Critique : The Raid

L’action à l’état pur

Fiche

Réalisateur Gareth Evans (Merantau)
Scénariste Gareth Evans
Acteurs Iko Uwais (Merantau), Yayan Ruhian (Merantau), Joe Taslim, Donny Alamsyah, Ray Sahetapy, Ananda George
Titre original Serbuan maut, The Raid: Redemption
Pays USA, Indonésie Date de sortie 20 juin 2012
Genre Action, Thriller Durée 1h41
Budget 1 100 000 $
Membre d’une unité de policiers d’élite, Rama débarque au pied d’un immeuble délabré. Sa mission : capturer le baron de la drogue – un certain Tama – dont c’est le QG. Il s’agit d’un quartier ultra-dangereux où pas un seul policier ne s’est encore aventuré et l’immeuble est devenu un repaire de tueurs, de violeurs et de cambrioleurs en tous genres, bien conscients qu’ils n’y seront jamais inquiétés… Aux petites heures du jour, les policiers s’introduisent dans l’immeuble et s’acheminent peu à peu vers le dernier étage. Mais lorsqu’ils sont repérés par un indic qui en informe Tama, celui-ci ordonne à ses lieutenants de fermer toutes les issues et d’éteindre les lumières. Tandis que les policiers se retrouvent bloqués au 6ème étage, privés de tout moyen de communication avec l’extérieur, Tama mobilise ses hommes pour affronter les intrus. Rama et les autres policiers doivent désormais fouiller chaque appartement pour remplir leur mission et rester en vie…

Critique

The Raid est présenté comme pas moins le meilleur film d’action de la décennie par le service marketing. Rien que ça ?! En même temps, ça ne fait que 2 ans depuis le début de la décennie et puis bon, ça sent l’esbroufe quand on voit le budget : 1,1 millions de dollars. On dit que l’argent ne fait pas le bonheur mais pour un film d’action, il y contribue beaucoup.

Et bien évidemment c’est la déception qui pointe le bout de son nez. En même temps, en sur-survendant le truc, c’est un coup à se ramasser la gueule. C’est un peu comme si on présentait un nouveau joueur comme étant l’égal de Zidane, le retour sur terre (ou le lendemain de cuite) est rude. Mais le film n’est pas dénué de qualité. D’une part, ses séquences d’actions sont trépidantes et bien filmées (style caméra à l’épaule) sauf sur certains passages où le traumatisme Battle for Los Angeles ressurgit, comprendre caméra portée par Michael J. Fox (atteint par la maladie de Parkinson, je le rappelle). Le réalisateur se paye même le luxe d’offrir des plans bandants car proche de l’univers over the top des jeux vidéo d’action.

Les gunfights sont particulièrement réussis rappelant ceux des films cultes de John Woo, l’aspect cheap en moins. Et oui, y a pas longtemps, j’en ai revu certains de sa période pré-Hollywood notamment The Killer et ça a pris un sacré coup de vieux surtout pour les cascadeurs tombant un peu n’importe comment. Pour The Raid, on a du lourd. La violence des affrontements par balles prend tout son sens. Les corps sont réduits en charpie sous les rafales des mitraillettes. Les détonations résonnent dans les couloirs de l’immeuble. Les impacts sur les décors sont visibles et nombreux. On pense notamment à la scène culte du hall de l’immeuble du premier Matrix (la maestria de la réalisation en moins). Malheureusement les gunfights sont rapidement bouclés, probablement une histoire de budget ne permettant pas de tenir une telle cadence durant tout le film. Et c’est le début d’un problème dérangeant, un scénario bourré d’incohérences.

Spoiler

Comment justifier que les méchants sortent des machettes après avoir arborés des mitraillettes pour lutter contre les flics ? Il n’aurait pas été plus simple d’exterminer ces visiteurs non désireux à coup de plomb ? Sans oublier que quelques flics meurent après s’être planté devant la fenêtre mais quand il s’agit du héros, nada? Même après s’être fait canarder sur le balcon ? En plus, ça me fait marrer, un coup, il y a des ennemis partout et vers la fin, ils ont presque tous disparu… The Chuck Norris Effect?

