroof… Contre les entités pharmaceutiques où magouille et corruption semblent être les mots d’ordre. Des mots qui résonnent encore à l’heure actuelle quand on pense au scandale des implants mammaires PIP. Dans son long-métrage, Jean-Marc Vallée revient sur la mise en place du nouveau médicament et de la lutte, originale, de Ron Woodroof via son Dallas Buyers Club.

Dallas Buyers Club Photo
Pauvre Jennifer, elle vit vraiment dans l’ombre de son mari. Où est passée la bombe d’antan ? Ici, Jennifer entreprend les démarches pour la retrouver.

En plus d’être une leçon de vie sur le mode de fonctionnement des industries pharmaceutiques américaines, le film est aussi un message d’amour et de respect envers l’autre. L’homosexualité est l’autre thème du film en s’inscrivant dans un registre classique de l’homophobe qui n’en devient plus un après avoir côtoyé un homosexuel au quotidien, le genre de trucs qui fait pleurer les chaumières quoi. Il n’en demeure pas moins un outil dramatique très puissant grâce à la performance mémorable de Jared Leto. Sa transformation est telle que je me suis parfois surpris à me dire : « Elle est mignonne celle-là ! », avant de me rendre compte que c’est un mec, que c’est Jared Leto. Mec ! Qu’est-ce que tu me fais ?

Deux acteurs en train de faire la perf’ de leur vie.

Les prix décernés à Matthew McConaughey et Jared Leto sont aisément compréhensibles au vu de leur performance d’acteur mais aussi (surtout ?) physique. Les deux affichent une maigreur effrayante. Il y a une scène où on peut voir Jared Leto en slip. Eh bien, c’est à peine si on se demande si on peut enserrer son ventre d’une seule main là où normalement deux bras seraient nécessaires. Pour Matthew McConaughey, cela se traduit aussi au niveau du visage. Le crâne est presque visible, une maigreur effrayante (déjà entraperçue dans Le Loup de Wall Street) en somme. L’acteur principal réussit l’exploit à faire de Ron Woodroof, un personnage attachant malgré ses tendances homophobes. Surtout grâce à une humanité transpirant de tous ses pores. Je dis : Acteur ! Avec un grand A.

Le seul reproche que je peux faire au film est dû à l’absence d’émotions palpables (par ces mots, il faut comprendre : je n’ai pas chialé) malgré un sujet s’y prêtant fort bien. En fait, toutes les séquences tire-larmes sont évitées. Ce qui n’est pas forcément plus mal (le bashing du pathos est un sport toujours aussi populaire), mais personnellement, j’aime bien lâcher quelques gouttes d’eau (ça fait du bien, vidange du corps, toussa).

Dallas Buyers Club Photo
Quant à Jared Leto, il croise les doigts très forts pour que personne ne voit le film. C’est ça, de signer le contrat sans jeter un coup d’œil au scénario. Manque de bol, il a été nominé aux Oscars.

Conclusion

Jean-Marc Vallée signe un excellent film méritant largement ses nombreuses nominations. Intéressant culturellement et servi par deux acteurs au sommet, le Dallas Buyers Club est « the place to be » !

+ – Matthew McConaughey
– Jared Leto
– Matthew McConaughey AVEC Jared Leto
– Un sujet fascinant
– Pas de moments d’émotion purs
Trophée9/10
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