Critique : Rogue One : A Star Wars Story

Pas à la hauteur des espoirs

Fiche

Titre Rogue One : A Star Wars Story Titre VO
Réalisateur Gareth Edwards Scénaristes Chris Weitz, Tony Gilroy
Acteurs Felicity Jones, Diego Luna, Alan Tudyk, Donnie Yen, Wen Jiang, Ben Mendelsohn, Forest Whitaker, Riz Ahmed, Mads Mikkelsen
Date de sortie 14 / 12 / 2017 Durée 2h 13
Genre Action, Aventure, Science Fiction Budget 200 000 000 $

Situé entre les épisodes III et IV de la saga Star Wars, le film nous entraîne aux côtés d’individus ordinaires qui, pour rester fidèles à leurs valeurs, vont tenter l’impossible au péril de leur vie. Ils n’avaient pas prévu de devenir des héros, mais dans une époque de plus en plus sombre, ils vont devoir dérober les plans de l’Étoile de la Mort, l’arme de destruction ultime de l’Empire.

Photo de Rogue One: A Star Wars Story avec Diego Luna, Felicity Jones et K-2SO
« Humain ! C’est quand que je rencontre R2-D2 ? J’ai signé pour ce film parce qu’on m’avait dit qu’il serait dedans. »

Critique

Après avoir pris une énorme mandale suivie d’un coup au larynx puis d’un high kick avant d’être achevé par une patate dans l’entrejambe avec Star Wars : Le Réveil de la Force, j’étais alors sacrément impatient de retourner dans cette galaxie lointaine, très lointaine. Oui, oui, je suis maso, et alors ?

Après mon 10/10 consacré au septième Star Wars et face aux avis de certains qui n’hésitaient pas à le basher en mettant en avant tous ses défauts. J’étais là à me dire que si ça trouve, j’avais perdu toute objectivité concernant Star Wars. Heureusement, Rogue One : A Star Wars Story est là pour me rassurer. Ça m’a rappelé qu’après tout, je n’avais pas trop aimé la nouvelle trilogie. Surtout, ce Rogue One est bien loin de m’avoir retourné comme le film de J. J. Abrams.

La première des Star Wars Stories

Pourtant, à l’origine, j’étais très enthousiaste. Après tout, Rogue One inaugure une nouvelle ère pour Star Wars en proposant la première A Star Wars Story. Des histoires indépendantes dans l’univers de la famille Skywalker, mais en dehors de l’intrigue principale. Quoi de mieux donc que Rogue One : A Star Wars Story qui n’offre pas de Jedi ? Se déroulant entre l’épisode III (La Revanche des Sith) et IV (Un nouvel espoir), le Star Wars du jour développe ce qui prenait deux paragraphes dans le texte déroulant du IV :

C’est une époque de guerre civile. À bord de vaisseaux spatiaux opérant à partir d’une base inconnue, les Rebelles ont remporté leur première victoire sur l’abominable Empire Galactique.

Au cours de la bataille, les Rebelles ont réussi à dérober les plans secrets de l’arme absolue de l’Empire : l’ÉTOILE NOIRE, une station spatiale dotée d’un armement assez puissant pour annihiler une planète tout entière.

C’était donc la promesse d’un film indépendant, une sorte d’épisode 3,9 (étant donné que nous sommes plus proche de l’épisode 4 que du 3) où il serait alors possible de développer des choses impensables dans un Star Wars classique. Pour Rogue One, ce serait un film de guerre. Un vrai.

Le syndrome Gareth Edwards

Monsters. Godzilla. Les deux films du réalisateur de Gareth Edwards proposaient des plans de toute beauté, mais souffraient d’un sacré problème de rythme. Le réalisateur n’arrivait pas non plus à développer ses protagonistes (moins vrai pour Monsters). Par exemple, Godzilla proposait un héros fade même si incarné par le botteur de culs Aaron Taylor-Johnson, mais de l’autre côté (presque schizophréniquement), il réussissait à émouvoir grâce à un immense Bryan Cranston. Le metteur en scène ne parvenait pas non plus à rendre son histoire prenante de bout en bout.

Photo de Rogue One: A Star Wars Story avec un Black Trooper
« Que celui qui a osé écraser ma poupée Stormtrooper se dénonce ! »

On pouvait espérer une amélioration pour Rogue One. Surtout sous l’égide de la machine Disney. Malheureusement, le constat est sans appel pour ma part. Le nouveau film d’Edwards souffre des mêmes défauts que ses précédents. Un démarrage longuet. Trop longuet pour la saga. Des protagonistes interchangeables et sans épaisseur, même si le robot K-2SO est hilarant dans un registre particulier et que Donnie Yen excelle dans le rôle de Chirrut Îmwe (c’est l’acteur lui-même qui a avancé l’idée de rendre aveugle son personnage et c’est une excellente idée).

