Critique : Man of Steel

Les nouvelles origines du fils de Krypton

Fiche

Intégré au DC Extended Universe
Titre Man of Steel
Réalisateur Zack Snyder
Scénariste David S. Goyer
Acteurs Henry Cavill (Clark Kent / Superman), Diane Lane (Martha Kent), Kevin Costner (Jonathan Kent), Amy Adams (Lois Lane), Michael Shannon (le général Zod), Russell Crowe (Jor-El), Laurence Fishburne (Perry White), Antje Traue (Faora), Harry Lennix (Général Swanwick), Christopher Meloni (Colonel Hardy), Ayelet Zurer (Lara Lor-Van)
Titre original Date de sortie 19 juin 2013
Pays États-Unis, Canada, Royaume-Uni Budget 225 000 000 $
Genre Action, Aventure, Fantastique Durée 2h23

Un garçon apprend qu’il est doté de pouvoirs extraordinaires et qu’il n’est pas né sur Terre. Une fois jeune adulte, il part en voyage pour découvrir d’où il vient et pourquoi il a été envoyé sur notre planète. Mais le héros en lui se doit de faire surface pour sauver le monde de l’annihilation et devenir un symbole d’espoir pour l’humanité entière.

Critique

Après Batman, c’était au tour de Superman d’avoir son reboot. La grande surprise fut le choix du réalisateur qui sortait d’un Sucker Punch mitigé mais il ne faut pas oublier ses deux adaptations de comics/chef d’œuvres : 300 et Watchmen. Superman renaît-il de ses cendres en tant qu’homme d’acier?

Je vais vous avouer que j’étais très inquiet la semaine dernière devant les critiques presse quasiment catastrophiques. C’est donc avec grande inquiétude que je me suis installé sur mon fauteuil dans une salle quasi comble. A l’apparition du logo Legendary Pictures, l’impatience commençait à monter car mine de rien, j’étais devant le film que j’attendais le plus cette année (loin devant Iron Man 3 et Thor : Le Monde des ténèbres même si je suis un fan de Marvel et non pas de DC). Puis la magie prend forme: le générique d’ouverture avec Russell Crowe est une pure merveille que le reste du film aura beaucoup de mal à égaler. Le choix de l’interprète du Gladiator pour incarner le père biologique de Superman est parfait. En tout cas, j’ai poussé un grand soupir de soulagement et je me suis plongé dans les nouvelles origines du dernier fils de Krypton.

Avant de continuer, je vous informe de ce que je vais faire: un bref tour d’horizon comme sur une critique normal (donc sans spoiler) avant de me concentrer sur chaque point du film en spoilant bien évidemment. Allez, c’est parti mes cocos. Ce qui frappe d’emblée avec Man of Steel, c’est la réalisation. Aux antipodes de celle académique pour ne pas dire télévisée d’Avengers. En même temps, c’est ce point même qui risque de couper le nouveau film de Snyder d’une partie de son public pas forcément fan de ce style de caméra à l’épaule. Pour ma part, j’ai été séduit car ça ressemble beaucoup aux jeux vidéo blockbusters récents (le générique d’ouverture semble même être tout droit sorti d’un Killzone/Gears of War) sans oublier que cela permet une immersion plus poussée notamment lors des combats où les coups semblent sortir de l’écran pour nous frapper aussi. N’oublions pas non plus des plans sacrément funs comme cette caméra accrochée à l’arrière d’un missile. A noter l’absence des ralentis si chers à Snyder. J’en ai compté juste un, celui du premier envol de Superman. Un, alors qu’ils se comptaient par dizaines dans Sucker Punch. C’est un peu comme J. J. Abrams sans lens-flare, impensable. Snyder était-il malade? Ses détracteurs seront aux anges.

Je n’oublierai pas non plus de souligner les magnifiques séquences lyriques qu’on croirait tout droit sorti de chez Terrence Malick. Elles ont permis d’avoir la bande annonce la plus belle de tous les temps. Une bande annonce qui mérite un 10/10. En tout cas, la première heure et demie est tout simplement splendide de ce côté-là. La mythologie Superman n’ayant jamais été aussi bien mise en scène. Un bon coup de pied au cul à la série Smallville qui reprenait les mêmes thèmes sur plusieurs saisons, comme quoi on peut faire concis et efficace.

L’autre point marquant, ce sont les effets spéciaux. Déjà la semaine dernière, nous avons eu le droit à ceux plutôt solides de Star Trek Into Darkness mais là, on est dans une autre catégorie, un autre monde surpassant même au niveau spectacle Avengers. C’est du lourd, du très lourd. On en prend plein la gueule lors des combats entre les dieux (des immeubles s’écroulent, des camions citernes explosent, des voitures sont aplatis). Le passage sur Krypton est l’occasion d’admirer la planète (trop brièvement vue dans les anciens Superman) et je ne m’attendais pas à que ce soit aussi poussé (on pense à Avatar). L’équipe des effets spéciaux aura parfaitement réussi à les intégrer dans le style de réalisation pourtant véloce de Snyder. On peut remarquer nettement que l’utilisation de la caméra à l’épaule permet d’atténuer leur visibilité. Ça va tellement vite qu’on a parfois du mal à les voir grâce au flou de rigueur quand la caméra bouge. Malgré tout, il y a quelques bémols. Ceux du dantesque combat final sont légèrement trop visibles (même si c’est moins visible que sur Matrix Revolutions). Les arrières plans lors des contre-plongées sur le public (toujours dans le combat final) sont sincèrement immondes. Pourquoi ne pas les supprimer surtout que Man of Steel avait réussi à tenir la cadence tout le long? En tout cas, les 225 millions du budget ont bien été dépensés.

