Critique épicée : Target

Dans le mille McG !

Fiche

Titre
Target
Réalisateur McG
Scénaristes Timothy Dowling et Simon Kinberg
Acteurs Tom Hardy, Chris Pine, Reese Witherspoon, Til Schweiger, Chelsea Handler, Rosemary Harris
Titre original This Means War Date de sortie 21 mars 2012
Pays États-Unis Budget 65 000 000$
Genre Action, Comédie, Romance Durée 1h37
Deux des meilleurs agents secrets au monde sont aussi les deux meilleurs amis dans la vie. Rien ne pouvait les séparer jusqu’au jour où ils découvrent qu’ils fréquentent depuis peu la même jeune femme, Lauren. Ce qui était au début un jeu de séduction sans conséquence et un simple défi amical se transforme vite en une guerre sans merci. Déploiement de technologies de pointe, moyens de surveillance high tech, c’est tout un arsenal capable de faire sauter un pays que les deux espions utilisent pour séduire leur target et mettre l’autre hors-jeu. Plutôt malheureuse en amour jusqu’ici, Lauren a désormais un choix impossible à faire entre deux hommes incroyablement sexy.

Critique

Target, avec un « T » comme trois. Trois acteurs de charme. Trois lettres pour le réalisateur. Trois genres brassés : romance, comédie et action. Et avec son titre original, This Means War, je pourrais faire la blague de la Guerre de Trois. Mais là ça serait mauvais.

Je vous rassure, l’introduction du film est meilleure que celle de cette critique. Il s’agit presque d’un mini-film dans la veine d’un James Bond (tout proportion gardée), avec cascades, gun shoots et un générique qui est dans le ton des films du célèbre agent de sa Majesté. Cette première scène permet aussi une présentation éclaire de la partie masculine du casting : l’agent FDR (Chris Pine), l’agent Tuck (Tom Hardy) et le bad-guy Heinrich (Til Schweiger). Bon, d’entrée je précise que ce dernier sera quand même absent de la quasi-totalité de l’histoire. Il doit cumuler à tout péter 5 minutes de film. Même s’il est capable de faire ressortir son personnage avec une présence faible à l’écran comme c’est le cas dans Inglorious Basterds, il n’en est rien dans Target. Le film préfère mettre en avant le triangle amoureux et donc, les trois têtes d’affiches.

« Le film préfère mettre en avant le triangle amoureux. »

Ce qui à mon sens est un bon choix car le film décolle réellement lorsque les deux agents vont se disputer Lauren (Reese Witherspoon). Un peu comme deux enfants se disputeraient un jouet. Mais avec les moyens de la C.I.A mis à leur disposition. Ils vont donc décider de s’espionner mutuellement et de se tirer dans les pattes. Là, tous les coups sont permis et plus ils sont bas, mieux c’est. S’enchaînent alors les séquences où l’on attend systématiquement l’intervention de FDR qui sabotera la tentative de séduction de Tuck et inversement. Ces scènes constituent le noyau dur du film et j’aurais aimé qu’elles soient encore plus nombreuses. Les deux meilleures à mon sens étant l’exposé de FDR sur Gustav Klimt et la séquence de Paintball avec Tuck, toute deux hilarantes !

« Les deux agents vont se disputer Lauren comme deux enfants se disputeraient un jouet. Mais avec les moyens de la C.I.A mis à leur disposition. »

Un indéniable atout du film réside dans le charme des trois acteurs principaux. Leur jeu se nourri de sourires, de jeux de regards, de séduction, de rivalité et ça fonctionne plutôt bien ! Le film m’a même fait découvrir une autre facette de Tom Hardy, l’un de mes acteurs fétiches. Certains critiques avaient déploré le fait qu’un acteur de son calibre se perde dans un film de ce genre mais c’est à mon sens pour lui l’occasion d’ajouter un registre à son CV : la comédie. Et le bonhomme s’en sort très bien dans l’exercice. Il joue un espion britannique romantique, voire mielleux et pas toujours sûr de lui avec un regard parfois fuyant. Une partition bien différente de celle de The Dark Knight Rises ou Bronson. Mais il a également un côté un peu plus brut qu’il laisse exploser par moments, notamment lors de la mémorable partie de paintball.

Chris Pine joue quant à lui le player de base, sourire bright toujours de sortie, coiffure impeccable et costume bien clinquant. Le genre qui enchaine les conquêtes sans être capable de se rappeler de leur nom et qui a pour seconde demeure les night-clubs les plus branchés du coin. Évidemment, ce n’est pas un acteur du même niveau que Tom Hardy mais il remplit tout à fait le contrat.

Reese Witherspoon s’en sort très bien dans le rôle de la blondinette pétillante et hésitante dont le cœur balance et qui n’a pas peur du ridicule. J’ai apprécié l’alchimie entre les trois acteurs, que ce soit du côté de la romance ou de la bromance. Les scènes fonctionnent très bien grâce à leurs prestations qui, même si elles ne sont pas extraordinaires, restent suffisamment bonnes et convaincantes pour se laisser séduire.

