Critique : La Parade

Les Sept Anti-homophobes

Fiche

Titre La Parade
Réalisateur Srdjan Dragojevic
Scénariste Srdjan Dragojevic
Acteurs Nikola Kojo, Milos Samolov, Hristina Popovic, Goran Jevtic, Goran Navojec, Toni Mihajlovski
Titre original Parada Date de sortie 16 janvier 2013
Pays Hongrie, Serbie, Croatie, Slovénie, Allemagne Budget 1 300 000 €
Genre Comédie, Drame Durée 1h58

En voulant sauver son pitbull chéri et contenter sa fiancée capricieuse, Citron, parrain des gangsters de Belgrade, se voit obligé d’assurer la sécurité de la première GayPride de Serbie. Pour l’aider dans cette mission impossible, il part à la recherche d’anciens mercenaires. Serbes, musulmans, bosniaques, albanais du Kosovo et combattants croates se retrouvent aux côtés des militants homosexuels. Comment cet équipage hétéroclite qui n’aurait jamais dû se rencontrer va-t-il arriver à transcender les frontières et leurs différences ?

Critique

Bien chaud pour aller le voir grâce à l’énorme tagline sur l’affiche : « Après La Visite de la Fanfare » que j’avais bien aimé, je fus presque choqué par le début n’ayant rien à voir avec le film de l’israélien Eran Kolirin tant au niveau du rythme, du verbe, du lieu et même du héros. On passe de Tewfiq, gentil policier égyptien à la tête d’une petite fanfare à Citron, parrain des gangsters de Belgrade. Un grand écart digne de Jean-Claude (Van Damme, pas Dusse)…

… pour deux films n’ayant finalement pas grand chose à voir mis à part qu’ils traitent de problèmes profondément humains. Srdjan Dragojevic, réalisateur et scénariste serbe de La Parade, voulait dénoncer la condition désastreuse des homosexuels dans son pays. Il a accouché (avec douleur) d’une comédie dramatique ayant récupéré de nombreuses récompenses: meilleur long-métrage et meilleur rôle masculin au Fipresci Srbija (Serbie) en 2011, Panorama Audience Award for Fiction Film au Festival international du film de Berlin 2012, Prix des lecteurs « Siegessäule » aux 26e Teddy Awards et Prix du public 2012 au Cinémed – Festival Méditerranéen de Montpellier 2012.

Qu’en est-il de l’avis de votre serviteur ? Tout simplement un énorme coup de cœur pour ce qui est à l’heure actuelle bien parti pour faire partie de mon top 20 de l’année 2013. Il s’agit d’une comédie irrésistible pratiquement tout le temps drôle autour d’un drame social pas évident. Un film qui m’a rappelé Intouchables. Comme pour le film qui a propulsé Omar Sy chez les riches, La Parade repose sur un duo atypique que personne ne verrait ensemble même en rêve, à savoir un gangster serbe (avec tout le tralala : chauve, tatouages, beauf, fétichiste des armes, propriétaire d’une maison décorée avec un goût de chiottes sans égal) et… un gay!

Le tout de Srdjan Dragojevic commence sur plusieurs définitions sur des insultes méconnues des français sous un format donnant l’impression d’être directement sorties du dictionnaire. Cela permet de rapidement se plonger dans le bain et déjà entrevoir un premier trait d’humour efficace pour un film qui ne cessera de faire rire durant ses deux heures. Deux heures qui passent à une vitesse ! Il faut dire que de nombreuses situations rocambolesques s’enchaînent.

Attention, vous l’avez compris, il ne s’agit pas de disserter ou de poser un drame social lourd sur un sujet difficile. Le but de Srdjan Dragojevic est de nous faire rire et d’attirer afin de mieux faire passer son message toutefois ne nous trompons pas, nous ne sommes pas la vraie cible du film. Cette cible, ce sont les jeunes appartenant à des organisations nationalistes et néonazies s’amusant à « casser du pédé ». Ces mêmes organisations ont mis des bâtons sur les roues du projet mais finalement, elles ne purent empêcher son succès avec 500 000 entrées en Serbie, Croatie, Slovénie, Macédoine et Bosnie.

Exactement trois pays partageant la même nationalité que ses personnages à savoir le serbe Citron et ses anciens ennemis devenus amis (un croate, un musulman de Bosnie, un albanais du Kosovo). Des hommes aux nationalités bien différentes rencontrés durant le service militaire de Citron. Il a participé aux nombreuses guerres de l’ex-Yougoslavie. L’occasion aussi de voir la très drôle première rencontre entre Citron et son ex-ennemi croate.

La grande force de La Parade réside dans ses personnages aussi variés que possible. Il y en a pour tout le monde, de la femme complètement frappée de Citron, au gay fan du film Les Sept Mercenaires, à l’homo ayant fait son coming-out à 50 ans sans oublier la lesbienne garçon manqué. J’en oublie d’autres exprès pour préserver la surprise. Tout ce joli monde « cohabitent » et cela donne naissance à de scènes de clashes jouissives et de très nombreuses blagues beaufs (autant orales que visuelles permettant d’éviter la répétitivité). Parmi le lot, de nombreuses blagues homophobes pouvant être considérées comme vulgaires si seulement elles ne servaient pas le but du film. En effet, le film adopte tout le long, le point de vue de Citron et son évolution. Du rejet pur et simple, il évolue vers autre chose. Dès lors, il est nécessaire de récupérer un personnage faisant partie de l’autre camp (les homophobes) afin de ramener avec lui une identification pour le public visé.

Je tiens tout de même à resouligner l’excellence des blagues toujours très drôles car jamais réellement méchantes grâce à un excellent dosage de la part des acteurs et du réalisateur. Le très bon final implique une impressionnante baston car il faut le savoir, La Parade, c’est aussi un remake de Les Sept Mercenaires (plusieurs fois cité dans le fim) avec des gangsters homophobes à la place des mercenaires et les gays à la place des paysans.

Et que dire de la blague sur le film Ben-Hur ?

Conclusion

Film humaniste, La Parade est aussi très drôle avec une galerie de personnages hors normes. L’Intouchables serbe!

+ – très drôle
– les personnages
– humour varié (visuel et oral)
– rythme dynamique
– belle leçon de tolérance
– …
Trophée9/10
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