Critique : Yesterday

Le Point & Click nouvelle génération ?

Fiche

Éditeur Focus
Développeur Pendulo Studios (The Next Big Thing, la trilogie Runaway)
Plate-forme PC Date de sortie 22 mars 2012
Genre Aventure, Point & Click Classification Déconseillé aux moins de 16 ans
Vous incarnez d’abord le jeune Henry White et son ami Cooper, jeunes bénévoles d’une association enquêtant sur la disparition de sans-abris, ensuite retrouvés brûlés vifs. Vous contrôlez ensuite John Yesterday, amnésique partant sur les traces de son passé.

Critique

Les Point & Click sont devenus trop rares pour en faire l’impasse dès qu’un nouveau sort. Yesterday est développé par le studio au nom de pendule, déjà derrière une trilogie estimée par la communauté des joueurs. Par contre, personnellement, je n’ai fait que la moitié du premier (je ne sais même plus pourquoi je me suis arrêté) et aucuns des autres jeux du studio (même pas The Next Big Thing).

C’est surtout qu’en cette période de désert stérile vidéoludique où les bons jeux se comptent des doigts de la main (en ayant été au préalable amputée de quelques doigts) que je me suis décidé à revenir à mes premiers amours, les Point & Click dont la découverte a été symbolisé par la démo du sublime Les Boucliers de Quetzalcoatl (ah, ce chien du concierge).

Le jeu commence avec un bel hommage aux enfants de Don Quichotte, l’association française et nous laisse le contrôle d’un jeune rouquin un peu bizarre. On est chargé d’essayer de parler avec des SDF pour leur proposer un foyer comme le font les bénévoles de l’association. C’est aussi le temps de prendre conscience des modifications de gameplay. On peut observer la présence d’une barre où sont disposés deux icônes : une ampoule et une cible. Deux éléments qui se révéleront très vite indispensable.

En effet, l’ampoule permet de donner un indice sur la prochaine tâche à effectuer et la cible permet d’afficher à l’écran toutes les interactions possibles. Si au début, on campe sur la position qui consiste à considérer comme des noobs ceux qui utilisent ces atouts rendant le jeu plus facile. On finit par les utiliser – surtout les joueurs qui comme moi, finissent par avoir recours à la soluce pour se débloquer. C’est quand même plus simple que de prendre le vélo pour aller à la librairie du coin pour pouvoir regarder discrètement la soluce, surtout qu’au préalable il faut composer avec une phase d’infiltration digne de Metal Gear Solid pour ne pas éveiller les soupçons de la libraire (« Petit, ça fait pas déjà cinq fois que tu passes? »).

Un gadget très utile qui permet d’éviter la crise de nerfs que procure souvent ce type de jeu – non mais soyons sérieux, des fois pour faire ce qu’il fallait faire, fallait avoir un esprit incroyablement retors, mention spéciale à Toonstruck (le point & click avec Christopher Lloyd alias Doc de Retour vers le futur) et surtout Myst (le joueur y est littéralement abandonné).

Par contre, ces gadgets, en facilitant le jeu, raccourcissent donc sa durée de vie. Il faudra à peine 4 heures pour boucler l’histoire. En tout cas, on ne peut que saluer une telle initiative car si les adeptes de la difficulté n’utiliseront pas les gadgets, les joueurs occasionnels pourront s’amuser. Un parti pris qui contentera les deux côtés. Espérons qu’un tel procédé soit plus répandu à l’avenir, cela pourrait amener à une ouverture au grand public du genre.

Passons aux graphismes, on regrettera un certain immobilisme des protagonistes et des animations faciaux donnant l’impression que le jeu est en retard sur des jeux sortis depuis des lustres comme le culte Grim Fandango (le jeu qui a marqué le déclin du genre en étant un échec commercial). Si le style bande dessinée donne beaucoup de pêche à l’ensemble, on ne peut toutefois pas nier que cela ne fait que masquer un manque flagrant d’animation. Même les supposés cinématiques d’actions sont remplacés par des images successives. Mais c’est justifié par un budget restreint donc implicitement un prix de vente réduit (moins de 30 euros).

