Critique : The Dictator

Le dernier grand dictateur

Fiche

Réalisateur Larry Charles (Brüno, Borat)
Scénariste Sacha Baron Cohen (Brüno, Borat), Alec Berg, David Mandel, Jeff Schaffer (tous les trois ont officié sur la série Larry et son nombril)
Acteurs Sacha Baron Cohen (Hugo Cabret), Anna Faris ((S)ex List), Ben Kingsley (Hugo Cabret), Jason Mantzoukas, John C. Reilly (Terri), Megan Fox (Jennifer’s Body), J.B. Smoove (Baby-Sitter malgré lui), Bobby Lee (Délire Express), Kevin Corrigan (Unstoppable)
Pays USA Date de sortie 20 juin 2012
Genre Comédie Durée 1h23
Budget 65 000 000 $
Isolée, mais riche en ressources pétrolières, la République du Wadiya, en Afrique du Nord, est dirigée d’une main de fer par l’Amiral Général Aladeen. Vouant une haine farouche à l’Occident, le dictateur a été nommé Leader Suprême à l’âge de 6 ans, après la mort prématurée de son père, tué dans un accident de chasse par 97 balles perdues et une grenade !

Depuis son accession au pouvoir absolu, Aladeen se fie aux conseils d’Oncle Tamir, à la fois Chef de la Police Secrète, Chef de la Sécurité et Pourvoyeur de Femmes.

Malheureusement pour Aladeen et ses conseillers, les pays occidentaux commencent à s’intéresser de près à Wadiya et les Nations Unies ont fréquemment sanctionné le pays depuis une dizaine d’années. Pour autant, le dictateur n’est pas du tout disposé à autoriser l’accès de ses installations d’armes secrètes à un inspecteur du Conseil de Sécurité – sinon à quoi bon fabriquer des armes secrètes ? Mais lorsqu’un énième sosie du Leader Suprême est tué dans un attentat, Tamir parvient à convaincre Aladeen de se rendre à New York pour répondre aux questions de l’ONU.

C’est ainsi que le dictateur, accompagné de Tamir et de ses plus proches conseillers, débarquent à New York, où ils reçoivent un accueil des plus tièdes. Il faut dire que la ville compte une importante communauté de réfugiés wadiyens qui rêvent de voir leur pays libéré du joug despotique d’Aladeen.

Mais bien plus que des expatriés en colère, ce sont des sanctions qui attendent le dictateur dans la patrie de la liberté…

Critique

Après Borat et Brüno, le duo Larry Charles et Sacha Baron Cohen rempilent pour une nouvelle comédie mais à la différence des deux précédents, The Dictator ne bénéficie pas de scènes réelles entrecoupées de passages « scriptés ». Le film sera entièrement fictif. Une bonne idée ou non ?

Assurément oui, le gros point faible de Borat et de Brüno résidait dans leurs moments faibles beaucoup trop nombreux sans compter la réaction d’un public parfois statique (rares sont les moments de bravoure où les gens se révoltent). Avec The Dictator, on se débarrasse de tout ça et on bénéficie d’un long-métrage ne souffrant que de très peu de temps morts. Les blagues sont très nombreuses ne s’adjugeant aucune limite. Toutefois le génie de The Dictator réside dans sa capacité à toujours rester derrière la ligne malgré certains dérapages marchant sur la ligne. C’est donc avec un gros rire gras qu’on se marre devant les aventures du dernier plus grand dictateur. Mais qui est cet homme ?

D’après le site de la République de Wadiya, son « Excellence, Amiral Général Aladeen, Général Colonel Docteur Aladeen, Président Démocrate A Vie, Commandant Invincible et Triomphant, Ophtalmologiste en Chef, Brillant Génie de l’Humanité, Excellent Nageur Y Compris de Brasse Papillon, Oppresseur Bien-Aimé et Protecteur Impitoyable du Peuple Précieux et Insignifiant de Wadiya » est né en 1982. « [Son] enfance d’Aladeen est placée sous le signe de la tragédie : ses six grands frères sont tous morts accidentellement. L’aîné a glissé sur les voitures Hot Wheels d’Aladeen et est tombé dans l’escalier, alors qu’il gardait Aladeen. Un autre frère a chuté et s’est empalé, au niveau d’un œil, sur une figurine Action Jackson d’Aladeen, là encore pendant qu’il le gardait. Un autre a été assassiné à l’âge de 12 ans par General Motors : sa Pontiac Trans Am a démarré et l’a écrasé. Tragiquement, les trois autres frères d’Aladeen ont péri lors d’un suicide collectif typique, en se tirant dans le dos des rafales de mitraillettes. ». Tout simplement poilant.