Il est désormais temps de s’attaquer à Superman. Henry Cavill est l’interprète parfait. Enterrant au passage le regretté Christopher Reeve et l’éphémère Brandon Routh sans oublier Tom « Smallville » Welling et Dean « Loïs et Clark » Cain. Car si les quatre acteurs étaient convaincants sur la dualité Clark/Kal, ils n’ont jamais vraiment été un Superman convaincant du moins pour le fan du comic. Henry Cavill est le seul qui aura été capable de remplir son costume sans paraître trop gringalet pour incarner le dernier espoir de Krypton. De plus, j’ai été bluffé par sa performance. Quand Henry Cavill est Superman, on y croit. Le voir déambuler avec son costume ne provoque pas de ricanements ou de petits sourires narquois. IL EST SUPERMAN. Il faut tout de même savoir qu’à l’inverse de ses confrères, Henry Cavill incarne un Superman aussi sérieux qu’une bibliothécaire. Par exemple, Christopher Reeve avait marqué le public par son humour et son charme et non pas par sa puissance et son côté solaire.

L’absence d’humour (hormis sur des très rares séquences) permet une scission entre l’univers DC et Marvel au cinéma. Une scission parfaite permettant de ne pas avoir la désagréable sensation d’avoir deux concurrents qui se copient (DC/Warner avaient essayé avec Green Lantern et ça a été catastrophique). A l’inverse d’Iron Man 3, on ne rigole pas dans Man of Steel. On est vraiment devant une aventure traitée avec le plus grand sérieux. La preuve avec des éléments ringards remis au goût du jour, j’y reviens dans la partie spoiler.

Parmi le casting, on a donc parlé d’Henry Cavill, parfait Superman. On peut aussi compter sur un Michael Shannon franchement inquiétant en général Zod pour un excellent vilain (même s’il n’atteint pas le niveau de celui de Star Trek Into Darkness). En tout cas, c’est agréable de ne pas avoir de Lex Luthor en bad guy ultime, le général Zod étant de force égale avec Superman, voir même plus, ça fout plus de tensions. Amy Adams est une Lois Lane sympathique mais elle n’a franchement rien qui sort du lot pour ce premier épisode, à voir par la suite. Russell Crowe en Jor-El, oh mama mia. C’est limite s’il ne vole pas la vedette à son fils. Kevin Costner, absolument splendide en père adoptif. Décidément, Kal-El est bien pourvu en pères. Laurence Fishburne impeccable comme toujours. D’ailleurs, on peut compter sur un autre transfuge de Matrix avec Harry Lennix (le commandant qui sort avec l’ex de Morpheus, c’est lui). Christopher Meloni est bandant en colonel comme l’allemande Antje Traue l’est en bras droit du général Zod (elle va nourrir des fantasmes – si une parodie X devrait se faire, elle sera le premier rôle sans hésiter).

Malgré tout, Man of Steel est loin d’être parfait. La faute notamment à une petite période creuse une fois arrivé vers le troisième quart du film, un trop plein d’action (trop d’action tue l’action, Avengers avait parfaitement réussi à le doser) mais surtout à un montage parfois aberrant. Je m’explique. Le film suit un style linéaire mais est parfois entrecoupée de séquences lyriques. Si ça ne dérange pas la plupart du temps, certaines arrivent comme un cheveu sur la soupe. Ce sont certes des points mineurs mais elles sont là. D’autres (pas moi) pesteront sur la réalisation. Par contre, ce que je n’ai pas compris, c’est certaines critiques qui reprochent à Man of Steel d’être dénué d’humour… On était bien d’accord pour ne pas coller du côté de chez Marvel (jurisprudence Green Lantern oblige) mais bien du côté de la trilogie de Nolan, m’enfin bref. Ah si, j’oublie, il y a un gros défaut: on en veut encore plus.

C’est parti pour la partie spoiler où je vais pouvoir donner mon avis sans me restreindre!

Spoiler

Commençons avec un truc qui me tient à cœur: la kryptonite. Enfin, cette merde inutile est éjectée. Procédé scénaristique sucée jusqu’à la moelle, elle provoquait chez moi des éruptions cutanées. Probablement l’invention la plus pourrie de tous les temps. Elle s’accompagne aussi par l’éviction de Lex Luthor, méchant beaucoup trop utilisé (Superman, Superman II, Superman IV et Superman Returns). Un choix assez incompréhensible car il est bien loin d’être l’égal de Superman en terme de force. Certes il est plus intelligent mais dans le comic, il s’illustre surtout en employant d’autres méchants. Bref, bye bye Luthor même si la présence d’un « LexCorp » sur un camion-citerne laisse envisager qu’il apparaîtra dans la suite comme Osborn dans The Amazing Spider-Man.

