Critique : Maggie

L’amour d’un père est plus fort que l’Apocalypse

Fiche

Titre Maggie
Réalisateur Henry Hobson
Scénariste John Scott 3
Acteurs Abigail Breslin, Arnold Schwarzenegger, Joely Richardson
Titre original Date de sortie 27 / 05 / 2015
Pays États-Unis Budget 8 000 000 $
Genre Drame, Horreur, Thriller Durée 1h 35

Alors qu’une terrible pandémie se propage à travers les États-Unis, le gouvernement impose de placer les malades infectés par le virus en quarantaine, où ils se transformeront en zombies, totalement retranchés du monde. Lorsque Maggie, 16 ans, apprend qu’elle a été contaminée, elle s’enfuit. Mais son père, Wade Vogel, est déterminé à la retrouver et à la protéger coûte que coûte, même s’il lui faut affronter les forces de police…

Photo du film Maggie réalisé par Henry Hobson avec Abigail Breslin, Arnold Schwarzenegger
C’est stressant, quand même, de savoir que notre fille va devenir un zombie. On se demande tout le temps quand elle va commencer à prendre notre jambe pour une glace Magnum.

Critique

Le père Schwarzenegger, on l’a vu dans tous les genres. Il faut dire que sa filmographie est assez conséquente, mais bizarrement, on ne l’avait jamais vu dans un film de zombies. Maggie vient corriger ça.

Mon introduction est fausse. Enfin, pas toute mon intro, mais la deuxième partie. En effet, Maggie n’est pas le film qui va faire ajouter « film de zombies » dans la check-list des différents genres de Schwarzy. Il faut dire que le long-métrage n’a que très peu d’éléments du film de zombies. D’ailleurs, il n’y a quasiment pas de gore, au point de récupérer seulement un avertissement de la part de Commission de classification des œuvres cinématographiques. Dès lors, quel genre de film est donc Maggie ?

Nos étoiles zombiesques

S’il fallait citer un film similaire sorti récemment, je dirais Nos étoiles contraires. Je sais, c’est surprenant, mais comme le film qui a ravi les actionnaires de Kleenex, Maggie raconte l’histoire d’une maladie. Une maladie qui met du temps avant d’achever son porteur. À l’inverse de la grosse majorité des films (et séries) de zombies, les infectés du jour ne deviennent pas instantanément ou même rapidement des morts qui marchent. C’est un processus qui prend de longues semaines, voire des mois. Dès lors, tout le procédé est chamboulé. On ne peut donc plus se permettre d’attendre quelques heures que notre compagnon ou compagne se transforme pour l’achever. Il devient aussi inhumain de les abandonner dès la première trace de morsure. Pour accentuer ce dilemme moral, le scénariste John Scott 3 (ne me demandez pas si le 1 et le 2 sont sortis, je n’en sais fichtre rien) va infecter la fille de Wade (Arnold Schwarzenegger), Maggie (Abigail Breslin).

Evidemment, avec un tel contexte, il faut s’attendre à un film très dur et éprouvant. Un peu à l’image justement de Nos étoiles contraires. Sauf qu’à l’inverse du film de Josh Boone, les joyeuses échappatoires de Maggie se comptent des doigts de la main, ce qui les rend d’autant plus précieux. De plus, le rythme est assez lent. Pour tout vous dire, j’ai eu du mal à rentrer dans l’histoire. Mais, je me suis finalement pris au jeu. Il faut dire que les deux acteurs principaux livrent une prestation exceptionnelle.

Il n’est pas nécessaire de revenir sur Abigail Breslin, excellente partout où elle passe. Dire qu’elle a commencé à 5 ans dans le Signes de M. Night Shyamalan (2002) ne me rajeunit pas. Malgré son statut d’infecté, son personnage conserve un visage poupin et solaire, ce qui rend difficile la distance émotionnelle avec le personnage. Après tout, on sait qu’il n’y a que peu de chances qu’elle survive, donc notre instinct de protection devrait s’enclencher et évincer toute implication émotionnelle, mais visiblement, le mien déconne, vu que je me suis encore fait avoir après Shailene Woodley.

Quand Terminator fait de l’indé, il explose tout

Non, la vraie surprise de Maggie, c’est l’astre autrichien. Depuis la fin de la saga Governator, Arnold Schwarzenegger enchaîne les bons rôles, que ce soit les caméos jouissifs dans la saga des Expendables, le shérif de l’actionner efficace Le dernier rempart ou encore, l’apparition surprise dans le dernier épisode de Mon oncle Charlie. Néanmoins, avec le film du jour, il prouve qu’à 67 ans, il n’a jamais été aussi bon acteur. Franchement, on a désormais l’habitude du rôle mutique qui permet de masquer ses carences au niveau de son jeu. Maggie ne déroge pas à la règle, sauf que son jeu du regard et du visage est époustouflant. J’étais limite choqué de voir le père Arnold aussi bon acteur. Pour sa première incursion dans le domaine du film indépendant, le cinq fois mister Univers fait encore preuve d’une réussite insolente. On devrait l’appeler le Roi Midas, vu que tout ce qu’il touche se transforme en or.

À eux deux, Abigail Breslin et Arnold Schwarzenegger ont réussi à m’émouvoir. Pas jusqu’au point d’ouvrir les vannes comme Nos étoiles contraires, mais quelques belles larmichettes. Des larmes tout en pudeur et délicatesse, comme sur ce magnifique plan lors du climax où Maggie témoigne de l’amour qu’elle porte à son père alors que la scène laissait envisager une issue différente. Un plan pur.

Parler de ce plan me fait penser qu’il faudrait que je souligne l’excellent travail du réalisateur pour son premier long-métrage. Henry Hobson s’est auparavant distingué en signant les génériques de nombreux films dont Robin des Bois, La Couleur des Sentiments, The Tree of Life, des jeux vidéo The Last of Us et Killzone ou encore la série The Walking Dead (tiens, tiens). Il y est pour beaucoup dans l’attachement aux personnages et à l’émotion qui monte continuellement, le tout avec des plans magnifiques (on croirait parfois revoir les plans oniriques de Man of Steel), mais qui n’oublient jamais de raconter une histoire. Pour l’anecdote, le scénario de Maggie a été dans la Black List.

Par Christophe Menat, le .

Photo du film Maggie réalisé par Henry Hobson avec Arnold Schwarzenegger
Arnold chez Terrence Malick.

Conclusion

Une excellente surprise. En toute franchise, je m’attendais à un flop, à un film qui mise tout sur son pitch et son casting pour accoucher d’un produit formaté avec son lot de moments gores. Pas du tout, Maggie est un drame profondément humain dont le contexte n’est qu’un prétexte, on peut facilement remplacer le statut de « zombie » de Maggie par une maladie infectieuse quelconque et le contenu resterait le même, à quelques nuances près. Un drame émouvant (car il m’a ému aux larmes) qui doit beaucoup à sa belle réalisation et la prestation de ses deux acteurs principaux, dont un Arnold Schwarzenegger inattendu à ce niveau.

+

  • Arnold Schwarzenegger, épatant
  • Émouvant
  • Réalisation magnifique

  • Rythme assez lent avec un démarrage poussif
Trophée8/10
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