Je tiens aussi à rendre hommage à l’excellent travail effectué durant la promotion du film. On a rarement vu une promotion aussi virulente. Voici un résumé des meilleurs :

– sur les plateaux de Saturday Night Live, le général Aladeen est venu sur le plateau pour vanter les mérites du film avec des critiques tâchées de sang et mieux, il a eu l’aveu de Martin Scorsese, un aveu où le réalisateur déclare avoir adoré le film, le tout en direct et avec un peu de torture.

– au lendemain des élections, le général Aladeen a félicité François Hollande malgré sa petite victoire aux élections présidentielles. Ben oui, Aladeen a eu 114% de voix, lui.

– et ce n’est pas fini, on avait aussi le droit aux Oscars où il s’est d’abord indigné de son ban.

… avant d’arriver sur le tapis rouge avec les cendres de Kim Jong-il, le dictateur de Corée du Nord récemment décédé. Il n’a donc pas de limites?

– il remet ça aussi pour Cannes où il a enflammé la Croisette…

… allant jusqu’à commettre un meurtre !

C’est du beau boulot, non?

Il serait peut-être temps à présent d’aborder le film. Le film a été réalisé en majeure partie à New-York, ce New-York où est né le réalisateur (plus précisément à Brooklyn). On en profite aussi pour visiter pratiquement tous les quartiers : Brooklyn, Times Square, le Queens, Staten Island, … même le siège des Nations Unies. Le point culminant du film demeure cette parade sur la 5ème avenue où la circulation fût déviée de 6h à 10h du matin. Les scènes se déroulant dans la République de Wadiya furent tournées en Espagne, le Maroc était prévu au départ mais le Printemps arabe a bouleversé le planning. Tout ce résultat s’en ressent à l’écran et entoure le film d’une atmosphère riche.

Toutefois la performance du film est à attribuer à Sacha Baron Cohen, toujours aussi énorme malgré les rôles qui passent. Son rôle de général Aladeen atteindra la postérité comme l’avait fait auparavant Ali G, Borat et Brüno. L’acteur britannique a dit s’être inspiré de véritables dictateurs comme Kadhafi ou Saddam Hussein pour pondre le sien. Quoiqu’il en soit, on ne peut que souligner l’excellent travail de l’acteur et de son équipe de scénaristes entourant le général d’une histoire, des origines, le rendant pratiquement réel, Sacha Baron Cohen finissant le boulot en lui ajoutant des tics excellents comme ce doigt (véritable trouvaille et marque absolue du dictateur).

En regardant le film et la prestation de Sacha Baron Cohen, on ne peut pas s’empêcher de penser à Charlie Chaplin. Ce dernier avait aussi incarné un dictateur et même ironie du sort, le tournage de son film avait commencé la veille de l’invasion de la Pologne et celui de Sacha Baron Cohen se déroula en même temps que les évènements du Printemps arabe ayant entraîné la chute du dictateur Kadhafi. La marque des grands?

Le film ne s’épargne pas de quelques défauts comme le reste du casting ayant bien du mal à se mettre au niveau de l’acteur principal sauf le chinois adepte de stars masculines. Les sketches sont très variés et n’ont désormais plus de limites vu la puissance financière mise à contribution, le budget est de 65 millions de dollars quand même! Que de chemin parcouru depuis Ali G.

Ceux n’ayant jamais pu blairer l’humour de Sacha Baron Cohen, je ne peux que vous conseiller d’éviter celui-là. On retrouve le même humour gras, aussi embarrassant que de la sauce qui tâche votre chemise mais dont vous ne pouvez pas vous en empêcher de vous en délecter. On se marre bien dans le film, il existe de nombreux temps morts mais le tout est tellement bien dosé qu’on ne s’ennuie jamais. Ces temps morts deviennent davantage du repos avant une nouvelle salve de balles acides. Avec ce film, le duo Charles/Cohen est arrivé au top de la maîtrise, le point culminant demeure le discours final d’Aladeen balançant une critique très bien vue de la démocratie américaine et dont la pertinence fait froid au dos. Tiens, ça rappelle la performance démentielle de Charlie Chaplin parodiant Adolf Hitler.

Conclusion

Avec The Dictator, le réalisateur new-yorkais Larry Charles et l’acteur britannique Sacha Baron Cohen signe leur meilleur film ensemble. Un « remake » du Dictateur de Charlie Chaplin. Sacha Baron Cohen est-il le Charlie Chapin des Temps Modernes?
+ – Sacha Baron Cohen
– New-York
– On se poile très souvent
– Où vont-ils chercher tout ça?
– La promotion du film
– Les guest stars
– Les détracteurs détesteront
– Des temps morts
Trophée7/10

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