J’ai beaucoup apprécié comment la jeunesse de Clark est abordée. Traitée comme un film de Terrence Malick, elle pullule de répliques cultes notamment celles dites par Jor-El et Jonathan Kent. Elles permettent aussi de résumer toute la thématique du film (Le monde est-il prêt pour Superman?) en plusieurs séquences finement choisies dont la plupart sont mémorables et émouvantes (la scène de l’île avec Claire Danes, la scène où Jonathan Kent comprend quel avenir attend Clark). Que dire aussi de la mort de Kent, bien plus puissante que la simple crise cardiaque, mettant en exergue toute la dualité de Superman. Un surhomme obligé de se déguiser en homme. Surtout ces séquences ont permis de bénéficier d’une des plus belles bandes annonces de tous les temps.

Au niveau des combats, bizarrement celui entre Superman et le général Zod n’est pas mon préféré. C’est plutôt la castagne entre Jor-El et Zod qui a été retenu par mon coeur. Une séquence de bravoure surprenante car elle était inattendue (ça change de la statue Marlon Brando) mais elle marque surtout par sa mise en scène. On a vraiment l’impression que les coups sont portés. +1 aussi pour la salive qui prend la tangente de la bouche des protagonistes à chaque coup reçu. L’ensemble des combats sont très réussis car ce sont réellement des dieux qui s’affrontent. Mention spéciale à la scène où Superman chope Zod en lui disant: « Ne touche pas à ma mère! ». J’ai fait dans mon froc. C’est là qu’on se rend compte de la toute-puissance de Superman, chose qu’on ne voyait pas chez les autres interprètes.

Le combat final m’a beaucoup fait penser à Matrix Revolutions. Fort heureusement, elle est mieux calibrée et surtout bien plus impressionnante. Voir Zod balancer Superman à travers des gratte-ciels, ça fait son effet surtout depuis le temps qu’on attendait ça. Surtout elle enterre celle d’Avengers (pourtant bien pourvu) au niveau spectacle même si l’utilisation des effets spéciaux est plus maîtrisée chez Whedon. En tout cas, ce dernier a dû être sur le cul en voyant la maîtrise de Snyder (Nolan aussi d’ailleurs, lui qui n’a jamais réussi à emballer des scènes d’action au niveau de son intrigue). Joss, t’as du taf pour Avengers 2!

Impossible de finir sans parler du twist: le meurtre de Zod. Même si je persiste à penser qu’ils auraient dû conserver le « Superman tue » pour un épisode ultérieur afin de mieux traumatiser le public, ça fait malgré tout son effet! Snyder et Nolan ont probablement dû voulu mettre en avant que nous sommes dans un Superman réaliste, le pendant super-héroïque du Dark Knight. Mais c’est assez dommage car Clark et Bruce sont deux identités très différentes dans la Justice League, un peu comme la lumière et l’ombre. Du coup, faire de l’un un tueur alors que l’autre ne tue pas (enfin, il me semble), ça fait un peu bizarre.

La dernière scène du film gâche un peu le côté « réaliste » (si on admet l’existence d’un extra-terrestre qui venait de Krypton) en effet, l’artifice lunettes pour cacher la vraie identité de Superman… Hum, hum. Mais bon clin d’œil et tout.

Si vous êtes arrivés jusque là, je suis sacrément impressionné car c’est un pavé que j’ai écrit (on est fan ou pas). En tout cas, je vous remercie pour votre assiduité.

Conclusion

Malgré des retours presses mitigés, Man of Steel se révèle être la meilleure adaptation de Superman. Un Superman davantage ancré dans la réalité que celui de Donner/Singer et surtout mille fois plus spectaculaire, se payant même le monstrueux Avengers dont il partage la même structure: première séquence spectaculaire, mise en place des enjeux et révélation des enjeux psychologiques puis dernière demi-heure ultra spectaculaire. Pour une fois que Superman rime avec spectacle.

PS: il n’y a pas de scène post-générique donc pas la peine de rester jusqu’au bout.

+ – la plus belle bande annonce de tous les temps
– spectaculaire
– réalisation (même si elle ne plaira pas à tout le monde)
– les séquences lyriques de la jeunesse de Clark qui enterre tout Smallville
– Henry Cavill absolument parfait en last son of Krypton
– deux pères rivalisant de charisme, Crowe et Costner
– des vrais combats de surhommes
– un poil trop d’action (oui, je sais)
– certains effets spéciaux sur la fin
Trophée9/10
S’abonner
Notification pour
guest

18 Commentaires
Le plus ancien
Le plus récent Le plus populaire
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires

Pin It on Pinterest