Aussi l’univers du jeu est très loin d’être développé, rares sont les protagonistes approfondis (le héros, le méchant peut-être et c’est tout). Les dialogues sont réduits au strict minimum et ne servent presque plus à rien. On ne retrouve pas vraiment d’ambiance dont le summum du genre est représenté par la saga Gabriel Knight (surtout le deux). Les plans sont beaux mais rares, les mouvements limités (en général, on se limite à trois/quatre plans par phase de jeu). On est loin des anciens jeux où on pouvait se balader un peu partout donnant un sentiment de réalisme surtout les jeux d’enquête comme Une poupée pleine aux as où on pouvait mourir de mille façons et dont on dirigeait nous-mêmes la façon d’enquêter avec des idées bien foutues (aller chez le barbier avant d’enquêter sur une supposée coupable permettait de mieux la séduire). Par contre, l’histoire est plutôt bien vue avec une grosse part de fantastique et quelques rebondissements mineures (mineures car assez prévisibles).

Le style graphique cartoon est très agréable et offre une identité au jeu mais j’avoue ne pas être fan. Je préfère largement la saga Baphomet et surtout les incrustes avec des vrais acteurs (Phantasmagoria 2: Obsessions Fatales représente mon idéal).

En jouant au jeu, j’ai été pris par une nostalgie et un regret de cette époque où les Point & Click étaient légions et très diversifiés. On sent pourtant qu’il ne faut pas grand chose pour que le genre revienne en force. Peut-être faudrait-t-il s’orienter vers Blade Runner pour avoir une idée du mélange enquête et action ? A moins que les jeux de David Cage ne représentent l’avenir du Point & Click ? C’est peut-être ça, le Point & Click 2.0.

En tout cas personnellement, je pense que les développeurs devraient penser davantage à développer les histoires en ajoutant une ambiance de malade, des dialogues développés, des protagonistes intéressants et fouillés et pourquoi pas des phases d’actions à la Blade Runner ou des QTE.

Test

Graphisme : 5/10 – Un style graphique cartoon, reconnaissable entre mille, très riche mais je n’apprécie pas trop le style. Le plus gros point faible est à décerner à une animation à la ramasse.

Gameplay : 7/10 – Quelques bonnes idées qui ravira les joueurs occasionnels n’aimant pas se prendre la tête mais qui veulent vivre une belle histoire avec l’ajout de deux icônes permettant de simplifier le jeu. Pour le reste, c’est du Point & Click ultra classique.

Durée de vie : 4/10 – Moins de quatre heures pour boucler le jeu en utilisant les icônes, comptez quelques heures en plus sans. C’est peu mais c’est le prix pour disposer d’une histoire nerveuse.

Histoire : 6/10 – Des SDF disparus, un millionnaire mystérieux, un amnésique, une secte satanique, du fantastique. Toutes les ingrédients sont là pour disposer d’une intrigue dont on veut connaître le fin mot même si les protagonistes auraient gagné à être développés et surtout l’ambiance.

Son : 7/10 – Les voix sont en VO avec des textes en français et demeurent de bonne qualité. Rien de bien notable pour la musique.

Son point fort – Un point & click, genre trop rare de nos jours.

Son point faible – Un point & click au rabais: dialogues en déclin, ambiance peu développée, animation en berne.

Conclusion

Yesterday est un Point & Click moyen car il n’offre pas ce que le genre doit offrir: une ambiance de malade, une histoire subjugante, des personnages intéressants comme pêle-mêle : Les Chevaliers de Baphomet, Phantasmagoria, Darkseed, Toonstruck, Grim Fandango, Monkey Island, Under a Killing Moon, Une poupée pleine aux as, Gabriel Knight et j’en passe.
5/10
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