Néanmoins, comme sur Godzilla, Gareth Edwards arrive parfois à insuffler des vraies émotions notamment en jouant sur le lien entre Jyn Erso (Felicity Jones) et son père Galen (Mads Mikkelsen). Sans oublier la partie avec Forest Whitaker. Mon moment préféré du film.

Concernant les scènes d’action, c’est la déception. Rien de mémorable à se mettre sous la dent si ce n’est un certain caméo. Pour un film de guerre, Rogue One surprend par son incapacité à déployer des batailles excitantes à suivre d’un point de vue stratégique. Elles ne sont même pas éprouvantes. Ça fait d’autant plus mal après Tu ne tueras point. Bon d’accord, c’était inenvisageable d’être aussi violent, parce qu’interdit aux moins de 12 ans, c’est non… Néanmoins, je persiste à penser qu’il y avait mieux à faire.

Rogue One est un bon film, mais seulement un bon film

Si je peux sembler rude, c’est que la déception a prédominé mon état d’esprit. J’étais parti pour vivre un grand Star Wars. Je n’ai eu finalement qu’un bon film, mais bien loin des étoiles. Toutefois, ça RESTE un bon film. Il offre un point de vue intéressant sur la Rébellion en exposant une part d’ombre insoupçonnée pour ceux qui ne l’ont connu que par la Trilogie. Surtout, il crédibilise ce qui était une source de quolibets concernant Un nouvel espoir. « Soyons sérieux, quelques rebelles réussissent à faire exploser une aussi grosse base avec un seul missile ? Vous croyez que vous allez me faire avaler que l’Empire a laissé une faille aussi énorme dans son plan ? Ils sont nuls, leurs architectes ou quoi ? ». Eh bien, Rogue One fait avaler la pilule. Sans même de verre d’eau, en plus.

Les scènes d’action, si elles sont loin d’atteindre des sommets, restent des bons moments à vivre. On bouge pas mal dans la galaxie en visitant un joli lot de planètes. Le climax est assez poignant. Il y a des caméos sympathiques. Pour une fois, on a un vrai casting international. Aussi, l’aspect film de guerre est assez rafraichissant pour la saga (les épisodes II et III ayant occulté la Guerre des Clones). Et encore, j’oubliais certaines répliques qui font mouche.

En fait, je me rends compte qu’en écrivant chacune des qualités, il y a toujours un « mais » derrière et je dois me réfréner de l’écrire. Mais, je vais être franc jusqu’au bout avec toi, pour toi, public (Frank, ne m’en veux pas si je te pique cette réplique). « On bouge pas mal dans la galaxie en visitant pas mal de planètes. », mais ces dernières respirent le déjà-vu. « Le climax est assez poignant », mais pas autant que je l’aurais espéré. « Il y a des caméos sympas. », mais parfois trop forcés au point de devenir gênants. « Pour une fois, on a un vrai casting international. », mais beaucoup de rôles sont dispensables, même le méchant pourtant joué par l’acteur qui arrive toujours à se faire détester Ben Mendelsohn (le gros problème du rôle, c’est qu’il s’agit d’un banal sous-fifre toujours à la ramasse). « L’aspect film de guerre est assez rafraichissant pour un Star Wars. », mais ça reste tout de même très soft. On a quand même davantage l’impression de vivre un Star Wars qu’un vrai film de guerre. « Et j’oubliais certaines répliques qui font mouche. », mais elles ont déjà toutes été sorties pour la bande-annonce.

Par Christophe Menat un peu sur sa faim, le 15 décembre 2016.

Photo de Rogue One: A Star Wars Story avec Jiang Wen et Donnie Yen
– Bon, tu pourrais m’aider à ranger ?
– La Force s’en occupe. Fais confiance à la Force.

Conclusion

Très attendu par votre serviteur, Rogue One : A Star Wars Story s’est finalement révélé décevant face aux promesses. Il a beaucoup de qualités, mais elles sont accompagnées par autant de défauts. Il souffre des mêmes maux que les autres films de Gareth Edwards (Monsters, Godzilla). Un sacré problème de rythme marqué par trop de longueurs et des personnages fades hormis quelques-uns. Au final, un bon film dans la saga pour lancer la franchise A Star Wars Story. Seulement, j’en voulais plus.

+

  • K-2SO et Chirrut Îmwe
  • Moments émouvants avec Jyn Erso
  • Crédibilise le final d’Un nouvel espoir
  • Caméo du Côté Obscur de la Force (même si le costume…)

  • Met un temps fou à démarrer et n’arrive jamais à dynamiter la tension
  • Beaucoup trop de protagonistes sans épaisseur
  • Faux film de guerre
  • Bataille finale moins badass qu’espérée
7/10
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