Critique : The Master

L’Art de former une secte et d’y succomber

Fiche

Titre: The Master
Réalisateur(s): Paul Thomas Anderson
Scénariste(s): Paul Thomas Anderson
Acteurs: Joaquin Phoenix, Philip Seymour Hoffman, Amy Adams, Jesse Plemons, Laura Dern, Rami Malek
Titre original: Date de sortie: 9 janvier 2013
Pays: USA Budget: 32 000 000 $
Genre: Drame Durée: 2h17

Freddie, un vétéran, revient en Californie après s’être battu dans le Pacifique. Alcoolique, il distille sa propre gnôle et contient difficilement la violence qu’il a en lui… Quand Freddie rencontre Lancaster Dodd – « le Maître », charismatique meneur d’un mouvement nommé la Cause, il tombe rapidement sous sa coupe…

Photo du film The Master écrit et réalisé par Paul Thomas Anderson avec Philip Seymour Hoffman.
Impayable ! Le coup de l’idiot qui regarde le doigt, ça marche toujours.

Critique

La réputation entourant le film a fait de lui une œuvre attendue avec curiosité. On passe évidemment ses excellentes critiques, ses nominations aux Oscars, son Lion d’argent, son Prix d’interprétation masculine décerné à Philip Seymour Hoffman ET Joaquin Phoenix car c’est loin d’être le point le plus enthousiasmant de The Master (même si c’est déjà pas mal). C’est dans la réaction de la plus grande secte du monde, l’Eglise de Scientologie donc, que le nouveau Paul Thomas Anderson a puisé un formidable coup de marketing. Car les scientologues ont mis la pression sur la Weinstein Company (distributeur du film aux States) à coups d’appels anonymes et de déferlantes de mails. Mieux même, le Scientologue le plus connu du monde, Tom Cruise, aurait été furieux après une projection.

C’est donc avec une curiosité non dissimulée que j’avais envie de voir The Master et la déception n’aura été que plus forte. Car si la performance du trio Philip Seymour Hoffman, Joaquin Phoenix et Amy Adams est exceptionnelle, difficile toutefois de trouver un réel intérêt pour cette œuvre bien trop stérile pour s’installer en tant que chef d’œuvre.

Il ne s’agit pas pour autant d’un mauvais film mais trop nombreux sont les défauts, à commencer par une absence de réels évènements. On suit les différentes étapes de l’embrigadement de Freddie Quell (Joaquin Phoenix) par le Maître (Philip Seymour Hoffman) avec des énormes temps morts entre les différentes scènes sans oublier d’autres futiles. Le long-métrage aurait été beaucoup plus efficace si plus court mais sur presque deux heures vingt, The Master devient un somnifère. Heureusement dans ses temps forts, il parvient à stimuler la concentration du spectateur. Je pense notamment à l’excellente première séance de Freddie avec le Maître.

Si le film ne coule pas, il le doit avant tout à ses deux très grands acteurs : Joaquin Phoenix (qui nous a fait bien peur en annonçant sa retraite en 2008 et qu’on devrait revoir cette année aux côtés de Marion Cotillard dans le nouveau James Gray) et Philip Seymour Hoffman (qu’il est loin son second rôle comique dans le Twister de Jan de Bont).

Pour son rôle, Joaquin Phoenix a perdu quinze kilos faisant de son corps un outil à la merci de son jeu d’acteur et sa performance n’en est qu’encore plus belle. Il réussit à capter toute la complexité de son personnage et à la communiquer avec le spectateur. Un rôle mémorable.

Même constat pour Philip Seymour Hoffman tout simplement hypnotisant dans le rôle du Maître de sa secte, la Cause. Diffusant un charisme digne de la pub Axe où le jeune veinard diffusant le déodorant dans son corps voit une horde de femmes déferler vers lui, il arrive à nous faire comprendre comment les maîtres de ces sectes arrivent à monter aussi haut et pourtant ce n’était pas si évident que ça. Intrigué au premier regard, c’est seulement en le côtoyant minutes après minutes qu’on finit par repérer toutes ses failles et son charlantisme.

Soulignons pour terminer la très belle réalisation de Paul Thomas Anderson qui couplée avec la bande originale de Jonny Greenwood arrive à nous hypnotiser (même si malheureusement, le côté somnifère de la chose est trop présente). Pour en témoigner, la dernière séquence du film.

Photo du film The Master écrit et réalisé par Paul Thomas Anderson avec Amy Adams et Joaquin Phoenix.
Joaquin Phoenix postule-t-il pour la suite de The Hobbit ?

Conclusion

The Master était attendu comme un chef d’œuvre malheureusement trop de lourdeurs et de longueurs l’empêche d’accéder à ce statut sans oublier un sujet loin d’être original, il n’en reste pas moins fascinant par la performance de son duo Phoenix/Hoffman.

+ – Joaquin Phoenix
– Philip Seymour Hoffman
– Trop de longueurs
– Sujet déjà-vu
6/10
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