Critique : Perfect Sense

L’antithèse de Contagion

Fiche

Réalisateur David MacKenzie (Toy Boy)
Scénariste Kim Fupz Aakeson
Acteurs Ewan McGregor (Beginners), Eva Green (la série Camelot), Ewen Bremner (Vous allez rencontrer un bel et sombre inconnu), Connie Nielsen, Stephen Dillane (la mini-série John Adams)
Pays UK Date de sortie 28 mars 2012
Genre Drame, Romance, Science-Fiction Durée 1h32
Au milieu d’un monde frappé par une étrange épidémie qui détruit progressivement les cinq sens, un cuisinier et une brillante chercheuse tombent amoureux…

Critique

Le pitch de Perfect Sense fait vraiment envie, imaginez un peu un monde où tous les sens partiraient un par un. Comment l’humanité réagirait-elle ? Comment seront mis en place les moyens pour survivre ? Et surtout comment évolueraient les relations sociales ?

Si en allant voir ce film, vous vous attendez à la réponse à toutes ces questions, préparez-vous à être déçu car contrairement à Contagion, le film de Steven Soderbergh, Perfect Sense ne s’intéresse pas du tout à ces sujets ou si peu. Là où Contagion s’attache avant tout à décomposer toutes les étapes d’une épidémie mortelle, mondiale et foudroyante avec un réalisme faisant froid au dos car bourré de recherches scientifiques donc réaliste. Soderbergh a précisé par la suite qu’il avait beaucoup travaillé en relation avec les centres épidémiologiques pour pondre son film. Comme une antithèse, Perfect Sense préfère s’intéresser à l’histoire d’amour entre les deux protagonistes principaux, Ewan McGregor et Eva Green.

Une histoire d’amour lourde ponctuée de clichés et servie par deux acteurs sans alchimie commune. On n’y croit pas, on ne s’y intéresse pas et en plus, on est obligé de les suivre car Perfect Sense y reste attaché jusqu’au bout ne s’y éloignant que lors de courtes scènes chargées d’expliciter l’évènement qui précède chaque perte de sens. Les seuls rares bon moments du film qui malgré tout ne parviennent qu’à singer les films de Terrence Malick. Mention spéciale tout de même à la voix off n’arrêtant jamais de débiter des bondieuseries à vomir.

Il ne faut pas non plus oublier que les deux héros sont des personnages extrêmement antipathiques car beaucoup trop centré sur leur petite personne à tel point qu’il devient presque impossible de disposer d’une empathie défiant celui du commun des mortels.

Le côté fin du monde du film n’est au final qu’anecdotique si ce n’est que quelques idées bien trouvées comme la nourriture revenant à son expression la plus primaire (farine et graisse) ou le langage des signes employé pour pallier à la perte de l’audition.

Les seuls points positifs du film sont à rattacher à la réalisation qui offre de beaux moments oniriques et à la musique qui insuffle une petite liberté mélancolique. Seul problème, ça donne aussi une furieuse envie de dormir, d’ailleurs votre serviteur n’a pas pu s’empêcher de s’abandonner quelques minutes dans les bras de Morphée, la déesse du sommeil, avant que sa petite amie ne le réveille en lui proclamant un magnifique « Tu te fous de ma gueule ? Tu me fais regarder cette merde, tu la regardes avec moi jusqu’au bout. ». Vous comprenez, ma copine souffre d’une curieuse maladie bénigne, elle est incapable de s’endormir devant un film même si c’est la plus grosse merde jamais vu au monde.

Désolé mais je vais vous décevoir si vous envisagiez de voir le film : la fin est un vrai foutage de gueule. Rien n’est résolu, tout est laissé en plan. Il n’achèvera même pas le spectateur, se contenant de le laisser dans une mare de sang. Une petite pensée pour les stewards qui se chargeront de nettoyer les salles après chaque projection du film (surtout que le sang, c’est crevant à l’enlever) à moins qu’ils n’envisagent de refaire la salle en rouge. Tiens je voulais refaire les murs de ma chambre, je vais y organiser une projection de Perfect Sense après sa sortie en DVD.

Conclusion

Perfect Sense N’EST PAS un film apocalyptique, il s’agit avant tout d’une histoire d’amour ponctuée de quelques réflexions sur les sens mais beaucoup trop brève pour susciter quelconques émotions chez le spectateur. Le pire, c’est qu’Erwan et Eva jouent des personnages insupportables qui achèvent de faire du long-métrage de David MacKenzie, un film infréquentable. Pour ceux qui veulent voir un long-métrage retraçant avec une approche sérieuse et scientifique d’une épidémie mondiale, préférez le Contagion de Soderbergh.
+ – pour s’endormir, on a rarement fait mieux surtout avec cette musique – personnages principaux insupportables
– réalisation singeant Terrence Malick
– côté apocalyptique proche du néant
– love story banale
3/10
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