Un mot sur la réalisation. J’ai trouvé les deux plan-séquences d’assez bonne facture. Bon, on est loin d’être du niveau de ceux d’Old Boy, Les Fils de l’homme ou l’Impasse pour ne citer qu’eux mais de toute façon, le film ne prétend pas jouer dans la mêle catégorie. Le premier dans le bar qui renvoie clairement au film Les Affranchis de Martin Scorcese, réalisateur dont McG est un grand fan ! L’autre est celui où FDR et Tuck décident d’infiltrer la maison de Lauren pour en savoir plus sur cette dernière. La caméra glisse et virevolte au rythme des déplacements félins des deux espions pour une scène efficace, amusante et légèrement tendue de par son côté cache-cache. La partie de paintball est filmée à la manière d’une guérilla et a un rendu bien dynamique et nerveux. Bref, McG n’est pas McT mais s’en sort honorablement dans le domaine de l’action.

« Deux plan-séquences d’assez bonne facture »

J’ai également fortement apprécié la photographie du film. Elle est assurée par Russell Carpenter, qui a notamment œuvré sur True Lies et reçu un oscar pour son travail sur Titanic (auquel le film fait un savoureux clin-d’œil). Pas manchot le gamin. Les couleurs sont vraiment criardes et en Blu-ray, ça décolle la rétine ! On sent le passé de clippeur de McG qui aime l’image bien travaillée. Il reconnaît lui-même avoir un peu forcé le trait pour faire par moments ressortir la couleur des yeux de ses acteurs qui semblent à la limite du surnaturel. Genre Riddick. En tout cas, ça se sent que le réalisateur aime voir ses acteurs filmés sous leur meilleur profil en les mettant un maximum en valeur.

Il est en revanche plus étonnant de l’entendre critiquer ses effets de réalisation. Il reproche certains artifices renvoyant trop au jeu-vidéo ou le fait de couper une scène par un écran noir qui tombe comme un cheveu sur la soupe. Il aurait également aimé que sa scène d’ouverture ou la scène de bagarre dans le bar à mi-parcours soient plus punchy et nerveuses à la manière d’un Jason Bourne. Il en a été d’autant plus déçu que ses acteurs ont des sérieuses capacités physiques avec leurs expérience sur des films comme Warrior ou Star Trek. Un autre exemple qui me fait m’interroger sur la marge de manœuvre de McG sur son film est la scène de l’arrivée d’Heinrich sur le sol américain. Le réalisateur déplore le fait que tout se fasse sous un soleil éclatant avec des petits drapeaux roses en arrière-plan donnant à la scène des allures de dessin animé alors que le personnage de Til Schweiger est censé être menaçant. Et il y a plusieurs autres exemples de ce genre où certaines scènes semblent à ses yeux incomplètes, maladroites ou manquer d’impact. Est-ce parce qu’il a emballé son film un peu trop vite et qu’avec le recul il se dit que son film était perfectible à bien des égards ?

« Il est étonnant d’entendre le réalisateur critiquer ses effets de réalisation. Est-ce parce qu’il a emballé son film un peu trop vite et qu’avec le recul il se dit que son film était perfectible à bien des égards ? »

Je terminerai cette critique par un coup de gueule. Oui, un coup de gueule. À propos de la jaquette française du film qui est du vrai n’importe quoi. Elle tente de vendre Target comme étant un gros film d’action au rythme effréné. Je cite : «La traque mortelle», «Une course contre la montre explosive.», «À la recherche d’un des plus grands magnats du crime.», «Un arsenal complet de destruction qui se déploie : technologie de pointe, moyens de surveillance high-tech et charges explosives massives !». Le film est même vendu comme «la nouvelle bombe d’action» du réalisateur. Non mais on a vu le même film là les mecs?! Parce qu’à lire ce résumé complétement tronqué, on pourrait croire qu’on va croiser un bad-guy de première, que ça va se vider lourdement du chargeur dans le pif et se balarguer des bombes à neutrons sur le coin du museau. Est-ce que ce repositionnement aussi maladroit signifie qu’à sa sortie Target a raté sa cible ?

Conclusion

Un très bon divertissement sans prétention qui jongle habilement entre action/romance/comédie. Ma note peut paraître bien élevée au vu du caractère éphémère de Target mais j’ai passé un excellent moment. J’ai d’ailleurs pris plaisir à le revoir plusieurs fois, en grande partie grâce aux trois acteurs qui sont très bons dans leur rôle et à quelques scènes vraiment fulgurantes. Puis je me sentais investi de cette mission de redorer un peu son image écornée par les critiques.
+ – Le charme des trois acteurs principaux
– Un bon mélange d’action, de comédie et de romance
– Les scènes mémorables de la rivalité Hardy/Pine
– La réalisation clinquante mais clean
– Certaines vannes qui tombent à plat
– Til Schweiger, son intrigue et son personnage sous-exploités
– Film éphémère
Trophée8/10
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