Critique : Sense8 – Saison 1

Une série au ralenti

Fiche

Titre
Sense8
Créateurs Lana Wachowski, Andy Wachowski, J. Michael Straczynski
Acteurs Jamie Clayton, Brian J. Smith, Tuppence Middleton, Aml Ameen, Bae Doona, Miguel Ángel Silvestre, Tena Desae, Max Riemelt
Titre original Saison 1
Pays États-Unis Nombre d’épisodes 12
Genre Drame, Science fiction, Thriller Format 45/60 mn
Diffusion d’origine 05 / 06 / 2015 Chaîne Netflix

Huit individus éparpillés aux quatre coins du monde sont connectés par une soudaine et violente vision. Désormais liés, ils se retrouvent capables du jour au lendemain de se voir, de se sentir, de s’entendre et de se parler comme s’ils étaient au même endroit, et ainsi accéder aux plus sombres secrets des uns et des autres. Les huit doivent dès lors s’adapter à ce nouveau don, mais aussi comprendre le pourquoi du comment. Fuyant une organisation qui veut les capturer, les tuer ou faire d’eux des cobayes, ils cherchent quelles conséquences ce bouleversement pourrait avoir sur l’humanité.

Photo de la saison 1 de Sense8
Mon Matrix me démangeait.

Critique

Euh… Je ne sais pas trop quoi penser de cette série. « Ben, pourquoi tu fais cette critique alors ? », semble-je t’entendre me dire. Mais, mais ? Sommes-nous des sensitifs ? Sommes-nous connectés ? Sommes-nous capables de savoir ce que l’autre ressent ?

De cette introduction incroyablement flippante, il faut en retenir le thème de la série du trio Lana et Andy Wachowski et Joseph Michael Straczynski. Les deux premiers ne sont plus à présenter. Le troisième est le gourou derrière Babylon 5. Il a aussi signé quelques comics et des scénarios pour le cinéma (L’Échange, Thor, World War Z). Bref, je ferme la parenthèse « présentation des créateurs » pour revenir au sujet. Le thème de Sense8 concerne les sensitifs. Des personnes capables de se connecter entre elles (et uniquement, entre elles) par la pensée (par télépathie pour vulgariser). Évidemment, ces personnes sont pourchassées par une mystérieuse entité, une corporation maléfique. Tiens, on dirait presque Assassin’s Creed.

Bande-annonce épique, film de merde ?

Déjà intrigué par ce postulat très excitant, car inédit, je fus définitivement intéressé après avoir découvert la bande-annonce. Néanmoins, je restais sur mes gardes, car mes dernières expériences avec les Wachowski ne se sont pas soldées par d’heureux souvenirs : bande-annonce géniale, déception à l’arrivée. Ce ne sera pas non plus le cas pour Sense8. Enfin, à moitié.

Déjà, en toute franchise, il faut sacrément s’accrocher. Je me marre intérieurement en imaginant les détracteurs de Game of Thrones en train de regarder la série. Ces fameux détracteurs qui reprochent à la série adaptée de la saga de George R. R. Martin d’avoir un rythme très lent, parce que Sense8, c’est juste incroyable. On a l’impression que la moitié de ce qui a été tourné est passée au ralenti. En toute franchise, je pense n’être pas loin de la vérité en disant que si on mettait tout à vitesse normale, on pourrait diminuer la durée totale d’un tiers. N’empêche que c’est un effet de style. Que j’affectionne particulièrement, en plus. Quoi de plus classe que le ralenti à un moment épique ou durant une scène d’action pour faire durer le trip. Sauf que là, c’est l’overdose vu que c’est distribué à toutes les sauces… Souvent sur des séquences incroyablement banales.

Pour le reste, la série balance uniquement des personnages clichés. Nan, mais là, ils les ont tous accumulés. Le policier de Chicago. L’africain des bidonvilles qui s’enthousiasme sur tout. La coréenne experte en combat. Le mexicain acteur de telenovas. L’indienne sortie de Bollywood avec la fameuse scène de danse qui va avec. L’allemand sans pudeur et qui fait la gueule en permanence. Seule originalité, Nomi Marks (née Michael Marks), le transsexuel. Seulement, elle est siiiiiiiiiiiii insupportable. Sa relation avec Amanita est à vomir tant ça dégouline de Bisounours. Entre les « je t’aime » qui surviennent toutes les deux minutes, leurs manies de se faire des câlins alors que la situation ne s’y prête pas ou leurs nombreuses scènes de sexe… Et j’en rajoute une couche avec ses prouesses de hacking qui défient toute raison.

Un peu d’autobiographie dans un nuage de chamallows

D’après internet, les Wachowski se sont chargés des scènes se déroulant en Californie, donc concernant Nomi Marks. Du pain béni pour Lana Wachowski (née Larry) pour accoucher d’un portrait à résonnance autobiographique. Et ça se ressent. La série se focalisant beaucoup trop sur Nomi alors qu’il ne se passe strictement rien. Il faut alors prendre son mal en patience avant que le personnage soit au même niveau que les autres. Pour les personnages restants, leurs intrigues mettent un temps fou à avancer (la plupart trouvent leur dénouement dans les derniers épisodes) avec une mention spéciale pour Kala Dandekar dont l’intrigue se résume à savoir si elle doit épouser ou non l’homme qui l’a demandé en mariage. Bordel, 12 épisodes, et même pas de résolution !

Avant de voir l’épisode 12, j’étais là : « Bon, un dernier et j’arrête définitivement cette série. Au moins, j’aurais tenté jusqu’au bout. ». Et voilà que ces crevards pondent le meilleur épisode de la saison (aussi, comme par hasard, celui où il y a le moins de ralentis). Il y avait de l’action (un gunfight particulièrement bandant), du suspense et de l’émotion. Attention, ce n’est pas non plus extraordinaire, mais c’est très efficace. Du coup, je me retrouve comme un con. S’il y a une saison 2 (Sense8 est prévue pour durer 5 saisons), je continue ou pas ? Franchement, vu toute la souffrance héritée du visionnage de cette saison, je ne pense pas. Décidément, moi et les Wachowski, c’est une histoire d’amour qui appartient au passé. Même si notre histoire d’amour est terminée, j’en garderai un bon souvenir avec les Matrix.

Par Christophe Menat et ses compagnons sensitifs, le .

Photo de la saison 1 de Sense8
Le couple le plus horripilant de tous les temps.

Conclusion

Voir les Wachowski se tourner vers la télévision peut être vu de deux manières : déchéance ou tentative d’explorer un support plus propice à leur style (Jupiter: Le Destin de l’Univers était prévu pour durer beaucoup plus longtemps, et ça se ressent). Chacun se fera son avis. Par contre Sense8 est une vraie déception. Pourtant, dans l’idée et dans la technique, il y avait de quoi pondre une grande série. Seulement, la série est siiiiiiiiiiiii lente et ses personnages siiiiiiiiiiiii clichés qu’il faut s’accrocher de toutes ses forces pour arriver au très bon épisode final. À vous de voir si ce qui vous intéresse est la joie du parcours ou plutôt, celle de l’arrivée.

+

  • Idée de départ
  • Techniquement magnifique
  • Scènes d’action impeccablement bouclées
  • Dernier épisode

  • Personnages ultra clichés (ça finit par s’améliorer, mais commencer par ça…)
  • Qu’est-ce que c’est lent
  • Nomi Marks, personnage très mal écrit
5/10
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