C’est d’autant plus dommage que ces points auraient pu être facilement masqués. Sans nul doute que le faible budget n’a pas laissé autant de marge de manœuvres qu’aurait voulu le réalisateur. Par contre, on lui remerciera pour son scénario qui à défaut d’être génial a le mérite de passer directement à l’essentiel et nous évite tout dégoulinement sentimental gerbant (ah non, en fait, il y a bien ce début complètement inutile par contre les flash-backs, j’ai bien aimé même si c’était un peu too much). Toutefois un peu plus d’approfondissement n’aurait pas fait de mal. Non, finalement non, oubliez ce que je viens dire, c’est mieux comme ça. Simple et limpide. Pas besoin d’avoir Bac +5 Cinéma pour décortiquer le film.

Bien sûr, on ne se prive pas de quelques rebondissements sympathiques. En tout cas le héros dispose de suffisamment de classe pour être attachant sans savoir rien de lui mis à part sa femme enceinte. Le big boss est bof (même si son introduction est géniale) mais son adjoint Mad Dog est absolument kiffant, un gros taré comme on les aime. Soulignons aussi cet acolyte avec ses gros yeux de dégénéré, il m’a bien fait marrer même si ce n’était pas volontaire.

La deuxième partie s’oriente vers les combats à l’arme blanche et à mains nues et ces derniers sont impressionnants (on a parfois la bouche ouverte avec le petit filet de bave) toutefois ce n’est pas le héros qui s’accapare des meilleurs combats mais bien le méchant Mad Dog avec notamment un combat contre le sergent très impressionnant. Le combat final n’est pas non plus en reste même si je lui préfère celui de L’honneur du Dragon avec tous les membres pétés. The Raid ne m’a pas autant impressionné que le film avec Tony Jaa parce bon l’incroyable plan séquence de 4 minutes de L’honneur du Dragon, c’était un putain de truc à l’époque! En plus, les combats de The Raid sont parfois gâchés par des raccords pas vraiment raccord et de chorégraphies un peu ratées (je vous rassure, c’est très rare).

En tout cas, ce n’est pas avec nos acteurs ou ceux d’Hollywood qu’on sera capable d’arriver à un tel niveau de maîtrise de combats. Dans The Raid, je pense que les mecs se lattent vraiment la gueule et vu la force de certains coups, on a même mal pour eux. De plus, les voir enchaîner ces frappes à cette vitesse… bave. On pourrait toutefois regretter une certaine monotonie dans le style des combats. Au bout d’un moment, les combats semblent s’éterniser mais le réalisateur pense toujours à faire respirer son film en introduisant des temps morts appréciables.

Dommage aussi que le réalisateur n’ait pas su exploiter l’immeuble plus que ça pour le transformer en véritable instrument de torture psychologique. Pourtant il y avait moyen vu l’insalubrité des lieux. Ou même mieux, d’approfondir le délire jeu vidéo en exploitant chacun des niveaux avec ses ennemis et son boss. Plus on monte, plus on se rapproche du boss. En fait, j’ai même l’impression que c’est les mêmes décors qui sont réutilisés plusieurs fois du coup, on a l’impression de passer la majeure partie du film au même étage. Sans compter le fait que le réalisateur se dissocie de toute logique géographique, on ne sait plus trop où sont les héros, ni les méchants, on se contente de subir. Dommage, il y avait matière pour faire monter la tension d’un cran.

Avec The Raid, on se rapproche du niveau hollywoodien mais on se prend toujours à rêver d’une alliance entre l’Amérique du Nord (pour les moyens et la technique) et l’Asie (pour la chorégraphie et la violence), le tout mélangé avec un bon scénario.

Conclusion

The Raid souffre d’une réputation surestimée (on s’attendait à beaucoup plus impressionnant) mais il n’en demeure pas moins un film d’action efficace presque façonné comme un jeu vidéo. Un défouloir pour passer un bon moment avec pleins de mecs qui se pètent la gueule.
+ – les gunfights
– les chorégraphies de combat
– quelques bonnes idées niveau réalisation
– va droit à l’essentiel
– incohérences
– problèmes de raccords
– la presse en a fait un peu trop
– ça manque d’une réalisation folle
6/10
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