Critique : Les Brasiers de la colère

La promesse brisée d’un chef d’œuvre

Fiche

D’après le roman de Tim Tharp
Titre Les Brasiers de la colère
Réalisateur Scott Cooper
Scénaristes Brad Ingelsby, Scott Cooper
Acteurs Christian Bale, Woody Harrelson, Casey Affleck, Forest Whitaker, Willem Dafoe, Zoe Saldana, Sam Shepard
Titre original: Out of the Furnace Date de sortie: 15 janvier 2014
Pays: États-Unis Budget: 22 000 000 $
Genre: Drame, Thriller Durée: 1h 56

À Braddock, une banlieue ouvrière américaine, la seule chose dont on hérite de ses parents, c’est la misère. Comme son père, Russell Baze travaille à l’usine, mais son jeune frère Rodney a préféré s’engager dans l’armée, en espérant s’en sortir mieux. Pourtant, après quatre missions difficiles en Irak, Rodney revient brisé émotionnellement et physiquement. Lorsqu’un sale coup envoie Russell en prison, son frère cadet tente de survivre en pariant aux courses et en se vendant dans des combats de boxe. Endetté jusqu’au cou, Rodney se retrouve mêlé aux activités douteuses d’Harlan DeGroat, un caïd local sociopathe et vicieux. Peu après la libération de Russell, Rodney disparaît. Pour tenter de le sauver, Russell va devoir affronter DeGroat et sa bande. Il n’a pas peur. Il sait quoi faire. Et il va le faire, par amour pour son frère, pour sa famille, parce que c’est juste. Et tant pis si cela peut lui coûter la vie.

Les Brasiers de la colère Photo
Le secret de Christian Bale pour paraître ténébreux ? Il essaie de calculer 1+3.

Critique

Tout respirait le chef d’œuvre dans Les Brasiers de la colère : son affiche, sa bande-annonce, son casting, et même le réalisateur, Scott Cooper, derrière l’envoutant Crazy Heart. De plus, il s’agissait de la dernière production de Tony Scott avant sa mort. Chronique d’une bombe annoncée.

Le film s’ouvre sur Midnight Meat Train (génial film d’horreur où l’ex-footballeur Vinnie Jones mettait la misère à Bradley Cooper). Non, ce n’est pas une blague. Pour répondre au pourquoi, il faut que je peigne la scène : un drive-in. Voilà que tout s’explique, une sorte d’hommage à la Twister pour Chucky, la poupée tueuse. C’est aussi l’occasion de découvrir un Woody Harrelson en gros enculé, un rôle qui lui va comme un gant. Ce dernier défonce sa « copine » sur le tableau de bord de sa voiture avant de démolir un mec qui a osé s’en mêler. Je me suis alors dit que oui, Les Brasiers de la colère va être un putain de chef d’œuvre.

Au début, j’ai failli crier au chef d’œuvre puis je me suis rappelé de l’histoire du garçon qui criait au loup. J’ai bien fait.

Puis tout part légèrement à la dérive, comme si on était perdu sur un radeau en plein milieu de l’Atlantique. Le réalisateur multiplie les beaux plans (certains sont franchement mémorables) et dépeint une Amérique profonde crédible magnifiée par ses décors. Les acteurs jouent impeccablement. Mais… Le film manque de ce quelque chose qui fait justement la force des chefs d’œuvre. Pourtant, tout est fait pour illustrer le titre du film : le héros multiplie les contrecoups de la vie à tel point que la colère le ronge jour après jour (Christian Bale l’illustre impeccablement en toute retenue). Malgré tout, jamais je n’ai réussi à m’impliquer émotionnellement. Dès lors, le film s’est déroulé sans jamais être percutant.

Les Brasiers de la colère Photo Woody Harrelson Willem Dafoe
« C’est lui qui a léché ma sucette ? Ce bouffon… Vert, je suis vert, putain ! »

Difficile de pointer du doigt là où Les Brasiers de la colère s’est raté. Probablement à cause d’un manque d’alchimie dans l’ensemble (difficile à croire au vu du casting monstrueux, mais vrai). Ou alors, ce serait un problème de suspense. Au lieu de monter crescendo, celui-ci se désamorce à chaque fois qu’il devrait exploser. Du coup, on subit la même désagréable sensation que pour un chat venant de subir une petite tape dans le nez lui signifiant qu’il a mal agi. Le final survient sans trop de difficultés et n’offre rien de mémorable.

Les Brasiers de la colère n’arrive jamais à concrétiser ses promesses et nous laisse en plan.

Néanmoins, le film n’est pas exempt de qualité. L’atmosphère qu’il dépeint est fascinante. Surtout lors du passage parmi « le peuple des montagnes » où les fantasmes malsains prennent vie, un peu à la Winter’s Bone, le drame qui a lancé la carrière de Jennifer Lawrence. On peut aussi noter des combats de rue où Casey Affleck s’illustre magnifiquement. Malheureusement, ces derniers sont exempts de toute adrénaline à la Rocky, car l’issue du combat est connue d’avance.

Les Brasiers de la colère Photo
Tiens, tout d’un coup, j’ai envie de revoir Snatch là. Je ne sais pas pourquoi. Tu sais pourquoi, toi ?

Conclusion

Les Brasiers de la colère avait tout pour être un chef d’œuvre ou au moins, un très grand film mais il n’arrive pas à concrétiser. Il en reste un drame magnifiquement réalisé et très bien interprété.

+ – La réalisation
– Les décors
– Une belle brochette de bons acteurs
– Ne s’emballe jamais
– Rythme monotone
– Absence d’émotions
6/10
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